Chair du réel
Chair du réel
La nuit a été froide dans le bivouac cloué sur la dalle de sable. Corps roidis qu’un thé brûlant a bien du mal à réveiller, à ramener sur la rive du jour. On étire ses membres qui craquent. On déplisse ses paupières. On fait quelques pas pour retrouver la chair du réel. Le réel est ce qu’on touche. Tout le reste n’est qu’image, illusion, pure affabulation. Pour cette raison on palpe son corps. On éprouve le rugueux des vergetures du sable. On pousse du pied la dernière braise nocturne. On lustre ses yeux afin d’y enclore toute la verticalité possible. Autrement dit toute l’exactitude qui, ici, ouvre son domaine. Le haut du ciel est une floculation noire qui flotte au plus haut. Là-bas, au loin, la crête des dunes s’ourle de gris profond, une bande plus claire d’air vient s’y poser tel l’oiseau sur la branche. Teinte à peine visible devenue métaphore de calme, de paix.
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