Bruxelles, gare centrale. Jeudi. (1/2)

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Le chien est, comme à l’accoutumée, le premier levé.

Son maître émerge difficilement, il n’a pas très bien dormi. Non pas que les bruits de la rue et de la ville l’ aient dérangé, au fil des ans il s’y est accoutumé. Mais toute la nuit, il n’a pu s’empêcher de penser à la petite brune et à l’ange blond. Elles l’ont hanté sans répit, allant jusqu’à s’introduire dans ses rêves, réveillant son corps fatigué. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus ressenti dans sa chair pareille évidence.

Tout en rangeant ses cartons, il tire une fermeture éclair et fouille cette poche qu’il n’ouvre pour ainsi dire jamais.

Ses doigts caressent la chevalière qui y sommeille depuis si longtemps.

Plus d’une fois, il a failli la revendre, espérant en tirer quelques billets pour s’offrir quelques jours, quelques semaines d’un confort qu’il pensait mériter. Aujourd’hui, il se réjouit de ne pas avoir cédé à la tentation.

Il sait qu’il lui faut la ressortir, qu’il lui faut accomplir sa tâche.

Il n’ose enfiler le bijou. Mais il a le temps et décide de le laisser bien au chaud dans sa veste élimée.

C’est avec plus d’une demi-heure d’avance qu’il s’assied sur ses marches. Il ne veut pas la rater, si tel était le cas il ne parviendrait pas à dormir et si par malheur elle prenait son vendredi, il passerait d’ici lundi les quatre nuits les plus longues de sa vie. Et puis … s’il lui arrivait quelque chose, si elle venait à changer de job, si elle venait à déménager … à ne plus passer. Il ne veut prendre aucun risque, sa mission passe avant tout.

Il se saisit de la bague. La contemple. Veut la passer à son doigt.

Zut ! Elle lui échappe et … oh non ! Elle roule dans la grille du puisard au bas de l’escalier! Il enrage. L’espace entre les barreaux métalliques était à peine suffisant pour laisser passer l’objet et il a fallu que … fébrile, il tente de passer ses doigts mais ceux-ci sont bien trop épais. Il panique, cherche un objet qui lui permette de récupérer la chevalière qui quelques centimètres à peine sous la grille, le nargue d’un éclat brillant. Il demande un bic aux passants qui s’écartent, effrayés par ce clochard aux yeux subitement devenus fous.
Il se met à genoux, passe en force son petit doigt dans la grille, mais il est trop court d’à peine un centimètre. Il tente de retirer son auriculaire coincé, tire, tire encore et s’arrache la peau en extrayant in extrémis ses trois phalanges. C’est à ce moment qu’il la voit. Enfin, qu’il voit ses pieds sous son nez. Il relève la tête, elle lui sourit tendrement.

— Mais qu’est-ce que vous cherchez comme ça ?

Il lui répond qu’il cherche l’amour, ça la fait rire.

— Tout le monde cherche l’amour mon bon monsieur. Mais je doute que vous le trouviez dans le sterput.

Il maugrée quelque chose d’incompréhensible tandis qu’elle se propose de l’aider. Quand elle se penche et glisse ses doigts délicats dans la grille, il ne peut s’empêcher d’admirer sa nuque au-dessus de laquelle prend racine sa courte chevelure brune.
Elle pousse un petit cri de victoire et soulève sa main.

— Aïe !

Elle lâche la chevalière au moment où elle l’avait à peine extraite, celle-ci roule sur le carrelage du hall de gare. Elle la ramasse et la lui tend.

— Ça pique votre truc !

Une petite goutte de sang perle au bout de son index.

— Vous êtes chasseur ?

— Heu … merci … non, pourquoi ?

— Votre bague, le motif … c’est un arc non ?

Il confirme mais nie tout lien avec la chasse, passe la chevalière à son doigt.

— Vraiment, merci. Mais … heu … maintenant faut que vous m'disiez vot’ petit nom, M’dame …

— C’est Julie.

Il piétine sur place et devant son air interrogateur, ajoute :

— Nic. Moi c’est Nic.

— Eh bien enchantée Nic ! Bonne journée, peut-être à demain.

Et dans un souffle, elle disparait.

A suivre (eh oui, elle me plait ma petite histoire :-) )

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