191 - nids

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On déplace une armoire qui cachait une porte. C’est une chambre supplémentaire, juste à côté de la nôtre, à aménager, pour le bébé.

  • Aujourd’hui, j’ai lu. La Bible en plus. Mais ne t’inquiète pas, c’était des recherches. Sur notre famille. Ta grand-mère Gabrielle, c’est la fille de Aurélie et Noël. Noël, le fils de Aline. Ils ont eu une belle histoire pour donner naissance à Gabrielle. Elle avait des pouvoirs, depuis toute petite. On la disait seule capable de contrer Noëlle, la sœur de Noël, qui elle aussi est devenue une sorcière à l’adolescence. Mais au final, la menace est venue d’ailleurs, avec ma mère, Abigaëlle, conçue avec le lait de Aline dans Sophie, sa belle-fille. Ta grand-mère est ma cousine, germaine ? On est déjà de la même famille, Mary.
  • Peut-être, à un certain degré, et avec beaucoup de magie de l’Invisible. Ce livre est maudit. Dans la B4, quand on cherche quelque-chose, on finit toujours par trouver, autre chose. Paloma, on s’en fout d’être normales. On s’aime et puis c’est tout. Et avec ce bébé, on fera de notre mieux, mais sans lui tracer de destin comme nos ancêtres. Anaëlle aura déjà un choix difficile à gérer, faire partie de l’H5 ou rester dans l’H4.

On part, à l’Ouest, au soleil, au chaud, faire la même chose chez moi. C’est facile, il n’y a qu’à vider la chambre de Antoine. Ensuite on sort, pieds nus. Il n’y a que la route à traverser pour arriver sur le sable de la plage. Elle est belle avec ses lunettes de soleil et son grand chapeau de paille. Elle crie en marchant dans le sable brûlant. On arrive au bord de l’océan pour se rafraîchir.

  • Elle est où ta 43 ?
  • Loin d’ici, on ne la voit même pas. La plage est interminable.

On s’assoit dans cette immensité. Tout près l’une de l’autre. On se tient la main, on se regarde, on se sourit, pas besoin de parler, juste ressentir l’instant, ce moment, ensemble. Je la vois comme au ralenti, comme dans mes souvenirs d’elle la première fois pas loin d’ici. J’espère qu’on va être heureuses le plus longtemps possible, sans avoir à forcer comme je l’ai faite avec Isa. Je ferme les yeux et je me laisse porter par le présent en pleine conscience, sa main dans la mienne, sa tête appuyée sur mon épaule. Un groupe d’enfants passe. L’une d’entre-elle m’interpelle :

  • Miss Lenn !
  • Carlotta ?
  • Vous revenez ? Vous étiez notre institutrice préférée.
  • Non, j’ai d’autres piou piou maintenant, des plus grandes, à l’Est.

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