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Une dernière signature. Aucun mot ne fut prononcé. Lui, il n’avait rien à dire non plus. Un chuintement, la porte automatique s’ouvrit. Trois-mille-six-cent-cinquante-deux jours. Ils ne lui avaient pas fait cadeau de vingt-quatre heures. C’était sans importance, il n’était pas à quelques mois ou même quelques années près. Il avança vers le parking. Vide. C’était également sans importance, il ne s’attendait pas à ce qu’on vienne le chercher. Il n’avait qu’une chose à faire. Après… il verrait.
Il devait marcher jusqu’à la route pour espérer trouver un transport. La chaleur et l’ardeur du soleil le surprirent. Il mit son sac sur son épaule et partit d’un pas tranquille. Il avait tout le temps. À mi-chemin, le bus qui ramenait ceux de la ferme l’obligea à s’écarter. Il crut apercevoir une main levée, en guise de salut. Ça ne pouvait être que Tom, le seul avec lequel il avait noué un semblant de relation. Pauvre gosse ! Dix-neuf ans sans vie, vingt-trois ans de non-vie : quand il sortirait, il ne serait plus rien. Pourtant, il était toujours joyeux. Sans lui, jamais il n’aurait tenu. Tom l’avait obligé à rester un homme.
Arrivé sur la route, il se campa contre le panneau qui indiquait le centre. Non pas pour le dissimuler, puisque tout le monde savait où menait cette route, simplement pour s’appuyer, car il savait que l’attente serait longue. Le trafic était rare et ceux qui passaient devinaient d’où il venait et ce qu’il était : pas une compagnie désirable. Le silence qui pesait sur ce paysage plat ne le gênait pas, il le connaissait si bien.
Il faisait à peine signe aux voitures, estimant que sa présence suffisait à exprimer sa demande. Il ne pensait à rien. C’est la seule habitude qu’il avait acquise, celle qui permet de tuer le temps. Il entendit le moteur avant de le voir, mais à son régime descendant, il sut que c’était le bon.
Il monta dans la cabine, marmonnant un remerciement. Encore dégoulinant de soleil, il fut surpris par la fraîcheur de l’habitacle et la chaude volubilité du routier. Cela ne le dérangeait pas. Avant de raconter sa vie, le chauffeur fixa le deal : il le laisserait à l’entrée de la ville, car il bifurquait alors vers sa destination. Tout en parlant de lui, il essayait de savoir ce qu’avait fait son passager pour aboutir au centre. Ce dernier lâcha deux informations, plus ou moins attendues, pour le contenter. L’autre reprit sa logorrhée, tandis que le stoppeur s’enfonçait dans une douce somnolence. Ils firent une halte et le bonhomme insista pour lui payer un sandwich et une bière. La gentillesse de ce bougre aurait pu le toucher, mais peut-être était-il déjà trop tard.
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