Bonheur familial
Les parents de Camille vivaient de leur passion. Leur but n'était pas de gagner beaucoup d'argent mais de faire aimer les livres à chacune des personnes qui passaient devant leur boutique.
La librairie était une invitation à lire. La vitrine était douce, les couleurs beiges étaient si apaisantes que les passants s'arrêtaient toujours quelques instants pour s'y ressourcer. Quelques livres ouverts et cette phrase inscrite dans la vitrine les invitaient à entrer : "Chaque mot est un plaisir, chaque livre est un désir."
Cette accroche si voluptueuse donnait, selon leurs clients, l'envie d'entrer dans la librairie.
Lorsqu'on y pénétrait, il était très rare d'en sortir avant une bonne heure. Il y avait dans cette boutique comme un sentiment d'ensorcellement. Les étagères étaient disposées de-ci, de-là dans la librairie. Quelques fauteuils et coussins enveloppant étaient parsemés dans des coins calmes et apaisants. Rose et Martin se faisaient discrets, ils n'étaient là que pour conseiller si on les sollicitait ou pour proposer une boisson à ceux qui s'attardaient dans les livres.
C'était une des rares librairies qui autorisait les gens à se plonger dans les œuvres. Leur commerce fonctionnait bien pourtant, grâce à leur gentillesse et à leur discrétion, la clientèle présentait autant de gens de passage que de gens du village.
Chaque semaine, Camille se rendait à la librairie de ses parents pour choisir un nouveau trésor. L'hiver, il lui arrivait de rester dans la boutique après l'école afin de lire avant de rentrer faire ses devoirs. Le plus souvent, ses parents devaient la rappeler à ses obligations. C'est ainsi qu'elle découvrit des tas d'auteurs plus différents les uns que les autres mais qu'elle aimait tous énormément : Boris Vian, Maupassant, Hugo, Ionesco, Ernaux ou encore Pennac... Quel bonheur d'avoir la chance de découvrir ces merveilles dans un lieu si apaisant.
Lorsque les beaux jours s'installaient, elle changeait souvent de décor préférant, au printemps, la grotte de la plage ou la terrasse des cabanes de plage et l'été la pelouse des cressonnières ou le jardin de la maison sous les pommiers ou le cerisier. Durant les vacances et les week-ends, elle ne rentrait que pour dîner ou pour aller chercher Martin afin de profiter de leur bain quotidien.
" - Papa, ces instants sont magiques, je ne te remercierai jamais assez d'être celui que tu es, ma vie grâce à vous est un compte de fée.
- Ma princesse, je ne changerai ma vie pour rien au monde, j'ai croisé la route de ta maman, nous avions les mêmes rêves et nous les avons tous réalisés. Nous avons vécu des choses difficiles dont la perte de nos parents, mais nous les avons surmontées ensemble. Je souhaite que ta vie soit aussi belle que la nôtre. Je t'aime mon cœur. Profitons de ces instants qui nous sont offerts."
Pendant ce temps, Rose remontait le coeur joyeux vers leur maison, pensant à ses deux amours profitant de leur baignade quotidienne pour vivre ces moments intenses de complicité. Elle pensait à leur dîner pendant lequel ils débattront sur quelque sujet pris au hasard de leur journée. Ils se fâcheraient tendrement, ils rirons à gorges déployées puis ils débarrasseront dans la bonne humeur et inventeraient un nouveau jeu ensemble dont les règles changeraient à chaque instant au bon vouloir de chacun.
Ainsi avaient-ils décidé de vivre. Martin et Rose s'étaient exclusivement consacrés à leur fille et à leur librairie. Il n'avait qu'une enfant et Camille ne s'en plaignait pas. Ils étaient heureux tous les trois, ils se suffisaient. Le couple était très amoureux, ils s'aimaient de façon inconditionnelle et il en était de même pour leur fille. Ils acceptaient tous trois chaque manie, chaque trait de caractère de leur trio. Leurs rares disputes terminaient en rires. Martin et Rose avaient assez soufferts durant leur jeunesse, ils voulaient que leur Camille n'en pâtissent pas, ils lui avaient donc construit une vie de rêve.
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