Je nous trouve des robes légères avec des motifs de fleurs et de grands chapeau de paille avec des lunettes de soleil et on rentre en se tenant par la main et en passant par l’intérieur de la ville pour être à l’ombre à travers les parcs. Une jolie petite blonde donne de la salade aux canards de l’étang. On s’approche pour regarder. Elle tourne le visage vers la droite et je la reconnais. Je lâche Jess et je lui demande de rester à l’écart.

• Maëlle. Tu les empoisonnes, c’est ça ?
• Paloma ? Salut.

Elle s’approche pour me faire la bise, j’hésite, puis j’accepte.

• Je suis venue avec…
• Jess, une orpheline de l’Apocalypse, tu l’as adoptée, tu t’en occupes, avec d’autres. Tu es toujours sur le dossier alors ?
• Il y a des missions sur lesquelles on ne peut pas démissionner. Mais je ne suis plus de votre monde, je fais avec les moyens du bord.

On va vers Jess qui regarde les canards plonger la tête dans l’eau.

• Jess, je te présente Maëlle, une cousine, éloignée. Une sorcière, maléfique.
• Enchantée. Tu veux essayer ?
• À être sorcière ?
• Non, juste donner à manger aux oiseaux, pour commencer.
• C’est des oiseaux ?
• Oui, ils volent et ils savent marcher aussi.

Et elles donnent des morceaux de salades aux canards en riant. Il y en a un qui bat des ailes pour sortir de l’eau et s’approcher de Jess. On la laisse découvrir et gérer, elle nous a déjà complètement oubliée.

• Tu as raison, elle est spéciale. Et ta Little aussi, celle qui t’a sauvée. Parce que tu es spéciale aussi Paloma.
• On l’est toutes. Avec plus ou moins de réussite. Avec ou sans l’Invisible. Il n’est plus question de sauver la planète ou l’Humanité. Il est question de nous sauver nous, sauver et être sauvée, de l’Invisible.

Je la laisse sans voix. Elle réalise, elle prend une grande leçon. Elle me sourie et me demande en pensée si elle peut aller jouer avec Jess. Je lui fais un clin d’œil d’approbation. Et Maëlle explique l’animal à Jess et montre que le mâle est beaucoup plus joli que la femelle. Elle la prend par la main pour aller lui montrer les poussins. Je suis un peu inquiète. Mais pour une fois j’ai confiance en Maëlle. Et en moi aussi. Il ne peut rien lui arriver de mal à Jess parce que je suis là pour la protéger, je suis sa maman d’âme.