Chapitre 45 (Samedi 29 avril 2017)

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Je suis naze, la semaine s'est déroulée sur un rythme intensif et s'est terminée seulement ce samedi à midi, par un devoir surveillé. Et il a fallu que ça tombe sur quatre heures de math. Enfin, quand je dis quatre heures, moi au bout de deux heures j'avais fait tout ce que je pouvais et encore qu'heureusement il y avait toute une partie qu'on avait révisée il y a quelques semaines avec mon... avec Lucas. Je n'ai pas osé sortir, personne ne bougeait dans la salle, alors j'ai fait semblant de travailler pendant les deux heures qui restaient.

On vient de remonter du self avec Kieran. Il n'avait pas dit de connerie, on mange bien mieux que dans les trois autres lycées par lesquels je suis passé. Je récupère une serviette et de quoi me laver et je fonce sous les douches. C'est dingue ce que les maths font transpirer, je pue autant qu'après un match de foot !

Je commence par me brosser les dents et j'en profite pour me regarder dans le miroir. J'ai perdu ma jolie chevelure, coupe militaire oblige, le coiffeur s'est fait plaisir. Mais ça encore, ça peut le faire et puis je suis bien obligé de reconnaitre, malgré ma légendaire modestie, que je suis toujours plutôt beau gosse et cette coiffure me donne un côté bad boy qui devrait plaire à... à personne. Il va vraiment falloir que je me sorte Lucas de la tête, sinon ça va me rendre dingue. J'essaie de me reconcentrer sur l'image que me renvoie la glace. Je crois que finalement ce qui me fait le plus chier, c'est cet uniforme. Moi qui ai toujours essayé de m'habiller avec style... OK avec mon style, mais quand même, être obligé de mettre exactement les mêmes vêtements que tout le monde !

De retour dans la chambre, je tombe sur un Kieran déjà installé à son bureau, le devoir de math posé devant lui. Ce mec doit être plus ou moins un genre de surdoué. Si j'ai bien compris, lui aussi avait terminé au bout de deux heures, sauf que lui, il a trouvé ça : "trop simple". Il avait bien vu que je faisais juste semblant de travailler et pendant le repas, il a insisté pour m'aider. Je n'avais pas vraiment envie, mais il a promis que si j'acceptais il viendrait courir avec moi dimanche matin, alors qu'il avait déjà refusé deux fois. Il est bizarre ce mec, on dirait que je suis devenu sa mission pour le reste de l'année scolaire. Je dis ça moitié en plaisantant, car avec les militaires tout est envisageable !

– Tu crois qu'on est vraiment obligés de s'y mettre tout de suite ?

– Eh ! T'étais OK, je te rappelle.

– Pour faire des maths oui, mais je pensais plutôt à... demain, non ?... Ça va, ne me regarde pas comme ça ! C'est bon, on s'y met.

Je prends une chaise et je m'installe à côté de lui.

Je crois que j'ai réussi à contrôler mon cerveau pendant à peu près une heure, et puis il a suffi d'un petit rire de mon camarade de classe pour me faire dégoupiller. Je me suis revu, un mois plus tôt, dans à peu près la même situation, avec Lucas à mes côtés. Il s'est passé tellement de chose en quelques semaines que parfois je n'arrive plus à contrôler mes émotions. Et c'est ce qui se passe en ce moment.

– Tu pleures ?

– Et alors ! Ça aussi c'est interdit par le règlement ?

Je relève la tête et je vois un Kieran qui me regarde embêté, ne sachant visiblement pas quoi dire, chose plutôt rare chez lui. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette pensée me reconnecte à la réalité et je sens un sourire incontrôlable se former sur mes lèvres.

– C'est à cause des maths ? T'en fais pas, on a déjà vachement avancé et tu t'en sors super bien.

Cette fois, j'en peux plus et j'éclate de rire sous le regard étonné, puis visiblement vexé, de mon professeur.

– Excuse-moi, mais comment peux-tu imaginer une seule seconde que les maths puissent me faire pleurer ? Franchement, j'ai une tête à chouiner à cause de mes résultats scolaires.

– Non pas vraiment. Je dois reconnaitre que t'as plutôt la tête du mec qui ne pleure jamais...

Et là, je vois qu'il me regarde et je me dis que j'aurais mieux fait de lui dire que travailler trop me faisait toujours cet effet. Il m'aurait trouvé bizarre, mais de toute façon je crois que c'est déjà le cas. Alors que là je sens que je ne vais pas pouvoir échapper à un interrogatoire.

– ... mais par ailleurs, j'ai bien compris que c'était pas la grande forme. Rassure-toi, je ne vais pas te poser de questions, mais si un jour tu as besoin de discuter... je parle beaucoup mais je sais aussi écouter.

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