sortir de l'eau

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Après avoir fait la planche pendant plusieurs minutes et ignoré les appels répétés de Béatrice, je me rends compte que j’ai faim. Il faut dire que j’étais tellement pressée d’arriver que j’ai sauté le repas de midi. Pour ne rien arranger, mon pot-de-colle m’a mis l’eau à la bouche avec son histoire de homard. À la réflexion, je me dis que mon best-seller peut bien attendre un jour de plus et qu’il y a certainement plein de bons micro-nutriments dans le homard. Par exemple de l’iode. C’est très mauvais, la déficience en iode. Décidemment, je n’écrirai rien de bon si j’ai un goître.

Résolue à affronter Béatrice et ses sbires, je nage en direction du rivage en repensant à tous les trucs que j’ai pris pour « si jamais ». Il doit y avoir une robe et une paire de talons, peut-être même un collier en argent et mes créoles préférées. De quoi ne pas trop détonner dans le luxueux décor de leur restaurant étoilé.

À ma grande surprise, quand je sors de l’eau, mon pot-de-colle n’est pas au rendez-vous. Je marche lentement en direction des douches pour lui laisser le temps de me rattraper, mais rien. Silence. Je me retourne pour constater que, bien que la terrasse de la buvette soit encore animée, la table où les quatre comparses étaient installés est vide. Ils ont finalement dû se lasser, ou ils ont changé d’avis. De toute façon, je n’ai pas le temps. J’ai une histoire à écrire et une délicieuse boîte de sardines à l’huile avec du pain au levain bio à déguster. En plus, les repas interminables dans des restos guindés, ça me saoule. Ils n’ont qu’à s’ennuyer sans moi.

Après une douche rapide, j’enfile donc un short et un débardeur. Sur une assiette, je mets quelques tranches de pain, une carotte, deux tomates et ma boîte de sardines millésimées qui n’ont certainement rien à envier à leur homard breton !

Je m’installe avec mon festin et mon ordi sur la vieille table en bois – un peu gondolée, mais solide - qui trône devant la caravane, retourne chercher du sel et un économe pour éplucher ma carotte quand...

  • Caroline ! Youhou ! Caroline ! C’est nous ! Où es-tu ?

Quand je me retourne, ils sont là avec deux énormes paniers. Pointant la table, Béatrice annonce :

  • On va se mettre ici. Comme c’est bucolique ! Quelle aventure, ahah !

Ni une, ni deux, les comparses s’exécutent. Tom débarrasse mes affaires tandis que leur nouvel ami - celui qui dort dans la suite royale - dresse le couvert. Nappe, assiettes, verres… En moins d’une minute, la planche gondolée est métamorphosée en table de palace. Fascinée, je regarde le mec s’affairer avec une efficacité redoutable, couronnant son œuvre de deux chandeliers qu’il allume dans la foulée avec un briquet sorti, comme par magie, de sa poche. Avant que je n’aie même eu le temps de dire bonjour, les bougies se reflètent dans l’argenterie et les verres à vin. Prodigieux.

Au même moment, un bruit de bouchon retentit. C’est Tom : il nous sert le champagne. De son côté, la copine de Béatrice range discrètement (et sans faire de commentaire) ma boîte de sardines au frigo.

  • Merveilleux ! Tu nous as mis une ambiance féérique, James ! Allez, à nous tous ! Caroline, viens que je te présente !

La soirée s’annonce finalement intéressante. Mon best-seller attendra demain.

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