Perdu dans la Savane
Je me réveille sous un soleil de plomb et dans un quasi-désert végétal. Quelques arbres rabougris et à moitié brûlés opposent leur maigre silhouette aux rayons pour quelques centimètres carrés d’ombre. A l’horizon, l’air surchauffé trouble la vue. Pas un nuage, pas un souffle de vent.
J’ignore où je suis, perdu et hagard, du sable plein la bouche. C’est plus fin que du sable, d’ailleurs. Une fine poussière ocre et légère qui s’insinue partout au moindre geste. Mon visage en est couvert, j’ai l’impression d’avoir un masque sur la peau, cassant et râpeux comme de la toile émeri. J’ai la peau brûlée et les membres douloureux.
Que m’est-il arrivé ? Où suis-je ? A peine levé, j’ai la sensation que mes jambes se dérobent et que je vais tomber du haut d’une falaise. J’ai la tête qui tourne, des nausées, de la fièvre peut-être. Je ne me souviens de rien. Panique à peine contrôlée, à peine maîtrisée.
Je respire profondément puis je me dis qu’il serait idiot de me laisser envahir par la peur. Depuis le temps que je baroude partout dans le monde, ce serait bien la première fois que je ne saurais pas me débrouiller tout seul. D’instinct, je fouille dans les poches de ma chemise. Rien. Moins encore dans celles de mon pantalon. Habituellement, je ne pars jamais sans le minimum syndical...
Un coup d’œil autour de moi ne fait que rajouter au sentiment de malaise qui s’installe malgré moi. Il est temps de comprendre où je me trouve. Mais j'ai beau scruter en tout sens, je ne découvre qu’une immense plaine aride, parsemée de quelques bosquets rachitiques. Et partout cette poussière rougeâtre. Pas une route, pas même une piste. J’observe de plus près la végétation autour de moi. Constat rapidement fait puisqu’il se résume à quelques herbes sèches et deux ou trois bruissons d’épineux.
Je lève les yeux au ciel ; le soleil est presque au zénith. La journée est donc passablement entamée et je sais, par expérience, que je n’ai déjà presque plus assez de temps pour me préparer à passer une nuit dont je sais déjà qu’elle sera pleine de dangers. Le décor ressemble à une savane africaine. J’aurais préféré un désert américain, mexicain à la limite parce que j’aurais pu trouver des cactus pour boire un peu.
Par expérience, je sais que je dois établir une liste de priorités de choses à faire avant la tombée de la nuit. Entre soif et besoin de me confectionner un abri, je me dis que je pourrais toujours chercher les raisons de ma présence içi plus tard. Simple question de survie. Si je tiens compte de mes poches vides, de la légèreté de ma chemise et du froid inévitable qui suivra la canicule actuelle, il me paraît vital de me préparer un abri et de quoi faire du feu. C'est essentiel parce qu'il y aura forcément quelques prédateurs en quête de chair fraîche et, si je suis bien sur le continent africain, je dois m’attendre à rencontrer quelques félins, quelques charognards et autres réjouissances du genre.
Je cherche du regard un endroit propice mais, aussi loin que portent mes yeux, je ne vois qu’une plaine immense sans la moindre aspérité à des kilomètres à la ronde.
Bien… je sais ce qu’il me reste à faire.
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