Début d'un nouveau chapitre

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 De temps à autres, Camille retrouvait ses amis de la Sorbonne. Quel bien cela faisait de débattre à nouveau sur les sujets de société avec des gens qui n'ont pas touché cette réalité de si près... Bien sûr leur naïveté, qu'elle-même avait perdue, l'exaspérait parfois mais elle avait besoin de retrouver sa fraicheur et son insouciance d'autrefois. Ses amis aussi avaient vécu de leur côté, ils étaient psychologues, avocats, auteurs de romans ou philosophes... mais ils avaient été préservés, ayant toujours vécu à Paris. Leurs familles avaient le bras long et leur avaient permis de rester dans leur milieu privilégié. Ils avaient gardé leur naïveté et leur fausse nostalgie.

 Un samedi soir, alors qu'ils étaient tous attablés au café de Flore, Maxime, un de leurs amis arriva plus tard car il venait de plaider une affaire de détournement de fond. Il avait gagné le procès et était venu fêter sa victoire avec ses amis ; son meilleur ami Gabriel l'accompagnait.

 Gabriel était un garçon charmant et charmeur. Il était issu d'une famille vivant depuis toujours à Saint Germain des prés. Ils habitaient un hôtel particulier hérité de ses arrière-grands-parents. Son père était médecin généraliste et sa mère professeur de philosophie à Nanterre. Ils étaient tous les deux de gauche, prônant l'égalité sociale, tout en se rassasiant de produits Fauchon. Leur fils avait les mêmes idées qu'eux mais il voulait faire évoluer la société. Camille et lui se sont tout de suite bien entendus. Lui voulait connaître toutes les expériences qu'elle avait vécu dans cette banlieue défavorisée et elle adorait le voir réfléchir à tout ce qui pourrait être fait pour que ces familles arrêtent de souffrir. Gabriel était un idéaliste, un vrai gentil, il aimait les gens et essayait toujours de les comprendre.

"- Tu vois Cam', dans ces collèges, il faudrait des psychologues à plein temps ! Au lieu de mettre tant d'argent dans la répression, il faudrait qu'ils soient accompagnés dès leur plus jeune âge... Dès l'école maternelle.

- Ce n'est pas si simple Gabriel, les familles ne souhaitent pas que les enfants voient des psychologues, le problème c'est que les familles n'aident pas leurs enfants. Ils n'ont pas été aidés eux-mêmes. Ils sont souvent victimes de discrimination et ne souhaitent pas être aidés. Ils n'ont plus confiance !

- Mais alors c'est simple !!! REDONNONS LEUR CONFIANCE !!!

- Je t'aime Gabriel, tu es si enthousiaste, si solaire...

- Moi aussi je t'aime Cam' !"

 Gabriel ne comprenait pas comment on pouvait laisser évoluer la société en créant des ghettos. Il avait comme projet d'acheter des immeubles à Paris et de louer quelques appartements à loyers réduits et d'en vendre d'autres à des gens comme nous pour que les populations puissent se mélanger. Sur le papier c'était un magnifique projet. C'est pour ça que Camille était tombée sous son charme. En attendant, il écrivait. Le jeune homme vivait toujours chez ses parents qui subvenaient encore à ses besoins. Il était sur le point de publier un essai sur la société décadente des années 90. Il voulait être le Zola des temps modernes.

 Les deux amoureux se retrouvaient souvent au café des Flore pour parler et boire un verre, ils débattaient durant des heures sur la société, sur les solutions qui permettraient de sortir de cette société qui ne laissait la place qu'aux gens ayant des relations bien placées. De temps en temps, Gabriel venait à Chambourcy par surprise, il se garait sur le parking du collège et attendait Camille. Ils allaient se réfugier dans l'appartement de la jeune femme à Poissy où ils passaient le week-end à boire du vin, débattre et faire l'amour. Gabriel était tendre et brutal à la fois. Exactement comme quand ils discutaient. Son côté romantique la caressait doucement et sensuellement mais la partie révoltée de Gabriel lui faisait l'amour juste assez brutalement pour mener son plaisir à son paroxysme. Elle était si heureuse et reconnaissante de l'avoir dans sa vie. si heureuse et reconnaissante de l'avoir dans sa vie.

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