Nues devant le grand miroir de notre chambre, main dans la main, on se regarde, on prend conscience de notre corps, on sonde notre esprit, on devine notre âme. Et puis on se prend dans les bras, on ressent l’autre, je voyage en elle et elle voyage en moi, avec une autre entre nous deux, la nôtre. Autour de nous le temps s’écoule à une vitesse folle. Le jour se lève. C’est notre façon à nous de dormir ? Toutes debout. Heureusement, après le brunch, on fait la sieste avec du vrai sommeil et parfois un peu de luxure, mais pas tout de temps, je la respecte et je ne veux pas que ça dégénère comme ça l’a toujours fait avec les autres. Ça ne sera jamais le centre de notre relation. Alors je cherche, je lui demande :

• Tu vas au Sylvanium aujourd’hui ?
• Non, il n’y a plus de candidates, personne avec qui faire une autre prépa. C’est cyclique. Il faut attendre un peu avant de recommencer. Ou pas.
• J’ai trouvé plein de jeux de société dans le fumoir. On les teste ?
• Je crois que j’ai fini, de tester et d'apprendre, les formations et le reste, ça va bien un temps mais on ne peut pas tout savoir, on ne doit pas tout savoir, sinon on étouffe.
• Tu fais une dépression Mary. Toute ton énergie est sollicitée dans ton ventre. Je vais te remettre à l’endroit, te rééquilibrer, par un massage. Ça a marché pour moi.
• Où est-ce que tu as appris ça ?
• Hilde, la docteur Mat, la fille du professeur Bang et de Gaby. Elle m’a appris les échecs aussi. Échec et Mat.

Je la masse de bas en haut. Je la sens se remplir à nouveau, respirer. Avoir envie. Se retrouver elle-même. Quelle jolie créature ! J’ai envie de l’embrasser partout. Je tente un petit bisou, dans son intimité. Elle expire et elle écarte les cuisses, comme une invitation à la faire chavirer, encore et encore, pour la laisser détendue de tout son corps sur notre couche souillée. Elle dort. Je recouvre son corps d’une grosse couverture bien chaude et je l’embrasse sur la joue. Je m’éclipse pour m’occuper le corps et l’esprit dans les tâches ménagères. Ranger, sortir m’occuper de la serre, gérer l’énergie du manoir. Rentrer prendre une douche bien chaude et aller m’allonger à côté d’elle en attendant qu’elle se réveille. Je la sens, je la regarde, mon ultime merveille, Little Katioucha Marie-Lenn. On se lève un peu avant la nuit et on passe en cuisine préparer le repas. Ce soir sa grand-mère vient nous voir, avec Énola bien-sûr, la numéro deux du Pôle Nord, celle à qui Greta a donné tous ses pouvoirs, celle qui n’en a rien fait ou le moins possible, en se faisant oublier dans le tumulte du Pôle Sud.