L'enlèvement

2 minutes de lecture

Malo cherche ses clefs de voiture, dans la pénombre sale du parking. Il tâtonne les poches de son manteau, râle, fouille dans celles de son pantalon, puis se souvient qu’il les a glissées dans sa sacoche, plus tôt. Alors il l’ouvre, plonge la main dedans, et se fait méchamment empoigner ; une ombre, rapide, solide, jaillit du flanc d’un SUV pour se jeter sur lui.

La sacoche tombe sous l’impact, la respiration de Malo se bloque, et une deuxième ombre accourt. La lutte est désordonnée ; Malo tente de donner des coups de coude, de poings, de genoux – il essaie même d’écraser les pieds de ses assaillants, sans succès. Ils sont vifs, les deux types, massifs, aussi, et ils ne peinent guère à le maîtriser.

Des pas claquent derrière eux. Malo se tend, le cœur cogneur, puis se débat plus furieusement. Il hurle, aussi, mais est très vite coupé par un chiffon plâtré contre son nez et sa bouche. Ses plaintes sont avalées par le tissu rêche.

Une odeur sucrée, familière, taquine ses narines. Paniqué, il retient sa respiration – mais trop tard, il a déjà suffisamment inhalé pour quitter cette réalité.


*


— Tenez-le, tenez-le ! grince Léo entre ses dents, la main toujours solidement plaquée contre la tronche de Malo.

Ben – à droite – et Albert – à gauche – s’échangent des regards confus, puis finissent par se coordonner, Albert laissant le poids de Malo se répartir du côté de Ben. Léo décolle le chiffon, le fourre dans la poche de sa veste, et s’accroupit pour attraper les pieds de leur otage, inconscient, tandis qu’Albert déverrouille le SUV.

Coup d’œil à gauche – personne – puis à droite – absolument désert – avant d’enfourner Malo dans le coffre. Albert s’écrase ensuite sur la banquette arrière, Léo grimpe à l’avant côté passager, Ben saute derrière le volant et démarre en trombe.

Ils quittent le parking souterrain, naviguent dans le soir tombant. Autour d’eux, le calme, lisse, plat, accompagne leur course. Ben conduit bien, Albert frétille légèrement sur sa banquette, galvanisé par le rapt réussi.

— C’est dans la poche, boss ! jubile-t-il.

— Nan, ça c’était la phase 1, le rembarre Léo, concentré. Ça, c’était facile.

— Oui, mais c’est bon : on l’a. On va pouvoir…

— Pouvoir quoi ? Tu crois quoi, Albert ? Que ça va nous tomber tout cuit dans la gueule ?

— Non, mais, justement…

— Qu’on va obtenir ce qu’on veut après un coup de fil et une paire de claques ? Je te rappelle qu’on bosse pour nous, là. On peut pas se permettre de foirer, alors redescends un peu sur terre, et reste concentré.

Albert se renfrogne dans son siège.

Dehors, les lampadaires défilent, grésillant dans le bleu qui s’assombrit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Didi Drews ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0