Lettre 9

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Cher Corbeau,

Vous me prenez un peu au dépourvu avec ce flot de questions, mais si cela est pour nous entraider, alors je veux bien m'y plier.

Je travaille assis sur une chaise devant un bureau mal rangé. S'éparpilles à ma droite quelques livres qui m'inspirent, à ma gauche, des papiers de biscuits et des cahiers de brouillon ( dont je suis le seul à comprendre la gestion des mots, mit dans tous les sens. ). J'écris dans une atmosphère calme ou en musique (vient s'ajouter aux scènes, des symphonies flottant dans l'air). Les idées s'imposent d'elles-mêmes. Je pense à un sujet quelconque et j'imagine en faire une histoire. Parfois, lorsque je stagne, une d'entre elles me bouscule et alors je commence à y songer plus que je ne devrais. Ainsi, se dessine une trame dans mon esprit. Elle gamberge quelques heures, une petite semaine, puis, je commence à la griffonner sur un cahier de brouillon. Les grandes lignes se dégagent. Je pose un début, une fin ( qui parfois change dans le feu de l'action ). C'est l'histoire qui finit par prendre le contrôle, moi, je ne suis plus qu'un outil qui se fait malmener.

Pour un one-shot, je ne mets jamais plus d'un mois pour sortir le premier jet ( environ 40 000 à 50 000 mots/ Une journée pour une petite nouvelle de 2000 à 5000 mots). Je débute l'écriture lorsque je sens l'histoire me parler, lorsqu'elle a envie de s'épanouir, qu'elle peut avoir du potentiel et offrir un sentiment à un lecteur. Si elle me touche, je sais que je la poursuivrais. En suivant cette ligne de conduite personnelle, je remarque la maturité de mes histoires.

Les sujets deviennent divers, tout comme les genres. Je me sens prêt à tester d'autres genres et à me défier. Maintenant que je connais mon mécanisme d'écriture, je suis comme un automate.

Bon, certains textes sont plus laborieux que d'autres. Par exemple, la saga Roi de sang, Roi de neige me demande beaucoup plus d'imagination et de savoir faire que la romance Pendu à tes lèvres. Parfois, je me sens éprouvé physiquement. Je me demande si j'arriverai à la terminer. J'avance doucement, même si je n'écris plus que quelques paragraphes par jour. Déjà, connaître le déroulement de la fin et les personnages qui s'alignent dans le dernier tome est une bonne chose. Savoir ce qu'on écrit et ce que l'on va écrire peut aider !

 J'imagine que j'ai un style bien à moi. Je pense que les lecteurs savent en me lisant que c'est NocMyst ( sans prendre la grosse tête.). Chacun aun quelque chose, une marque, des mots ou des figures de styles souvent employés d'une histoire à une autre. Niveau genre, j'adore le réalisme magique et ai tenté de l'intégrer dans l'amant fait d'écume ( revisite de la petite sirène ), dans Pendu à tes lèvres ( où l'un des protag se change en merle), ou encore dans un texte qui dort : Un voyage pour toi... Et moi ( l'histoire d'un soixantenaire qui a l'âme de son amant dans la tête. ). J'écris plus de fantaisie parce que je réalise quelques revisites de texte ( l'amant fait d'écume - sous contrat- , La tour de l'oubli - sous contrat aussi - ou le petit nouveau : les chaussons du cordonnier - dans lequel je mets toutes mes chances, afin de toucher le comité de lecture de Magic mirror). Oui, j'ai terriblement envie d'être publié par cette ME. Peut-être pour me prouver que je ne suis pas illégitime dans le domaine de l'écriture. Et aussi, parce que je rêverais qu'une de mes couvertures soit signée, Mina. M.

Je garde toujours quelques notes d'onirisme à installer entre les lignes. J'apprécie écrire des textes d'introspections, tout en y ajoutant dialogues et reliefs. J'ai un problème avec l'action. Je pense que cela se ressent. Je n'arrive pas à la modeler comme je veux. Elle me résiste, malgré mon désir de la soumettre !

Ce qui me fait vibrer ? Je marche sur le mont littérature, avant tous pour me prouver que je suis capable de tout. J'ai toujours été un élève moyen. Trop moyen. Personne ne me voyer batailler contre les mots, contre mon envie de montrer que j'en valais le coup. Je pense que j'écris avant tout parce que j'ai un problème de confiance en moi. Je passe mon temps à me dévaloriser et mes textes avec moi. En étant publié, en pouvant vivre de l'écriture, je me prouverai que j'ai la force et la tenacité pour lever la tête et marcher sans courber le dos. Mes espoirs restent ceux de beaucoup d'entre nous. Vivre de ses récits. (compliqué, n'est-ce pas ?). À force de regarder la noirceur de la société, j'ai érigé en moi l'envie de rêver.

Si je rêve fort, je parviendrais peut-être à réaliser mes projets. De l'audace, m'a-t-on confié, il y a un moment. Alors, soyons audacieux, cher Corbeau ! Il y en a marre de courber l'échine !

La motivation... Ah ! Celle-là. Elle vient, elle part. C'est un oiseau voyageur qui me rend zinzin. La déprime teinte souvent mes pas. Mais je pense qu'il faut apprendre à se leurrer pour avancer (même si c'est dangereux). J'ai un journal dans lequel il m'arrive d'écrire des aberrations. J'en prends un passage : " 2023, je suis aux portes de la gloire. Mon texte a fait sensation. La critique est bonne, indulgente sur certains points. Le public visé a adoré. Je me vois déjà en train de parlementer avec un cinéaste. Je me sens bien, prêt à écrire une centaine de romans. ". Cela paraît très mégalo, mais ça fait du bien d'y croire pendant quelques instants. C'est un peu comme recevoir un commentaire. ça donne un coup de fouet au tonus.

Pour votre dernière question maître, je vais y répondre avec sincérité, comme je l'ai fait jusque là.

J'ai abandonné bien des rêves et des envies pour me consacrer aux lignes. J'ai accepté la critique, la douleur (quelle qu'elle soit), la virulence de mes proches qui me répétaient que je n'avais pas le potentiel pour vivre de mes textes ou ceux qui me poussaient à ralentir la cadence pour acquérir des feuilles de paye. Je l'ai fait parce que dans ce monde, à cette heure, je ne pense qu'à une chose, écrire.

C'est devenu vital. Une dépendence ne ferait pas pire.

Que suis-je si je n'ai plus ces mots qui dégoulinent en moi, qui parsèment mon sommeil de lignes fleuries ? Je suis possédée par elle. Je m'en rendrais aveugle. Je le sais bien.

C'est elle qui m'achévera.

Elle, a qui je donnerai ma vie.

Je ne désir plus qu'elle et son corps tendu sur le mien.

C'est facheux, car je m'isole.

Jour après jour, j'étale les mots qui formeront un texte... Un qui parviendra à toucher, à trouver un public, à trouver la lumière...

Je suis un peu fou. Un Chat fou... Je l'admets mon avenir est entre ses mains.

Et vous ? Comment la gérez-vous ? Elle et la vie dans le réel...

PS : j'ai lu la moitié...

Bien à vous, votre ami et élève, NocMyst.

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