239 - communion
Mary va mieux depuis qu’elle boit mon lait magique. Elle flâne dans le jardin qui se réveille de son printemps. Elle me tend la main.
- Je veux que tu sois à mes côtés dans ces moments magiques et éphémères. Il y a tellement de vie autour de nous. Je veux la garder aussi en moi, le plus longtemps possible, avant de la confier à la Clinique.
- Mon monoplus est éteint. Je suis à ta disposition pour t’assister dans toutes tes activités relaxantes.
- Je me sens bien dans ma tête et dans mon corps et je te veux, toute près.
Bisou, des instants simple, ma main sur son ventre qui réagit, elle rit. Mamie Marielle passe pour une auscultation :
- Tout va mieux. On peut partir sur un ancien protocole. Jusqu’à la moitié de la gestation naturelle. Tu es assez forte pour ça maintenant.
Marielle me prend à part pour me poser des questions.
- Ton lait a un effet dopant particulier mais il n’est pas fécond comme celui de tes ancêtres magiques. De quelle façon s’est passée la fécondation ?
- Traitement générique par injection et Brisim M orienté, un de mes ovules est passé dans son ventre.
- Bien. C’est pour mon rapport. J’ai aussi besoin de connaître toutes celles ou ceux qui ont bu de ton lait et depuis quand. C’est pour faire travailler les épidémiologistes sur autre chose que le virus royal. Juste les noms, ils iront enquêter sur les effets constatés.
- J’ai pas envie de repenser à tout ça. Vois avec l’Octogone, ils me surveillent depuis que je suis sous emprise. Avant ça il y a juste eu Antoine. Après lui, à peu près toutes celles ou ceux de ma couche, je suppose.
Je la suis à sa navette où il y a un labo. Elle fait deux prélèvements, un sur chaque sein, après un massage médical, sans oser croiser son regard avec le mien, concentrée sur ses gestes retenus et contrôlés, sans équivoque. Elle place le tube dans la machine qui analyse et compare, cherche à faire ressortir des courbes mais rien n’apparaît en rouge, tout est normal.
- Ta machine ne détecte pas la magie de l’Invisible. Elle ne s’exprime que dans un autre corps vivant avec un esprit et une âme, pas dans un robot.
Elle ose enfin me regarder. Et je soutiens son regard. Elle se justifie :
- C’est un geste médical et ça reste dans la famille. Elles boivent sur le gauche. Je te propose le droit.
Maintenant qu’on s’est trouvées de bonnes excuses, on peut se détendre et apprécier le moment, tout en douceur. Après la confession, la communion.
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