Chapitre 4

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Gestion des civils

Arrivée dans la zone habitée, l’équipe d’Élise peina à faire rentrer tout le monde chez eux. Le but était de protéger les gens, mais l’arrivée de personnes en combinaison de protection complète n’aidait pas beaucoup. Surtout quand la consigne était d’attendre un éventuel signal pour évacuer. Les stages de gestion des foules n’étaient pas inutiles même si le mot foule était exagéré dans ce cas. Il y avait dans ce centre historique une vingtaine de petites maisons, et l’on devinait plus loin des lotissements plus récents. Une chance pour l’intervention de devoir intervenir en bordure de cette commune.

La principale difficulté fut de convaincre les quidams que sous les masques à gaz se trouvaient des militaires présents pour leur sécurité. Une fois l’information comprise, tous se précipitèrent chez eux, à part deux fortes têtes… comme d’habitude. Il y avait en effet toujours un complotiste, un vieux râleur, des personnes « imbibées » ou un mélange de tout ça, qui « résistaient » par tradition plus que par conviction.

Les deux récalcitrants furent habilement « persuadés » de coopérer en leur faisant croire qu’ils jouaient un rôle crucial dans l’assistance aux militaires pour le bien de leur commune. Une fois rentrés chez eux, un des agents de l’équipe d’intervention, particulièrement doué en manipulation et persuasion, avait obtenu d’eux toutes les informations nécessaires ainsi que deux nouveaux « responsables » en cas d’évacuation.

Il fit son rapport aussitôt à Isabelle.

— Ils ont vu le flash, et entendu une explosion. La cible se situe la rue suivante, il y aurait un trou dans un toit. Deux civils, une mère et son fils dans la maison, personne ne les a encore vus. Les habitants, avant d’avoir été dispersés, ont commencé à approcher de l’habitation, mais personne de trop près. Le maire est prévenu, il nous attend chez lui, à cent cinquante mètres.

Élise regardant ensuite son adjoint et officier de liaison, celui-ci enchaîna.

— Les moyens de communication civils et militaires sont bons. Les pompiers sont en place à cinq minutes d’ici en attente, par contre les véhicules pour l’évacuation ne seront pas là avant au moins deux heures.

La responsable du groupe enchaîna :

— Très bien, vous deux, allez voir le maire, faites-lui un topo sans entrer dans les détails, officiellement nous étions en manœuvre à côté, on annonce le pire scénario, un réservoir de lanceur spatial pouvant contenir des produits très toxiques, explosifs et potentiellement radioactifs. Demandez une salle communale, un gymnase ou quelque chose dans le genre à au moins deux kilomètres. Et je veux qu’il soit prêt à contacter tout le monde dans ce périmètre pour préparer une évacuation potentielle. Avec un périmètre de sûreté de cent mètres qui évacuera dans trente minutes maximum avec les véhicules civils.

Les deux personnes partirent aussitôt.

Premières analyses

Faisant le tour de son équipe, elle constata qu’une des équipes force de frappe se trouvait en position au coin de la maison suivante, pointant leurs armes et s’abritant du mur. La deuxième équipe n’étant déjà plus visible. Machinalement, elle regarda vers le clocher de l’église, mais sans en voir la trace, un point en hauteur avec une vue plongeante sur tout le secteur, la position de cette équipe était évidente. Un léger bourdonnement dans l’air lui apprit que son cartographe était à l’œuvre, probablement toujours abrité derrière un mur de l’église. Il avait ouvert une grosse valise d’où était sortie en quelques secondes une vingtaine de mini drones.

Et la cartographie 3D de haute précision devait déjà se matérialiser sur son système de visualisation, un écran tactile sur son avant-bras gauche.

Son retour « son » crépita et trois « RAS » s’enchaînèrent : « RAS scan » venant de la cartographie des lieux et signifiant Rien À Signaler venant du scan des drones, les deux autres des équipes « frappe » indiquant qu’ils étaient en position et que la zone semblait suffisamment sûre pour que le contrôle environnemental ait lieu. C’était un des rares moments où les équipes frappes s’exprimaient. Ce mutisme les protégeait contre les systèmes de repérage.

Un des chariots automatiques d’un mètre de long et de haut sur un demi-mètre de large parti rapidement en suivant automatiquement son « maitre » dans un sifflement caractéristique. Ils disparurent au coin de la maison toujours gardé par une équipe frappe.

L’attente du verdict sembla durer une heure, tant la pression était intense. Entretemps, le responsable « scan » arriva avec une partie seulement de sa valise. La cartographie détaillée était terminée. Un drone resterait en surveillance constante, assez haut pour ne plus être audible. C’est justement son ingénieur cartographe qui avait développé ce système. Lorsque la batterie atteindrait un certain seuil, un deuxième drone décollerait en évitant la zone d’opération et viendrait prendre la place et la fonction du premier, puis celui-ci redescendrait par un autre itinéraire. Les casques de tous les agents étaient munis de petits émetteurs désactivables. Cet ingénieux système permettait de suivre le déploiement de ses agents sur le terrain. Sauf les équipes forces de frappe qui devaient rester invisibles même en cas de piratage de l’information. Élise vérifia son écran tactique et eut la confirmation des positions de tout le monde, en relevant la tête, elle constata que les deux spécialistes « frappe » qui gardaient la rue s’étaient eux aussi éclipsés.

Enfin, après quelques minutes supplémentaires, le verdict tomba sur les radios, annoncé par son seul agent ayant approché du lieu.

— Chimie : RAS,

— Nucléaire : RAS, juste un peu de poussière, mais neutre

— Côté bactériologique RAS pour les armes connues, les résultats complémentaires arriveront dans trente minutes, je préconise d’identifier la cible avant de pouvoir retirer les protections, mais cela semble OK

Suivant l’ordre de la capitaine, tout le reste de l’équipe s’avança vers la petite maison.

Isabelle et Léo : Où suis-je ?

Le sol avait vibré, les murs et tout l’espace autour d’elle s’étaient déformés puis plus rien. Isabelle était… consciente, ce fut sa première impression en tout cas. Ce ne pouvait pas être un rêve ou un cauchemar dans ce cas. Elle faisait la vaisselle et puis ?... LEO ! elle cria, mais elle entendit sa voix comme étouffée derrière un gros oreiller. Cria encore, mais avec le même effet. Tenta de parler, mais n’entendit de sa voix qu’un vague bourdonnement.

L’environnement était gris, mais lumineux, tout baignait dans cette lumière qui ne projetait pas d’ombre, elle se tenait debout, mais sur un sol qui ne se distinguait pas plus que des murs ou du plafond. À cette idée elle chercha le trou dans sa toiture, il y avait bien eu un trou non ?

Elle se sentit fatiguée, tellement fatiguée, qu’elle s’endormit, immobile, debout, dans ce grand « rien ». Ses dernières pensées furent « ou suis-je ? suis-je morte ? Léo ? »

Léo avait l’impression de s’être réveillé il y a peu de temps, ou dormait-il encore ? Il était à l’école, mais on était en vacances non ? Chaque fois qu’il essayait de se souvenir, cette idée s’envolait, à chaque fois toujours plus loin au point qu’il oublia. Il était à l’école.

Il pensa à sa mère. Depuis quand ne l’avait-il pas vu ? L’idée revint, il devait rêver, il ne pouvait pas être à l’école. Se débattant dans ses idées, une voix le surprit. Dans le silence étouffant qu’il ne percevait que maintenant, sa maman l’avait appelée. C’était le matin, il était prêt pour partir à l’école, sa maman était là, il l’embrassait. En fait, ce n’était pas un rêve, il allait à l’école et le temps d’une pensée il était à l’école.

Il y avait un contrôle ce matin, la maitresse le regardait fièrement répondre à ses questions, en plus c’était trop facile. Enfin au début. C’était un test, il devait dire la réponse, ou qu’il ne connaissait pas la réponse ou qu’il ne comprenait pas la question. Mais, quelle que soit sa réponse, il était félicité… sa maman serait fière.

Isabelle, quant à elle, était à la maison, se demandant si elle avait fait un malaise, tout lui avait semblé bouger et, regardant le plafond tout paraissait normal, Léo était habillé prêt pour partir à l’école. Elle devait se dépêcher pour… oui pourquoi ? Elle se sentait confuse, Léo l’embrassa tendrement, que c’était bon. Il fallait qu’elle témoigne au sujet de l’accident, il y avait eu un accident… Il fallait qu’elle aille au poste de police pour aider les inspecteurs. Et le temps d’une pensée, elle était au poste, Léo était en sécurité à l’école, elle ne travaillait pas aujourd’hui. Elle était avec les agents de police, le problème de l’accident était déjà réglé et on lui avait fait une proposition. N’étant pas pressée et complètement en confiance, on lui avait demandé si elle voulait bien servir de testeur pour un nouveau système de détecteur de pensée. Le bureau était agréable, on lui avait installé sur le bras un bandeau légèrement serré et un casque sur la tête. Elle était prévenue qu’on lui poserait toute une série de questions, elle n’était là que pour aider. Tout le monde avait été si gentil avec elle. L’inspecteur resté seul dans la pièce avec elle était plutôt mignon et ne portait pas d’alliance. Il lui souriait beaucoup, la félicitait et la remerciait pour son aide. Les questions pouvaient sembler bizarres, mais c’était normal, elles servaient à calibrer la machine. Elle devait répondre, ou dire qu’elle ne connaissait pas la réponse ou qu’elle ne comprenait pas la question et vu que c’était volontaire elle pourrait ne pas répondre si elle le souhaitait. Secrètement, elle espérait des questions un peu personnelles pour attirer l’attention de son bel interrogateur sur son célibat actuel.

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