Feu de la nécessité
Feu de la nécessité
Au pied de l’isthme de sable, quelques nomades sur leurs montures, ligne furtive qui glisse vers l’horizon et se confond avec lui. Seul ce geste pudique convient à la sérénité du lieu. Puis une grande flaque d’eau argentée. N’est-elle le miroir où les consciences, nécessairement s’abreuvent dans le long voyage vers l’inconnu ? Vers quel destin s’évanouissent ces hommes ? Vers les Salines de Dkhila, ces mers intérieures ? Vers le grand marché de Mopti au bord du fleuve Niger ? Vers le puits de M’Hamid El Ghizlane, au milieu du chaos de pierres ? C’est si étrange un destin de nomades, si poinçonné au feu de la nécessité. Marcher d’interminables heures pour ne rencontrer que d’étiques provendes, des troupeaux harassés, une eau saumâtre qui brûle le gosier. Là est la vérité nue. On ne peut plus reculer. On ne peut plus prendre de prétextes fallacieux. Là on est face à soi, dans l’en-soi le plus aride, celui qui n’autorise nulle fuite. Là est l’absolu dans sa concrétude. Il n’y a plus de jeu au gré duquel se dispenser d’exister. Vivre est une dette dont il faut s’acquitter jusqu’au bout.
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