Chapitre 29 (samedi 1er avril 2017)
Mon père a insisté pour m'accompagner en voiture jusqu'à chez Julie, prétextant qu'avec mon sac de cours et mes quelques affaires pour le week-end, il n'allait quand-même pas me laisser y aller en marchant. Et c'est bête, c'est juste le truc auquel on n'avait pas pensé dans notre plan qu'on pensait parfait ! J'étais sensé partir à pied, et Arthur devait me récupérer en moto dans la rue voisine. J'ai juste eu le temps d'envoyer un texto à mon chéri, pour le prévenir, et un autre à Juju, pour m'assurer qu'elle était bien à sa maison. On n'est plus qu'à deux minutes de chez elle, et je reçois à l'instant sa réponse : "suis chez Louise, chez moi dans 5 min". Et merde, j'espère qu'il va me poser et partir tout de suite, mais je n'y crois pas trop.
Comme prévu, mon père attend sagement dans la voiture que quelqu'un ouvre la porte et moi j'attends, comme un couillon devant l'entrée, l'arrivée de mon alibi pour le week-end. Je me retourne au moment où Julie arrive à la hauteur de la vitre conducteur. Elle échange quelques mots avec mon vieux sans que je puisse comprendre ce qu'ils se disent, et elle se dirige vers moi.
– Je crois que ton daron ne va pas bouger sans que j'aie fait ça !
Et joignant le geste à la parole, elle me roule une pelle.
– Détends-toi ! Je te jure qu'on n'a vraiment pas l'impression que t'apprécies.
Elle me tire la langue, fais un petit signe à mon père et c'est reparti pour un tour. J'essaie d'y mettre un peu plus de bonne volonté en la prenant dans mes bras, mais franchement je ne trouve pas ça super agréable. J'entends la voiture qui démarre enfin, et je repousse gentiment Julie.
– Dis donc, tu ne profiterais pas un peu de la situation pour embrasser un beau gosse ?
– Surement pas ! Et en parlant de beau gosse, en voilà un vrai qui arrive.
Yes ! Mon mec est là, notre super week-end va enfin pouvoir commencer. Arthur se gare juste à côté de nous, et enlève son casque. La rue de Julie étant déserte, je viens coller mes lèvres aux siennes sans attendre qu'il descende de sa moto.
– Beurk ! C'est quoi ce goût bizarre ? Tu mets du rouge à lèvre maintenant ?
– C'est pas...
– C'est mon gloss et c'est super bon, c'est de la noix coco, répond Julie en me coupant la parole.
– Je suis désolé, c'est elle qui m'a encore obligé à l'embrasser. Cette fille est dingue de moi !
Mes deux amis rigolent, et ça ne semble pas perturber mon chéri, qui enchaine en me disant qu'on doit y aller car on a des courses à faire. Il range un de mes sacs dans le petit coffre de sa moto, et me tend le casque qui se trouvait à l'intérieur.
– Salut les mecs, et profitez en bien ! Vous me raconterez. Enfin non, finalement j'aime mieux pas savoir. Vous m'envoyez un message pour me dire à quelle heure on se retrouve demain, pour le retour du petit chez lui, car je crois bien que papa a décidé de venir le récupérer en voiture.
Je tire la langue à Julie et baisse ma visière, et c'est parti pour deux jours de liberté !
Après un passage par une supérette et chez un marchand de fruits et légumes, Arthur me dit qu'il ne nous manque plus que deux choses essentielles, et se dirige tout droit vers la pharmacie.
– Euh... t'y vas tout seul ? je lui demande, en prenant une petite voix. Tu dois avoir l'habitude, non ?
– Pas vraiment, d'habitude j'achète des préservatifs en grande surface, mais là je voudrais qu'on prenne du lubrifiant en plus, me répond-il, en entrant dans l'officine et en me tenant la porte pour que je le suive.
J'entre donc sans faire d'autre commentaire, mais je sens bien que mes joues sont déjà toutes rouges. Heureusement, le pharmacien qui nous accueille est un jeune homme souriant.
– Bonjour, que puis-je pour vous jeunes gens ?
– Bonjour, nous aurions besoin de deux boites de préservatif et de lubrifiant, s'il vous plait.
Arthur a dit ça avec plein d'assurance, je crois que je n'aurais jamais osé. Il discute de je ne sais quoi avec le type de la pharmacie, pendant que je fais semblant d'être très préoccupé par la fermeture éclair de mon blouson.
– Et pour vous jeune homme, quelle taille ?
C'est à moi qu'il parle ? Quelle taille ? C'est quoi cette question ? Il me regarde avec insistance. Je regarde Arthur pour lui demander de l'aide, mais il ne dit rien, semblant même trouver la situation très drôle.
– C'est pour la deuxième boite de préservatifs ? insiste le pharmacien, en me faisant un grand sourire.
Visiblement, mon petit copain a décidé de me laisser me débrouiller tout seul, et de se moquer de moi. Je lui lance un regard noir, avant de prendre mon courage à deux mains pour répondre.
– Ben... je sais pas exactement... environ quatorze ou quinze centimètres ?
Le pharmacien se tourne vers Arthur qui a les larmes aux yeux tellement il rigole, mais qui réussit quand même à articuler :
– Medium, je crois que ça sera parfait.
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