Chapitre 6
Mon ami renifle et répond d'une petit voix :
-Non...merci.
Il pleure. C'est pour ça qu'il disait rien.
Bon. Moi ça me gênerais qu'on me le fasse remarquer. Alors je me tais.
Faut que je m'endorme vite.
Mais mon ventre et mon cœur se tordent dans tous les sens. C'est génant. J'y arriverais pas. J'arriverais pas à dormir si je l'entends pleurnicher toute la nuit !
Je soupire et me tourne face à lui. Dans la pénombre j'arrive à distinguer ses mains. Comme je le regarde, il tente de vite faire disparaître ses larmes.
Allez Damian, courage. Son père lui manque, fait un effort.
Je prend doucement une de ses mains et la dépose sur le matelas. Je chuchote en posant la mienne sur la sienne :
-T'inquiètes pas, ça va aller...
Ses yeux brillants s'ancrent dans les miens. Je rougis, mais heureusement la nuit cache la couleur de mes joues. Il a l'air très étonné alors je grogne, honteux :
-Quoi ?
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Il murmure en fermant les yeux :
-Non, rien...
Je l'imite en m'insultant intérieurement. Il a fallut que je dise oui...
Le lendemain je me réveille en grognant. Oui encore ! Mais ce gosse est entrain de me baver sur le t-shirt ! Je le pousse en l'engueulant :
-Mais Jon, barre toi !!
L'idiot et son filet de bave sur mon épaule, baragouine un truc :
-Quoignia... ?
-Je t'ai dis de te barrer ! Tu me bave dessus !
Jon se redresse en riant :
-Hahaa désolé !
Il s'assoie et retrouve son sourire d'idiot.
Le petit bébé aux abois d'hier soir a de nouveau disparut. Tu porte un masque qui m'énerve Jon.
Je me lève et commence à rassembler mes affaires. Mon ami s'assoie au bord du lit et me demande en me regardant faire :
-Tu fais quoi ?
-Je me prépare. J'ai entraînement aujourd'hui.
-Tu le fais toujours au même endroit?
-Oui. A la caserne de mon père.
-Tu y fais quoi exactement?
-C'est un espèce d'apprentissage intensif pour ceux qui prévois de rejoindre l'armée de terre.
-Tu vas faire l'armée ? Ça te vas tellement pas de répondre au ordres !
Hin. Et ça le fait rire...
Non j'ai aucune envie d'y aller. Mais je veux être fort. Je veux égaler voir dépasser mon père. C'est comme ça.
Mon ami demande d'une voix plus petite :
-Tu reviens quand ?
-Ce soir. Vers 20h je pense.
-Ok...
Je me tourne vers lui car sa voix se fait de plus en plus discrète. Il a la tête baissée. Sans une once de sourire il rajoute :
-J'aurais aimé passer du temps avec toi...
Pourquoi ça me touche à ce point de le voir comme ça.
Je l'ignore et finit de mettre mes bottes. Mais quand je me redresse, son air de chien battu fait fondre ma détermination. Je souffle une insulte pour moi même et me dirige vers lui. Je me penche en avant et soulève ses cheveux qui me gênent. Une fois que je peux le regarder droit dans les yeux, je dis en essayant de garder mon charisme naturel :
-Si tu veux on ira faire un tour de moto tous les deux quand je rentre.
Ses joues se tintent à peine de rouges. Mais il demande quand même :
-Je croyais que tu devais attendre tes 18 ans pour la conduire ?
-Ouais bah 14, 18, c'est pas si éloigné si on le met à l'échelle de toute la vie. De toute façon je sais déjà conduire. Faudra juste sortir discrètement ok ?
Sûrement amusé de faire des bêtises, il me fait un grand sourire et répond :
-Ok ça me va !
Je lâche ses cheveux, me relève et lui dis en jetant mon sac sur mon épaule :
-Fais ce que tu veux aujourd'hui. Ah et comme d'habitude, Alfred est à ta disposition si tu as faim.
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