Je fais la planche, je regarde le ciel, vide, jaune. Je me mets en position pour me laisser couler au fond. Rien. Tout va bien. Je remonte à la surface et je m’appuie sur le rebord pour regarder au loin. Avec la courbure de la plage, on ne la voit pas, la 44.

• Mary ! Tu viens ?
• Ché pas nager. Je bronze.

Je sors de la piscine et je vais m’ébrouer près d’elle. Elle crie. Elle se cache derrière son livre, un Megan H. Une histoire d’amour.

• La nôtre ne te suffit pas ?
• Je ne sais pas Paloma, c’est ma première à moi.

Je me baisse pour l’embrasser, encore un peu plus, jusqu’à ce qu’elle lâche son livre. Je le jette discrètement à l’eau mais elle n’est pas dupe, elle se défait de mon étreinte, elle est plus forte que moi, et elle plonge rechercher son livre.

• C’est pas bien Mary, tu préfères les mots à la vérité. Mary ?

Elle est au fond, je plonge la rejoindre. Elle est assise et elle lit. Elle y arrive, avec ses lentilles spéciales. Elle finit sa page, referme le livre et remonte.

• Tu crois qu’on peut rajouter cette épreuve pour la prochaine prépa ?
• Pourquoi pas ? C’est censé être une prépa lettres.
• Il n’y a plus de candidates et Rachelle dit que le quota est atteint. Nos vacances vont être longues.
• Tant mieux. On va pouvoir s’aimer et ne rien faire d’autre.

On sort, on se sèche, mutuellement, on se coiffe, mutuellement, on préparer à manger, un peu de tout, pour l’apéritif avec la Lily family qui arrive. Les filles vont directement dans l’eau, sauf Jules qui reste au bord et qui regarde le livre posé sur le transat. Eli va défier le plongeoir pour impressionner sa belle qui n’en a rien à faire. William s’intéresse au billard dans le fumoir et Lily nous raconte des ragots en nous aidant à installer la table.

• Qu’est ce que tu es belle Mary, on dirait moi quand j’étais jeune. J’ai fais des études de lettres aussi.
• Pas moi, je me suis intéressée au reste plutôt. C’est le principe du Grand Chelem. J’ai gardé le plus facile pour la fin mais je manque de vécu encore pour me mettre à écrire comme Megan Honest. Et je ne veux pas me déformer à la formation technique littéraire ou à étudier les écritures. Juste rester pure et prête à écrire le jour où l’inspiration se présentera, ou non.
• C’est bien, tu ne te mets pas la pression, c’est dans l’esprit de ton ère.