Trace originelle

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Trace originelle

   Cette scène qui nous est offerte dans le genre d’un privilège tient sa densité d’une trace originelle. Comme si, veilleurs d’aube, cette caravane venait à nous dans un matin initial que nulle souillure n’aurait pu atteindre. Hors limite. Dans le plein d’une vérité. Le désert ne triche pas. Pas plus que les immenses steppes de Mongolie, la dalle des plateaux andins, les cimes du Karakoram, la calotte glaciaire des pôles. Toujours les lieux d’exception, domaines de l’unique, du ciel, du sable, de l’herbe, du rocher, de la glace, sont les déclinaisons des plus hautes vertus au pied desquelles tout homme ressent intensément sa condition mortelle tout en s’y arrachant. Simple question de dialectique : l’immense appelle toujours l’inaperçu, le modeste, le discret. Présence infinie du monde jouant en écho avec notre présence finie, bornée, marquée au fer de la contingence. Dépliement de la transcendance occultant la pure immanence de l’être de chair et de corruption. De cet affrontement naît le tragique. De cet affrontement naît la beauté.

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