Chapitre 5 (dimanche 19 mars 2017)
– Qui ne saute pas n'est pas Lyonnais, ouais ! Qui ne saute pas n'est pas Lyonnais, ouais ! Qui ne saute pas n'est pas Lyonnais, ouais !...
Memphis Depay vient de marquer son deuxième but et l'OL mène deux à zéro. Dans les tribunes c'est de la folie et je crois que je n'ai jamais autant crié de ma vie ! Et en plus, un beau garçon se jette dans mes bras à chaque but marqué. J'espère qu'il y en aura d'autres... c'est trop bien.
Pourtant cette journée n'avait pas vraiment bien commencé.
Je n'avais eu aucune nouvelle d'Arthur depuis le vendredi soir et je commençais à croire que je m'étais bêtement trompé en lui donnant mon numéro. Et ma mère, très sceptique au sujet de ma nouvelle passion pour le foot avait décidé de mener un interrogatoire dès le petit dej', espérant sans doute profiter de mon état comateux du matin pour me soutirer des informations.
– Peut-être que je devrais appeler ses parents pour qu'on s'organise pour vous amener ? C'est quoi son nom de famille déjà ? Tu sais que ton père...
– Maman ! J'ai dix-sept ans !
– ... a proposé de faire le trajet, insiste-elle.
– Je peux quand-même aller voir un match avec un copain sans que vous vous en mêliez, non ?
Est-ce que les parents se rendent compte à quel point ils peuvent-être chiants parfois ? Ma mère, la connaissant, fait tout ça pour essayer de m'énerver et que je lâche des informations. Elle s'imagine toujours que j'ai plein de secrets et elle voudrait tout savoir. Alors qu'au bout du compte il n'y a jamais eu grand-chose à savoir, à part peut-être aujourd'hui... et je ne dirai rien !
– On l'a déjà rencontré ce garçon ? Il était dans ta classe l'année dernière ? m'interroge-t-elle encore.
– Je te l'ai déjà dit, il est arrivé en début d'année scolaire d'un autre lycée. Et non, vous ne l'avez jamais vu.
– C'est ton petit copain ?
Alors, celle-là je ne l'avais pas vu venir.
– Maman !
– Tu sais on en a déjà parlé avec ton père. Tu ne nous présentes jamais de petites copines, donc on se pose des questions. Tu sais qu'on est très tolérants ton père et moi, on accepterait la situation...
– Ça fait trois mois que j'ai une copine maman et si je ne t'en ai jamais parlé, c'est justement pour essayer d'échapper à ce type d'interrogatoire débile. Tu veux tout savoir sur ma vie, tout contrôler et j'en peux plus.
Je crois que j'ai crié un peu fort mais je sens ma mère sur le point de lâcher l'affaire. Et si en plus, elle peut culpabiliser un peu...
– Et du coup, on peut savoir qui c’est ? demande-t-elle d'une voix toute mielleuse.
– Julie ! Maman ça fait trois mois qu'on sort ensemble. Tu la connais, tu nous as vus plein de fois ensemble et tu ne t'es aperçue de rien. Finalement, tu fais semblant de t'intéresser à ma vie mais tu ne fais pas bien attention à moi.
Je crois que la froideur de mon ton va suffire à clore cette conversation. C'est pas très sympa mais elle m'a poussé dans mes retranchements.
Note à moi-même : penser à prévenir Julie qu'on sort ensemble !
Cinq minutes après être sorti de la douche, j'avais enfin reçu un message d'Arthur pour me prévenir qu'il viendrait me chercher en moto vers 15h30 et que je n'avais qu'à lui donner mon adresse. Je lui en ai donné une dans la rue voisine. Il était hors de question que ma mère aperçoive la moto, elle était capable de m'interdire de monter dessus. Et puis, après sa remarque de tout à l'heure je ne voulais pas qu'elle nous voie ensemble.
J'avais acheté la veille, une écharpe aux couleurs de l'OL et j'avais mis à profit les quelques heures qu'il me restait pour parfaire ma culture footballistique.
Quinze minutes avant l'heure prévue, j'étais sorti le plus discrètement possible pour aller attendre Arthur devant une maison qui n'était pas la mienne. Et c'était simplement en le voyant arriver sur sa moto que j'avais réalisé que j'allais pouvoir passer vingt minutes collé à lui !
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