Sikheõ va donc se poster contre le mur de la battisse de l'aile Ouest et commence à compter. Cybi le rejoint en me lançant un regard sombre. Le pauvre, je le laisse en galère avec le malade mental ! Je le remercie silencieusement et me tourne vers Jon.

Je sais où on doit aller !

Je lui prend le poignée et l'entraîne dans le jardin en disant :

-Viens ! J'ai une super cachette !

-Laquelle ??

-Celle que tu n'as jamais su trouver quand on jouait avant !

-Ah ! Enfin je vais la voir hihii !

Nous zigzaguons entre les plantes et les buissons jusqu'à ma cachette parfaite. Là, personne ne nous trouvera !
Après un parterre de fleurs, et un nouveau buisson, nous arrivons à destination. Une petite grotte toute en hauteur, où on peut à peine passer en étant face au tunnel. Je me met contre une des parois et lui dit en parlant à voix basse :

-Il faut qu'on se mette face à face, dos au mur, sinon on rentrera pas.

-Ah, ok !

-D'habitude je me cache seul, et puis je le faisait quand j'étais petit aussi...

-Plus petit que ça tu veux dire ??

-Putain je vais te tuer...

Mon ami rit et se place face à moi. On est plus collé que prévu... Ma poitrine nue touche presque la sienne.
J'aurais peut être pas dû venir ici.
Inconnsciemment, je lève la tête pour regarde Jon. Mon ami observe les alentours d'un œil attentif. Mais il remarque mon regard sur lui. Sans détourner les yeux je l'écoute me dire :

-Tu sais que tu as grandit ?

Je tique et me braque :

-Tu te fou encore de moi ?!

-Non je te jure ! Avant tu m'arrivais à la bouche et là tu es au dessus de mon nez !

C'est vrai...

Il me sourit encore et encore. Moi je bois son image apaisante sans rien dire.

Ça fait quand même deux ans...
Ça fait deux ans que je ne l'ai pas vu.
Deux ans sans ce sourire revigorant.
Deux ans sans un « Damiaaan ! ».
Deux ans sans avoir l'impression d'être important aux yeux de quelqu'un.

En fait...oui, il m'avait manqué.

Ca me fait tellement de bien de le voir.

Je sens un flot d'émotions m'envahirent malgré moi.

Les yeux rouges, j'ancre mon regard dans celui de Jon. Mais il semble inquiet. Il me demande en me prenant une épaule :

-Damian ça va ?

Je...crois que...j'aimerais qu'il me prenne dans ses bras. Juste une fois. Pour être sûr à cent pour cent qu'il est vraiment là.
Et puis...nous sommes seul. Personne ne saura que j'ai craqué et que j'ai paru faible aux yeux de quelqu'un.

Mon corps tremble presque. Mes jambes sont molles. Je me sens si fébrile. Mon ventre se tord et mon cœur s'emballe. J'ai...j'ai besoin de ça...juste un léger contact humain. De chaleur. D'amour pure, sans arrière pensées.

La petite voix de Jon se fait encore entendre, plus basse :

-Damian ?

Mon cœur prend le dessus sur mon caractère, et je m'effondre sur l'épaule de mon ami. J'entoure sa taille de mes bras et enfoui mon visage dans son cou, sans un mot.
Sa peau est ferme, chaude. Elle sent la piscine.

Je ferme les yeux sans y penser.

Il faut quelques secondes à Jon pour répondre à mon étreinte. C'est qu'il doit être très surpris...

Quand enfin je le sens contre moi, Sa chaleur, son odeur, sa peau, sa voix couvrant le silence au dehors,...
Je n'avais jamais ressentit tant de bien être et de désir. Un désir, une envie, une soif intarissable d'un contact avec une peau étrangère à la mienne.
Je voudrais juste rester là mille an de plus.
Je resserre encore mes membres autour de sa taille. Soudain il chuchote :

-Je suis désolé pour ces deux ans sans nouvelles. Mon père voulait rien lâché...

Il a compris... Je le serre encore, presque inconsciemment. Il rajoute d'une voix cassée :

-Tu...tu m'as tellement manqué Damian !

Je rougis et laisse échapper une larme.

Mais !

Non, je peux pas me mettre à chialer aussi !

Je plisse fort mes yeux et réussi à contrôler mes pleurs. Mais un bruit me fait me redresser.

Quelqu'un approche...