Le jour se lève.

Est ce que c'est raisonnable de rester là ? Tout le monde va se réveiller, et si ce n'est pas Alfred, c'est Sikheõ qui déboulera dans ma chambre pour me réveiller. Et quand ils sauront que je suis en fait dans celle de Jon, ça va jaser.

Je soupire. Je n'ai pas envie de partir. Je suis bien là. La main dans les cheveux en bataille de mon « ami », l'autre dans son dos. Sa respiration dans mon cou. Son cœur contre ma poitrine...

Je referme les yeux un instant.

Mais Jon lâche un long soupire et étire son corps tout en restant contre moi. Je souris, comme un idiot et le regarde se relever. Une fois en tailleur, il me dit en se frottant les yeux :

-Mmmh...t'as dormi un peu au moins ?

Encore un peu dans mon euphorie, je l'imite et lui répond :

-Bof, dormir c'est pour les faibles !

-Hé !

Je ris à sa mine renfrognée et ne peut m'empêcher de m'approcher de ce corps que je commence à peine à connaître.

Assis à genoux, les fesses sur le matelas, je me penche le plus possible pour avoir mon visage près du sien. Il rougit un peu et se triture les doigts sans me regarder. Je souris, attendrit par sa gêne. Mais je dois lui annoncer la mauvaise nouvelle. Je commence à lui dire :

-Tu sais, je devrais retourner dans ma...

Mais il me coupe :

-...dans ta chambre je sais. A vrai dire, ça m'étonnais que tu sois encore là à mon réveil.

Il a l'air un peu blessé mais colle malgré tout son front au mien. Je le rassure avant de me lever :

-Ne t'inquiètes pas, ce soir on pourra se retrouver...

Sans un mot il me regarde me rhabiller et m'éloigner vers la sortie.
Mais sa voix se fait de nouveau entendre derrière moi. Pleine d'angoisse :

-Damian !

Je me tourne. Il continue depuis son lit, le visage légèrement tordu par la peur :

-Tu...tu sais pour ce que j'ai dit hier soir... !

Pourquoi il a l'air si paniqué? Il veut revenir sur ses paroles ?? Putain pas ça non ! Terrifié, je demande sur un ton tranchant :

-Tu le pensais pas ?

Jon, sûrement surpris par ma voix soudainement puissante, marque un temps avant de me répondre :

-Si...

Mon cœur ralentit à ce simple mot.
J'ai...j'ai paniqué pour rien ? Putain je suis vraiment idiot.
Honteux, je répond en sortant :

-Si tout va bien, n'en parlons plus.

Je sors et souffle enfin. Puis je me met à marcher droit devant moi. L'estomac tout retourné, je pose la main sur ma poignée.

J'ai...j'ai encore merdé.

Pourquoi je réagis comme ça ?? Il me dit ouvertement qu'il m'aime et moi je lui dis : « N'en parlons plus. ». Je suis vraiment un monstre. Ça a dû être tellement dure pour lui de me le dire ! Et moi je gâche tout !

Mes doigts se contractent autour de la pièce de métal. Je pourrais me frapper la tête contre les murs jusqu'à ce que mort s'en suive tant j'ai honte de moi!

Je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser avec cette phrase affreuse toute la journée. Je ne peux pas !

Ma main lâche la poignée et je me tourne vivement. Mais un putain d'élément perturbateur me bloque le passage : Sikheõ.
Je sursaute à peine à sa vue. Lui sourit. Heureux de me faire une « surprise » je suppose...

Je sens qu'il va encore y avoir des problèmes ici.