235 - pleine conscience

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Jess est avec son Édith chez Lily à Laguna City, avec son frère Eli. William est parti du côté de Westech et Julia est à Russell avec Auguste, l’externat va rouvrir mais je ne pense pas qu’elle retourne chez vivre sa mère vu la situation avec Eli. Aux prochaines vacances, on se reverra toutes à la Maison 48 de Laguna Beach, comme avant, si toutefois nous sommes dans l’après. Ici à l’Est, à Sylvania, le temps est plus clément, si j’ose dire. Je m’applique à faire attention aux détails, c’est là que tout se joue. Et je reste dans ma dynamique d’ère avec un agenda vide de projets, tout comme Mary. On ne fait que s’occuper de notre nouvel univers, le Manoir de la Juvinière. Et elle dort beaucoup à mesure que son ventre grossit. Je la masse, je la baigne, je la cajole avec cet instinct maternel qui s’est réveillé en moi depuis que j’ai revue ma belle Jessie qui a mesuré combien également je lui manque aussi. Mais on a nos vies chacune de notre côté avec seulement la chance d’avoir eu nos moments à nous dans cette parenthèse enchantée des vacances à la 48. Voilà désormais quelle est notre définition des vacances. Et on a hâte que les prochaines arrivent. Mais en attendant, j’embrasse Mary en pleine conscience, en essayant de graver dans ma mémoire mon bonheur avec elle, son émerveillement dans mes bras, en faisant fi de l’éternité qui va certainement nous séparer un jour où l’autre alors que moi tout ce que je veux c’est qu’aujourd’hui soit éternel, ce cher présent parfait, sans filtres, sans Philtre non plus et sans intervention de l’Invisible.

  • Je suis jalouse, Paloma. Ton esprit est ailleurs. Avec une autre. Ça se voit à ton regard doux, perdu à l’horizon. Raconte.
  • J’avais jamais eu de fille avant. C’est tellement beau. Tu verras, avec Anaëlle. C’est toi sa vraie mère, pas moi, parce que tu la portes, en toi. Moi, ma mission, c’est de veiller sur vous, votre bonheur, votre bien-être, tout. C’est ça aussi être maman. Il y a plein de manières de l’être. J’ai été parfaite avec mon fils. Mais j’ai la sensation de quand même l’avoir perdu. Les garçons, c’est nul. Vive les filles.
  • Tu l’a sauvée, de sa mélancolie.
  • Elle s’est sauvée toute seule. Je n’ai rien fait, à part l’écouter. Lily l’aurait mieux fait. Mais c’est à moi qu’elle a parlé. En fait, il ne suffit pas juste d’écouter. Il faut aussi être là, présente, tout près. Disponible. Et aller à son rythme.
  • Tu as tout dit. Il faut savoir écouter. Et tu sais écouter. Tu m’écoutes ?
  • Hein ?

Je reçois un coussin sur le visage. Mary et moi, même si on est douées dans ce domaine, ce n’est pas avec des mots qu’on communique.

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