Chapitre 13

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Encore un civil !

Le lieutenant Mercier avait mis fin à son entretien et avait renvoyé l’étudiant sur son muret. Celui-ci avait insisté pour revoir l’objet. Le lieutenant avait répondu que si la situation le permettait cela serait possible.

Il avait ensuite chargé Tech de déployer un drone pour localiser un éventuel véhicule stationné aux abords du périmètre. L’appareil repéra rapidement une voiture, ses feux de position allumés la rendant facilement détectable. Le drone, malgré ses caméras sophistiquées, ne parvenait pas à percer l’obscurité de l’habitacle, et même l’infrarouge s’avérait inutile dans cette configuration. Impossible de confirmer si une femme dormait sur la banquette arrière. Il fallait en avoir le cœur net : deux agents furent immédiatement envoyés pour inspecter le véhicule.

La Mission d’Émilie

Émilie n’avait pas perdu une seconde. Suivant les traces de Vincent, elle progressait en parallèle de sa trajectoire, maintenant une distance d’une cinquantaine de mètres et restant légèrement en retrait. Par deux fois, ses réflexes l’avaient sauvée, en se plaquant au sol en une fraction de seconde quand il avait tourné la tête dans sa direction. Lorsqu’il contourna l’église, elle adapta sa stratégie : le laissant prendre de l’avance quand il s’approchait trop près de sa position, puis effectuant un large détour pour le rattraper. Une maison non éclairée lui offrit l’opportunité parfaite. Elle s’y précipita furtivement, rampant sous la haie qui bordait la propriété. De là, sa longue-vue lui permettait d’observer la situation en toute discrétion.

Vincent s’était approché d’un petit campement. Des militaires ? Les choses se compliquaient ! La diversion provoquée par son innocent compagnon lui avait probablement évité d’être repérée. Mais qu’est-ce qui se passait ici ? Avisant que sa position ne lui apporterait rien de plus, elle entreprit de passer de propriété en propriété pour contourner ses « ennemis ». Elle s’aperçut rapidement que toutes les maisons alentour étaient vides et quasiment aucun véhicule n’était présent.

— Ils ont fait évacuer ! parfait. Se dit-elle

Plus avant dans la rue, elle découvrit enfin ce qui devait être son objectif. Une maison se détachait nettement dans la nuit, sa façade et son entrée vivement éclairées par la lumière crue de plusieurs projecteurs militaires.

— OK ! se dit-elle, il n’y a plus qu’a…

Réapparition

Élise s’apprêtait à questionner l’entité au sujet de ce Vincent, mais elle fut interrompue.

— Maintenant, dépêchez-vous de vous éloigner ! ordonna la créature.

La prairie se volatilisa instantanément et Élise bascula dans le vide. Sa chute sembla se dérouler hors du temps, le sol montait vers elle avec une lenteur irréelle, tandis que son corps, comme paralysé, refusait de répondre à ses tentatives de se protéger. Elle s’écrasa brutalement sur le sol. À travers la bâche grande ouverte, des projecteurs l’éblouissaient violemment. La fraîcheur de la nuit d’été la ramena brutalement à la réalité. Clouée au sol, elle percevait son incapacité à se mouvoir. Soudain, des silhouettes floues s’agitèrent autour d’elle, la touchant, la déplaçant à une vitesse qui lui semblait insupportable. Dans un effort désespéré pour communiquer, elle tenta de hurler.

— Stop !!!

Et avec une grande difficulté, elle articula

— Consc… météorite… explosion… vite

Elle sentit encore qu’on la déplaçait, la vitesse était ahurissante, elle distingua tout juste que son mouvement l’éloignait du danger. Puis elle sombra.

Danger d’explosion

Émilie progressait vite, les militaires n’étaient pas si nombreux et tous les civils avaient été évacués. Passant par-dessus les clôtures, elle longeait la rue surveillée tout en restant parfaitement dissimulée. Elle commençait à penser à la suite. Sa voiture était probablement compromise, il y avait des barrages filtrants, cela ne serait pas si simple. Faire profil bas quelque temps avant d’évacuer la zone tranquillement. Soudainement, il y eut de l’agitation, des cris et des bruits de course se rapprochaient dangereusement de sa position. Son cœur s’arrêta : elle était repérée… Mais après quelques secondes interminables, elle comprit avec soulagement que l’agitation n’avait rien à voir avec elle, et se concentrait sur l’avant du bâtiment. Elle relâcha lentement sa respiration qu’elle avait retenue sans s’en rendre compte. « Reste concentrée », se réprimanda-t-elle mentalement.

Elle avisa l’arrière de la maison dont la face avant était éclairée. Risquant un œil dans l’angle, elle vit plusieurs personnes s’éloigner. C’était sa chance, une porte donnant sur l’arrière était ouverte. Elle entra, suivit un petit couloir, au bout, une porte à peine entrouverte qui laissait filtrer de la lumière. Emilie marqua une courte pause et, n’entendant aucun bruit, se risqua à pousser le battant en position accroupie.

Une scène de bataille, mais personne. Elle était dans un salon, et un étrange caillou semblait avoir défoncé le toit en détruisant une bonne partie de la pièce. Elle attrapa son téléphone ainsi qu’un petit appareil photo jetable. Un de ses instructeurs qui était étrangement allergique à la technologie l’avait convaincue d’en avoir toujours en mission. « Ces trucs-là ne tombent pas en panne », avait-il dit devant son bureau ou un bloc-notes, un crayon de papier et un appareil photo jetable étaient présentés.

Elle commença à filmer la scène avec son téléphone tout en déclenchant l’appareil, rembobiner le film photo prenait un peu de temps entre deux poses, mais elle parvenait à le faire d’une seule main. Petit à petit elle s’était redressée et avait commencé à contourner le bloc de cristal.

C’était ça la mission ? Vraiment ? Et puis cela commença !

En quelques secondes les cristaux se ramollirent. L’ensemble sembla fondre. Prise d’une crainte, Émilie revenait sur ses pas en continuant à filmer et à photographier. L’objet avait maintenant l’apparence d’une boule parfaite, flottant à cinquante centimètres du sol. Émilie était revenue dans l’encadrement de la porte. L’objet devenait lumineux, très rapidement, très lumineux…

— Bon sang, ils ont évacué en courant ! à ce constat elle pris ses jambes à son coup, traversa le couloir avec l’impression d’avoir un soleil dans le dos et puis retentis un phénoménal « Pop », pas vraiment une explosion. Le bruit lui fit très mal aux oreilles alors qu’elle survolait le petit terrain derrière la maison, propulsée par le souffle de cet événement. Elle percuta violemment la clôture de bois séparant deux terrains. Agenouillée au sol en se tenant les oreilles des larmes coulèrent sur ses joues.

Elle avait été méchamment secouée, elle essaya de se redresser, craignant de constater des blessures graves. Juste une douleur ; acceptable. S’éloigner. Le plus rapidement possible, au calme. Plus tard, elle pourrait constater les dégâts. Dans sa fuite chaotique après un petit kilomètre, elle repéra un bâtiment qui ne laissait aucun doute. Une école maternelle. Les vacances avaient commencé, c’était sa chance.

Finalement, il y avait eu plus de peur que de mal. Après avoir forcé une petite porte qu’elle avait pu remettre grossièrement en place, elle avait trouvé les toilettes, puis dans un bureau une petite trousse à pharmacie. Elle souffrait de quelques coupures et écorchures, le plus grave était le traumatisme sonore, les sifflements constants la rendaient paranoïaque. Plusieurs fois elle se jeta au sol par précaution, pensant avoir entendu un bruit. Il lui fallait du repos. Après avoir méticuleusement effacé toutes ses traces de sang ainsi que toutes les surfaces sur lesquelles elle avait pu laisser des empreintes, elle s’accorda enfin un repos mérité. Elle pensa à sa voiture, serait-il possible de la récupérer ? Sinon, ses empreintes pourraient y être relevées. Ce serait ennuyeux, elle serait probablement réaffectée. Dommage, elle aimait bien la France.

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