Cobeau,

Tes mots sont une flèche qui bouscule mes pensées.

Hélas, je broie à nouveau du noir. Le doute revient à grand pas, mon ami. La patience combat l'impatience avec hargne, je ne sais laquelle des deux vaincra. Je suis en proie à mon éternel dilemme: suis-je un bon ou un mauvais auteur ?

Je n'ai de cesse de plonger la tête dans mes mains, détruisant ma confiance avec des mots vulgaires. Je me frappe avec. Je m'abîme et deviens un fou en cage. Je n'ai plus que la solitude comme partenaire. Je ne veux plus qu'elle.

Je souhaite en secret qu'elle m'enveloppe dans ses bras et qu'elle me porte vers l'imaginaire que j'ai laisser au bord d'un précipice, il y a de ça, un mois. Peut-être deux... Je me perds encore... Toujours. Cette bataille de l'esprit et de la réalité ne semble pas prête à me laisser en paix. Je veux la tabasser, tellement elle m'horripile. As-tu déjà ressenti cette panique qui te croque morceau par morceau ?

J'ai envie de tout casser, tout briser en mille milliard de... Je n'en sais rien. Je ne sais plus grand chose que cette peur de l'échec. Il rit toujours de moi et de mes lacunes.

Fichues lacunes, si je pouvais les maîtriser, serais-je moins oppressé ?

Le stress m'incombe et détruit mon pelage. Je me gratte jusqu'au sang. Je suis dramatique. Mes corrections et l'attente, me font perdre la raison. Et j'ai bien tenté de me cogner fort la tête contre le bureau de ma chambre, sans résultat. Je déraisonne toujours. Le gèle réinvestit mon corps, je suis frigorifié...

Je te dis la vérité à toi, je suis terrorisé par l'échec. Une terreur que tu ne pourrais imaginer tellement elle est violente... Effrayante. Elle me suit jusque dans mes rêves et les change en cauchemar. Mes journées et mon éveil ne lui suffisent plus.

Corbeau, que ferais-tu à ma place ? T'es-tu déjà senti faible, au point de ne plus sortir de ton lit ?

J'ai peur de la transparence... Peur que l'on ne voit pas mes lignes... Peur qu'elles soient insignifiantes. Juste bonnes pour les cochons. Bien que j'en connaisse des vertueux et de bonne compagnie.

Tu m'envoies navrer. Je me plains encore à toi comme un enfant qui s'est fait battre les joue par des voyous. Pourrais-je, un jour, retenir tes leçons de sagesses ?

Je me souviens de tes lignes : il ne faut attendre nul retour des autres. Faire par soit même. Le, puis-je ? Encore combien de temps avant que je sombre entièrement ?

Tu m'as demandé comment je travaillais. En général, dans le calme, devant un brouillon de plan. Les idées ne quittent pas mon esprit comme enracinées. J'écris en l'espace de deux semaines à un mois un texte de 20 000 à 50 000 mots, en une journée une courte nouvelle, en 8 mois une correction détaillé (avec contribution du lecteur), puis j'envoie lorsque j'ai la sensation que s'est bon. Evidemment, mes premiers textes, je les ai limite jetés au visage des éditions. Des torchons qui me crient : et tu te dis auteur ! Comment as-tu pu m'envoyer dans cet état ?

Désormais, je prends le temps, jusqu'à ne plus oser envoyer quoi que ce soit. ( simplement des nouvelles courtes. Mais les romans, ils restent en peaufinage).

Encore hier, j'ai reçu une lettre de refus pour un texte déjà édité. Risible, mais vrai : selon eux, il est catastrophique malgré un attachement à mon style qui, ont-ils dit à du potentiel.
Que dois-je penser de la maison d'édition qui a édité mon torchon ? Qui a raison ? Ceux qui ont su me donner une explication ou ceux qui semblent m'éviter ?

Qu'est-ce que je vaux ? Seul moi le sais, c'est ce que tu me diras ?

Je suis perplexe... Je doute, doute, doute.

Attendre. Voir ce que me réserve l'année 2019 ?

Je tremble comme dans les entrailles d'une foret macabre.

Bien à toi.

Le Chat.