Chapitre 3

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Déploiement

Élise s’adressant rapidement à son lieutenant

— Équipement NBC pour tout le monde, départ dans quinze minutes. On se déploie sur deux sites, donc deux avions. En direction du site alpha, Lyon, pour tous les agents de permanences. Concernant les personnels de réserves, départ dans quarante-cinq minutes, direction le site bêta, une base proche de Clermont-Ferrand. Il nous faut un hélicoptère rapide et, pour le site bêta, deux ou trois si c’est possible et qu’ils gardent aussi l’avion prêt pour un redéploiement. Briefing après le décollage ; Go !

La commandante Dubois eut juste le temps de récupérer son propre équipement de protection Nucléaire Bactériologique et Chimique (NBC) et elle entra dans l’avion.

En mois d’une heure, soixante-dix personnes réparties dans deux avions partaient vers l’inconnu. La commandante terminait les formalités depuis un ordinateur portable. Elle venait de raccrocher avec le capitaine Gabriel Girard, officier dirigeant le groupe de cinquante agents en direction du site Beta. Lui aussi, elle l’avait personnellement choisi. Excellent tacticien et très respecté de ses hommes. Pendant ce temps, le Lieutenant Mercier s’activait sur deux fronts : d’une part, il coordonnait la logistique avec les bases militaires concernées, et d’autre part, il transmettait les informations relatives à l’opération spéciale à toutes les préfectures de la zone.

Élise se leva et regarda avec fierté sa petite équipe. Les conditions de vol étaient spartiates. Leurs avions, toujours prêts à partir, étaient prévus pour pouvoir parachuter une cinquantaine de personnes et deux véhicules tout-terrain. En prenant de l’altitude, l’air s’était vite rafraîchi et le bruit empêchait toutes discussions.

Allumant son micro, elle s’adressa à tout le monde par le système de haut-parleur intégré aux casques.

— Bonjour, tout le monde. La mission est de rechercher le site de crash d’un objet tombé du ciel. Si nous n’avons pas de chance, ce pourrait n’être qu’une météorite. Avec un peu plus de chance, un satellite-espion. Et avec encore plus de chance, un véhicule spatial. La surface à couvrir est énorme pour le moment et dès que la zone sera confirmée tout le monde convergera dessus. Je veux tout le monde en combinaison de protection, les risques nucléaire et chimique étant possibles. En arrivant, on fait comme à l’entraînement ! priorité analyse et cartographie et on se déploie, force de frappe en deux points et établissement du QG !

Le groupe d’intervention

La « force de frappe » était composée de quatre tireurs d’élite hautement qualifiés ayant pour unique mission la protection de l’escouade. À l’arrivée des renforts, huit personnes supplémentaires viendraient renforcer cette formation. Ce groupe se diviserait en deux escouades de deux, chacune capable de se déployer rapidement et de manière autonome. Ils pourraient déployer des systèmes de détection seraient toujours prêts pour passer à l’action. Ensuite, l’équipe comprenait quatre militaires dotés d’une solide formation scientifique, équipés pour réaliser toutes sortes de mesures. Il y avait aussi toujours au moins un médecin et un officier de communication par groupe ainsi qu’un contrôleur de drones permettant grâce à l’essaim de mini machines volantes de cartographier en quelques minutes un kilomètre carré et enfin le reste en agents militaires plus classiques, mais tous se formant régulièrement aux diverses spécialités de l’unité.

Briefing avant atterrissage

Tous les agents étaient silencieux. Le bruit assourdissant de l’avion coupant toute discussion. Ils avaient tous passé la petite heure de vol comme cela, seul avec leur pensée, certain, la plupart en fait, avaient fermé les yeux. Élise actionna son micro et au petit crachotement tous les yeux se rouvrirent et la fixèrent.

— Atterrissage prévu pour l’instant dans une base près de Lyon à 20 h 30, heure du crash estimée à 22 h. Je devrais avoir des estimations mises à jour vers 21 h 30.

Elle coupa son micro et se rassit.

21 h 25 : Son lieutenant, Kevin Mercier qui était aussi son officier de liaison avec les autorités locales, lui fit signe d’allumer son casque.

— Commandante, j’ai un appel du service com. du général…

Ne le laissant pas terminer, elle lui fit signe de basculer la communication.

— Commandante Dubois ?

— Oui !

— Les observations et les calculs se précisent. L’objet atterrira à 22 h 34 dans un rayon de quatre kilomètres autour de la commune de Sainte-Marie. Nous n’avons toujours aucune d’idée sur sa nature, mais l’atmosphère l’a ralenti plus que prévu, l’hypothèse de la météorite diminue. Bonne chance !

Sitôt la communication raccrochée, Élise ouvrit une ligne avec son capitaine pour redéployer le gros de l’équipe parti en direction du site Beta vers sa position.

— Lieutenant, demandez à l’équipe Beta de se réorienter sur nous et prévenez la base de Lyon d’ajouter deux hélicos pour eux !

Et basculant le son vers le reste de l’équipe.

— OK tout le monde, on passe dans un hélico en arrivant. On redécolle en deux minutes ! Vous pouvez enfiler vos combinaisons de protection. Nous serons seuls sur site pendant 1 h 30, et on devrait y être juste quelques minutes après le crash. Donc : sécurité maximum, pas de prise de risque ! Ensuite, il est de plus en plus certain que nous n’avons pas affaire à une météorite. On nous demande de récupérer le matériel s’il en reste suffisamment. Mais cela signifie aussi que s’il reste quelque chose, des éléments étrangers pourraient vouloir nous en empêcher. On devrait avoir assez de temps pour bien sécuriser la zone.

Élise en regardant la « force de frappe »

— Je veux des schémas tactiques vingt minutes après déploiement.

— Autre chose encore, nous serons proches ou à l’intérieur d’une commune.

Élise changea la fréquence de son émetteur pour le canal réservé au commandement et regardant son lieutenant, elle reprit :

— Je veux des véhicules, bus ou militaires, prêts en limite de la zone pour lancer une évacuation si besoin. Demandez du soutien au régiment le plus proche. Prévenez aussi une caserne de pompier à proximité, qu’ils se tiennent en alerte incendie et NBC, mais pas d’intervention sans mon autorisation et qu’ils restent en dehors de la zone pour le moment. Et une dernière chose, contactez immédiatement les casernes de gendarmerie à proximité. Je veux un double dispositif de contrôle. Premièrement, qu'ils établissent un cordon de sécurité serré autour de la zone immédiate, disons dans un rayon d'un kilomètre. Rien ne doit en sortir sans une inspection minutieuse. Deuxièmement, qu'ils mettent en place des points de contrôle sur tous les axes principaux dans un rayon de vingt kilomètres. À ce niveau, leur mission sera de surveiller étroitement les allées et venues, en portant une attention particulière aux véhicules utilitaires, aux convois potentiels, et à tout ce qui pourrait transporter du matériel suspect. Que ce soit à l'entrée ou à la sortie de ce périmètre élargi, chaque passage doit être vérifié. Je veux que ce dispositif soit opérationnel le plus rapidement possible.

Le lieutenant Mercier décrocha aussitôt son téléphone !

Zone d’impact

Devant son évier, Isabelle terminait la vaisselle. Léo regardait une émission de divertissement à la télévision à quelques mètres d’elle. La nuit était tombée. Et puis cela arriva, un éclair blanc accompagné d’une formidable explosion. Un souffle brutal, qui la propulsa sans ménagement contre le meuble de cuisine. Le tout ne dura qu’une seconde, peut-être moins. Et aussitôt, sans même se demander ce qui avait pu se passer, une seule idée lui vint à l’esprit : « Mon fils ».

Se retournant rapidement, elle vit un spectacle auquel elle ne comprit rien. Un champ de bataille ! La table basse séparant la télévision du canapé était remplacée par une sorte d’énorme bloc de roche, comme sorti du sol. Beaucoup de poussière et de débris flottaient dans l’air. Elle pivota rapidement pour regarder le canapé qui lui faisait dos. S’élançant au-dessus, pour voir dans quel état était son fils, son sang se figea. Il n’était plus là.

Elle cria, elle hurla son nom. Des morceaux de poutres et des pierres tombaient, c’est seulement à ce moment qu’elle vit le trou dans le plafond. Reprenant sa respiration dans un hoquet de surprise, elle cria de plus belle. Cherchant d’abord du regard puis contournant l’étrange structure qui trônait au centre de la pièce.

Dans l’hélicoptère

Au même moment, depuis la cabine de pilotage de l’hélicoptère, un flash illumina l’horizon. Le pilote et la commandante eurent une seconde de stupeur avant de réagir, les autres passagers de l’hélicoptère n’eurent pas le temps de relever la tête que la lumière avait disparu. La commandante bascula sur le canal de communication d’équipe.

— On a un contact, l’impact est à environ sept kilomètres devant nous. Atterrissage dans cinq minutes à deux cents mètres de la cible. Tous « moquette » avant plus d’information.

À ces mots tous les agents retirèrent leurs insignes de grades et de régiment, écussons scratchés sur leur combinaison. Cette tactique avait pour but de rendre plus difficile pour des « hostiles » d’identifier la chaîne de commandement, cible prioritaire en cas d’affrontement.

Le Lieutenant Mercier n’attendit pas les ordres pour envoyer ces premières informations au QG.

L’équipe était tendue et excitée, l’hélicoptère se posa, lumières éteintes, dans un champ derrière l’église du village et redécolla en moins de deux minutes après le débarquement de vingt personnes toutes lourdement chargées.

En approche de la cible

Le déplacement à travers le champ ne fut pas plus difficile qu’à l’entraînement. Deux chariots motorisés équipés de roues tout-terrain portaient le matériel le plus lourd et sensible. Ces véhicules « intelligent » suivaient automatiquement leur responsable, un équivalent fait maison des « chien » robot de l’armée américaine, mais coûtant moins du vingtième du prix, et encore. Bien sûr, à ce coût là, ils ne pourraient pas passer dans des rochers ou autres environnements trop compliqués. Mais ils étaient largement suffisants pour quatre-vingts pour cent des missions de plus et leur autonomie était un gros avantage. L’équipe progressait rapidement et silencieusement. Le bruit des bottes et le frottement des combinaisons, les souffles et le sifflement caractéristique des moteurs électriques troublaient à peine ce début de nuit. Le champ arrivait aux abords de l’église et un mur de deux mètres de haut en faisait le tour. L’équipe commença à le longer permettant à l’ensemble du groupe de progresser tout en restant au couvert de l’ombre, Élise qui avançait en tête, leva la main pour ordonner l’arrêt du convoi. Tous se figèrent derrière elle, écoutant et scrutant les environs.

— Allez, on enfile les masques. Interdiction formelle de les retirer tant qu’on n’a pas l’autorisation des contrôles environnementaux.

Elle envoya un regard à son scientifique dédié à cette tâche.

— Apparemment, le site est en ville. À cent mètres de notre position, nous allons nous retrouver exposés rapidement. La population a dû être réveillée, je ne veux personne dans les rues, vous me trouvez le maire et vous lui faites un topo rapide.

Ses sept agents « multitâches » firent un signe de tête.

— Allez, on passe en acquisition !

À cet ordre, le groupe changea de formation. Les équipes « force de frappe » passant devant, en avançant plus doucement. Le reste du groupe suivrait cinquante mètres en arrière. L’acquisition d’objectif était souvent le moment le plus sensible.

Le groupe termina son passage sans encombre le long du mur du cimetière, toujours dans une pénombre protectrice. Puis juste avant d’arriver sous les lumières de l’éclairage public, un des membres des éclaireurs fit un signe pour indiquer le ciel.

Levant tous la tête, le groupe vit grâce à la lueur de la lune, un nuage percé d’un petit trou qui commençait à se déformer. Dans un second temps, tous virent aussi un phénomène lumineux ayant pour centre ce trou et ressemblant un peu aux aurores boréales. Des cercles concentriques colorés, mais à peine visibles irradiaient sur plusieurs kilomètres de diamètre.

Élise se tourna vers un de ses scientifiques.

— C’est normal ça ?

— Pas pour une météorite, ma commandante ! Peut-être un reste de carburant ? se hasarda le spécialiste tout en faisant une moue dubitative derrière son masque.

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