Chapitre C I N Q
- C'est ça votre restaurant ?
- Oui... Pourquoi ?
TOUT SIMPLEMENT PARCE QU'ON SE RETROUVE DEVANT UN RESTAURANT DE PÂTES tout à fait abordable pour moi, donc qui ne coûte rien du tout pour vous.
-Ça ne vous ressemble pas c'est tout.
-C'est mon restaurant préféré pourtant...J'y vais tout le temps.
Son petit sourire cache des choses, je le sens...Si ça se trouve c'est une cachette de la pègre et qu'il va me droguer et me torturer pour que je ne dise rien.
Non, pas aussi loin quand même...Pas vrai ?
Je le laisse passer devant moi et prends discrètement en photo l'immatriculation de la voiture.
À peine ai-je mis les pieds dans la salle que l'odeur de pâtes au pesto arrive dans mes sinus. La déco simple et assez vieillotte donne l'effet de venir voir les grands-parents de quelqu'un. Les meubles en bois avec le vernis qui s’enlève, les murs couleur bordeaux, et les bouteilles de vin mises en avant donnent une atmosphère chaleureuse d’un ancien temps.
Je regarde du coin de l'œil Mr Stevenson. Il reste de marbre mais les petites actions de son visage me montrent qu'il ne sait pas comment s’y faire.
Il demande une table pour deux mais je peux toujours remarquer qu'il n'est pas habitué même quand il ouvre le menu.
-Partons.
Il lève ses yeux océans sur ma personne sortant la tête du menu.
-Vous ne connaissez pas l'endroit, ça se voit. Votre sourcil n'arrête pas de se lever de, certes quelques millimètres mais il montre votre gêne. De plus vous n'avez salué aucun des employés que vous devriez connaître puisque vous allez tout le temps dans ce restaurant. Et il me semble que vous ne connaissez aucun des plats qui est sur cette carte, dis-je en montrant celle qu'il a dans les mains, sinon vous auriez pris votre plat préféré du resto... Maintenant vous savez,vous ne pouvez pas me mentir, votre corps me dira la vérité.
Il souffle un bon coup en fermant les yeux puis me sonde de nouveau.
-Vous êtes perspicace.
-Vous avez fait une enquête sur moi, n'est-ce pas ? Parce que c'est le restaurant de pâtes où je voulais aller avec Chris cette semaine.
-Oui, j'ai enquêté...Bon je m'avoue vaincu, allons quelque part qui me "ressemble".
Je hoche la tête pour acquiescer et le suis jusqu'à la porte.
-À bientôt Gius' ! dis-je en faisant un signe de la main au chef du restaurant.
-Vous le connaissez ?
-Je vous ai dit, je voulais venir ici avec Chris, sauf que je ne vous ai pas dit combien de fois j'y suis déjà allé.
-...Vous êtes une habituée dit-il avec une mine défaite.
Je passe devant lui et me retourne.
-Vous devriez mieux faire vos recherches.
Et tac ! Ça lui en bouche un coin hein? Je souris légèrement tout en m'avançant vers la voiture.
-Et vous, vous avez l'habitude de manger quoi ?
- Des choses simples.
***
Je pense qu'on a pas la même définition de simple. Cette fois-ci il n'a même pas regardé la carte ou pire il n'a pas eu besoin de s'annoncer alors que dans ce restaurant il faut au moins un bon mois pour avoir une table, alors que lui l'a juste à un regard vers lui.
Les regards se sont tournés vers nous surtout sur mon jean délavé déchiré et mes cheveux en bataille alors que eux sont tirés sur des pincettes ayant le numéro 31.
Le plat devant nous à l'air d'une ration pour lapin, c'est-à-dire une carotte. Certes j'exagère un tantinet mais j'avais le regret d'avoir quitté la cuisine de Giuseppe pour ça, avec ma grande bouche qui veut le rabaisser à chaque moment possible.
Je me retrouve donc avec un morceau de magret de canard confits, des noix et des trucs dont je ne connaissais pas l'existence, avec une sauce verte. Ce qui était écrit sur la carte étaient trop difficiles à déchiffrer, alors j'ai pris ce qu'il avait choisi, "l'habituel" comme il dit et quand le serveur s'est tourné vers moi, je n'ai fait que hocher la tête. Mais je m'attendais pas à ça.
Il commence déjà à manger alors que je suis perplexe devant mon plat. Il a l'air de se délecter de ce qu'il y a dans son assiette, il esquisse même un sourire sur ses lèvres.
- Vous ne mangez pas ? dit-il en s'essuyant la bouche avec une serviette en soie.. Ouais, en soie.
- Si, si... Je vais manger.
Je ne suis pas sûr de ce que je fais en prenant l'une des fourchettes présente à ma gauche n'étant pas sûr de savoir si c'est la bonne pour manger cette viande, mais au moment où je m'apprête à piquer la viande avec les dents de l'ustensile que j'entends un raclement de gorge appuyé de la part du millionnaire. Je me tourne donc vers lui pour le voir montrer du doigt la fourchette qu'il a posée sur notre table. Je prends enfin la bonne fourchette puis enfourne dans ma bouche un morceau...
Et voilà que je me retrouve avec un mini feux d'artifice dans la bouche. Un mini car cela ne dure pas. Donc je me retrouve avec une assiette presque vide, les truc verts dans l'assiette ne me disent rien. Puis vient le dessert que je finis en deux trois mouvements. Il se lève déduisant que j'ai fini, demande à l'entrée son manteau puis nous voilà sorti.
-Vous n'avez pas payé.
-Je sais. affirme-t-il avec une tête neutre
J'appuie mon regard interrogateur sur lui pour l'inciter à rajouter plus d'informations.
- Le chef me devait un restau' gratuit puisque je lui ai permis d'avoir une franchise en France.
Cela explique bien les choses, j'ai eu peur un moment qu'on soit parti comme des voleurs, ce qui est sérieusement impensable sachant qu'il a une sacré fortune. Je rentre avant lui dans le véhicule.
- Joshua, emmène-nous chez Mademoiselle Fawkes, ce sera mieux de lui parler là-bas.
Le conducteur, Joshua Simon, acquiesce mais j'hausse la voix en disant un non inattendu par les deux tout en retenant le manche du Stevenson.
- Je vous emmène d'abord quelque part avant. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous faire kidnapper, ça se voit dans vos yeux que vous l'avez pensé.
Il me regarde, perplexe puis son bras pris en otage par ma personne qui s'enlève très rapidement quand je comprends mon action.
- Je ne peux pas le nier...
***
-Un diner ? Vous aviez encore faim ?
- Votre restaurant n'a pas l'air de servir des plats consistants même si je dois avouer que c'était bon, mais ce diner a les meilleurs hamburgers et tourtes que je connaisse. Allez rentrez ! Vous aussi Mr Simon venez.
Ils s'échangent un regard, qu'ils sont barbants ! Je leur fait vivement signe de rentrer à l'intérieur.
Les sièges bleus canard font ressortir les tables en granit noires et le carrelage bicolore. Un style élégant pour un Diner peu cher. On peut entendre la musique d'Elvis Presley emplir le Diner ce qui accompagne cette remontée dans le temps avec les serveurs en roller et leur tenue très Grease mais de façon minimaliste. J'aurais peut-être dû porter mon jean droit aujourd'hui en fin de compte avec une veste en cuir. J'imagine mal le Stevenson devant moi porter une banane ou vérifier que ses cheveux sont bien plaqués comme John Travolta.
- Ici, on peut avoir un menu pour trois dollars, c'était un bon plan pour Chris et moi quand on était jeune. expliqué-je
-Vous connaissez ce Chris depuis longtemps ?
- Depuis toujours, oui... affirmé-je en prenant place et en attendant que Sally la serveuse du soir puisse prendre nos commandes. Je vous conseille le Kentucky Mountain, c'est une tuerie.
-Ce n'est qu'un hamburger. Et il y a une montagne au Kentucky ?
- C'est là que vous vous trompez, dis-je dans un soupir en balançant ma tête de gauche à droite pour montrer qu'il a tout faux. Et pour la montagne j'en ai aucune idée.
Sally, ma serveuse préférée car elle n'a pas peur de rembarrer tout le monde arrive avec le carnet dans la main et le stylo derrière l'oreille et une expression sur son visage disant "commandez vite car j'ai pas votre temps".
- Salut toi. Alors je sais ce que tu vas prendre, elle commence à griffonner sur son carnet et lève la tête vers mon accompagnateur, et pour Chr- euh bonjour ?
Elle se tourne vers moi et murmure " Il est où Chris ?". Je ne lui fais qu'un petit sourire embarrassé, que puis-je faire d'autre ? En fin de compte, le Stevenson choisit ce que je lui ai dit de prendre et je peux dire que je ne m'y attendais pas.... Mais est-il obligé de me fixer comme ça ? En plus avec l'un de ses sourires qui font ressortir ses fossettes sur sa peau lisse.
Je n'arrête donc pas de déglutir et de trouver le temps long, ma montre devient la chose la plus précieuse que j'ai en ce moment interminable et son sourire la menace la plus grande. Mon corps ne veut plus être en face de lui alors je me tourne vers le bar attendant une Sally avec nos plats dans les bras sortir de cette porte noire charbon.
-Vous semblez mal à l'aise, est-ce de ma faute? dit-il en balayant de sa main une poussière invisible sur la table
-Si vous pouviez arrêter de sourire je me sentirais mieux, oui.
Je commence à taper frénétiquement sur la table du bout des doigts et une pendule cérébrale s'inscrit dans mon cerveau. Mes yeux vont de gauche à droite suivant le bruit de l'objet de mon imagination. Si ça continue je risque de sortir du Diner pour chercher de fond en comble ma flasque de whisky tomber malencontreusement dans l'automobile.
Tic, Tac, Tic, TAC !
Je m'apprête à me lever quand d'un coup Sally sort de derrière cette porte rose et noire avec nos plats. Pourquoi ai-je l'impression de respirer à nouveau ? Je me remets face à lui et lève les yeux discrètement vers lui pour voir sa réaction, mais une fois de plus il réagit d'une manière contraire à ce que j'aurai pensé. Il a juste regardé un long moment l'hamburger puis a commencé à le manger.... Puis gémir de satisfaction.
-Alors ?
- Vous afiez raichon, ch'est bon !
-Je vous l'avez dit affirmé-je contente de moi tout en prenant une gorgée de ma boisson alors qu'il repose son "sandwich".
-Au fait, on avait dit qu'on allait discuter donc voilà je vous fait une proposition en or qui pourra être bénéfique pour vous...
-Hum ?
- Ça vous dirait de vivre avec moi ?
quoi ? Quoi ? QUOI ???
Tout le liquide qui était dans ma bouche jaillit comme si on avait cassé un hydrant d'incendie sur le visage et le costume du millionnaire. Je reste bouche bée et lui de marbre même s'il est trempé.
- QUOI !!?
***
- Alors ça va ? Il te fout pas la misère ?
-Mark, je suis là donc on parle pas de travail, dit Iris avant de siroter son virgin mojito, Jacob laisse Edward tranquille, ton frère n'est pas un punching ball ! J'arrive je vais m'occuper de ces deux-là.
Iris se dirige vers ses deux garnements qui font une scène dans la terrasse du restaurant et essaye tant bien que mal de les raisonner. Ils avaient bien le caractère des personnages du film. Jacob, 7 ans, a un tempérament chaud, la peau plus halée que son frère les cheveux virant raide d'un noir intense mais les yeux bleus de son père alors que Edward, lui haut comme trois pommes sur ces 4 ans et demi est sage comme une image, plutôt retiré mais adore embêté son grand frère, les cheveux bouclés mais couleur châtaigne comme son père et les yeux couleur ébène de sa mère. Je n'ai jamais osé demander pourquoi ce choix de prénoms.
Devrais-je ?
-Alors ? demande-t-il en avançant un peu sa chaise
-A peine est- elle partie , tu remets le boulot sur le devant de la scène hein ?
- C'est pas tout le temps que tu as des occasions comme ça, bon un peu à cause des garçons mais si on les avait pas emmenés, tu peux être sûr de ne pas en parler toute la journée. Alors quoi de neuf ?
-Je ne peux pas faire les six mois, Mark.
-On est reparti pour un tour dit-il amusé en s'enfonçant dans son siège. C'est quoi la raison cette fois-ci ?
Ayant peur que d'autres nous entendent, je lui fais signe de se rapprocher pour lui chuchoter la raison de ma tourmente.
- Il m'a demandé de vivre avec lui, chez lui !
-Ah ouais ? dit-il avec de grands yeux comme de soucoupes volantes.
-Je t'assure que oui, c'est complètement...
- Génial ! me coupe-t-il.
- C'est ce que je te dis c'est complétemen-...
Euh... Je suis pas sûre de comprendre là. Quoi ?
- Génial ? Non c'est pas génial, pas génial du tout !
-Bien sûr que oui ! C'est une opportunité en or pour ton article, rentrer dans son intimité sans violation- ce qui est carrément super pour ne pas avoir de problème avec la justice- ce qui donne une bonne image de notre journal et donc peut être il fera des recommandations pour des interviews ou autres à d'autres stars et donc plus d'articles intéressants pour nous !
- Tout le staff ne voudra pas habiter chez des stars..
- C'est toi qui le dit, moi j'imagine déjà la fille à la pizza sauter comme une puce sachant qu'elle habitera avec Taylor Swift.
- Elle s'appelle Sara et euh.... Je ne pense pas qu'il connaît Taylor Swift, dis-je irrité par cette conversation qui me semble n'avoir ni queue ni tête.
- Tu peux pas en être sûr...Alors tu lui as dit quoi ?
- J'ai dit que j'avais besoin d'un peu de temps...
-Sérieux ? Ça veut dire que tu peux dire oui ?
- Mark, tu m'écoutes quand je te parle ? Je te dis que c'est de la folie !
-Qu'est-ce qui est de la folie ? demande Iris en s'asseyant avec Edward dans les bras.
Ça me demande un petit moment pour reprendre mon calme et agir normalement, comme si j'agissais normalement dans ma vie, c'est complètement pittoresque. Ma vie est une comédie noire où j'ai malencontreusement le premier rôle mais s'il vous plaît, ne mettez pas le millionnaire au milieu de la scène, il risque d'y avoir un corps sans vie sous les projecteurs car l'un d'eux est tombé sur lui et lui aura fendue le crâne.
Trop sombre ? Je trouve que ce n'est pas assez.
-Pourquoi tu souris comme une psycho ? Non ne dit rien, tu es une psycho, je lui réponds en grognant avant qu'elle reprenne, Bref c'est pas tout mais j'ai quelque chose à vous dire.
- Quoi ? Attends... Tu démissionnes pour rejoindre notre journal afin de pouvoir travailler au boulot ensemble comme ça toute la pression du travail peut être partagé et non refoulé ?
- Je suis enceinte Mark et ce serait une pression en plus de travailler avec toi.
En ce moment je ne peux qu'entendre les oiseaux chanter et le bruit agaçant que fait Iris en sirotant la fin de son verre. On dirait bien que mon rédacteur en chef ne s'y attendait pas vu qu'il reste tel une statue de marbre si bien qu'il n'a pas cligné les yeux une seule fois, je pense bien que la nouvelle l'a médusé donc je décide de parler à sa place.
- Ça fait combien de mois ?
- Quatre tout rond, j'arrive pas à croire qu'il ne l'a pas remarqué. affirme-t-elle en lui lançant un regard mauvais
- Je pensais juste que tu te plongeais dans la nourriture pour oublier le boulot et le stress que donne les gosses et qu'après puisque tu as trop mangé, t'allais vomir !
.... No comment de ma part, je préfère plonger mon nez dans mon verre de whisky que d'écouter ce genre de bêtise.
- Chéri ça, ça s'appelle de la boulimie, c'est une maladie... Et je mange pas tant que ça ! ajoute-t-elle en lui donnant un coup dans l'épaule
-Si tu le dis, j'espère juste que ce sera une fille... Et cette fois-ci c'est moi qui décide du prénom! Plus de noms de personnages de Twilight !
- Pourquoi pas ? Si c'est une fille on l'appelle Alice, ce sera hyper mignon, et si c'est un garçon on l'appelle Jasper.
- Attends, tu veux que ta fille soit une pile électrique ou que si c'est un garçon que se soit un frustrée de la vie qui se mûre dans le silence... Je tiens à retirer le "frustré de la vie" car moi-même je le suis.
Mark me prend mon verre des mains pour le boire d'une traite.
- Et bien, félicitations à nous...
***
Ça fait un mois depuis la demande que je qualifierai d'étrange de Monsieur le millionnaire, donc ça fait un mois que je ne lui ai pas donné de réponse. Par conséquent il se venge en me donnant un peu de boulot me disant de me mettre à la place des gens travaillant dans cet endroit si je veux faire un bon article il faut s'intégrer dans ce monde qui n'est pas le mien, ainsi me voilà à jouer la secrétaire d'un tyran silencieux (oui, car il tue seulement avec son regard).
Je ne vois que son dos presque tous les jours à part quand il se retourne pour me donner une tonne de paperasse à ranger, c'est bizarre quand même ce taux de paperasse sur un bureau, il doit travailler dur au lieu de se la couler douce... Ce que je fais en ce moment avec ma flasque de whisky coca et mes pieds habillés de converse bleu ciel comme mon jean, croisés sur le bureau.
- Je suis désolé de vous déranger dans votre travail mais j'avais besoin des papiers classés Anderson Technologies depuis trente minutes.
Je ne m'attendais pas à entendre sa voix d'un coup et non plus de le voir devant la porte transparente c'est pourquoi je tombe en arrière, les jambes en l'air et le contenu de la flasque complètement renversée sur mon visage. Pour qu'il ne reste pas plus longtemps dans cette pièce à ne pas essayer de pouffer de rire, je lui montre du doigt de ma main gauche qui ne cache pas mon visage rouge de honte.
- Besoin d'aide ?
- NON MERCI !
- D'accord, je vais juste prendre les documents et partir...
-Faites donc ! Je n'ai besoin de l'aide de personne !
- Bien, je m'en vais.
Je l'entends ricaner discrètement même après avoir fermé la porte en verre derrière lui et que ça m'agace que je me retrouve à faire des doigts en direction de son dos. Mais à peine je m'assois sur mon siège que la porte s'ouvre de nouveau sur le millionnaire souriant malicieusement.
- J'ai demandé une serviette et une chemise à Daisy qui vous la ramène tout de suite, puis vous allez m'accompagner à un rendez-vous car j'ai l'impression que vous n'avez rien appris sur moi depuis votre arrivée, alors que moi j'ai appris des choses sur vous... Comme le fait que vous aimez bien faire des doigts dans le dos des gens.
Démasquée ? Mais comment l'a-t-il su ? Peut-être qu'il a l'habitude de se faire prendre des doigts par derrière... Pardon c'est mal dit, à part s' il aime vraiment ça ?
Devant lui, j'écris dans mon carnet, dans le cas où ça s'avère vrai, que je dois trouver certaines de ses ex-copines pour leur demander s' il aurait des tendances assez étranges juste à côté de "connard en costard". Ah aussi potentiel petits copains, on ne sait jamais. Je ferme rapidement le carnet pour qu'il ne le lise pas, ce serait vraiment fâcheux s'il lit toutes les insultes que j'ai écrites.
-Vous ne me connaissez pas et de toute manière c'est moi qui doit apprendre à vous connaître, pas le contraire.
Il se penche au-dessus du bureau et reste à me scruter à quelques centimètres de mon visage. Par suite de son geste, ma respiration se coupe et j'ai du mal à rester le regarder dans les yeux. Sa proximité m'empêche toutes pensées et mes yeux s'écarquillent comme ceux d'Homer Simpson.
-Alors faites-le après avoir pris une douche, je ne veux pas que mes associés pensent que j'ai ramené à un rendez- vous professionnelle une sorte de SDF.
Aucune répartie de ma part. S'il a voulu me blesser, et bien il ne me fait que rire. Je me suis trop bien humilié que ce genre de chose ne me font rien et il a bien l'air de le remarquer quand il s'en va pour de bon. Ce qui me fait mal ce ne sont pas ses paroles, mais sa présence. Cette présence qui embaume toute la pièce. J'arrive enfin à respirer avec mal, si il n'y a plus aucune goutte d'alcool qui reste, le seul moyen qui reste pour me calmer sont les antidépresseurs.
Je décide de sortir de mon bureau qui ressemble plus à une cage en verre qu'autre chose puisqu'elle est à l'intérieur du bureau du Stevenson qui n'est pas là, une cage qui m'étouffe en ce moment. Me voilà donc en dehors des deux bureaux, devant Daisy qui me tend une serviette sans poser de question sur pourquoi j'empeste. Je lui demande juste fébrilement si il y a des douches et elle me dit de voir à l'étage d'en bas, la salle de sport. Je ne savais même pas qu'il y en avait une.
Enfin douchée (il n'y avait personne dans la salle), je retrouve le millionnaire posé sur une voiture luxueuse les bras croisés. Lorsqu'il lève les yeux sur ma personne, j'évite son regard et monte directement derrière sans voir qu'il se met à la place du conducteur. Même si j'ai envie de demander pourquoi ce n'est pas Mr Simon qui conduit je préfère la fermer pour ne pas avoir à lui parler et j'avais raison de le faire car le trajet se fait dans le plus grand calme.
Je ne fais même pas attention à l'endroit où on rentre jusqu'au moment où j'entends une voix qui dit avec joie le nom de mon sujet avant de le prendre dans une étreinte amicale. C'est un homme aux cheveux bruns qui boucle légèrement et une barbe proéminente, qui doit avoir quelques petites années en plus que le Stevenson.
- Tu ne trouves pas que tu te laisses aller Thomas ? Ta barbe est plus longue qu'il y a trois jours. dit Stevenson tout en souriant et appuyant sa main de manière amicale sur l'épaule de Thomas.
- Les enfants, le boulot, je ne sais plus où donner de la tête, il me remarque ensuite alors que je me balance sur mes pieds derrière la carrure du millionnaire puis il regarde celui-ci d'un air interrogateur avant de demander, qui est-ce ?
- Oh ça ? C'est une journaliste du nom d'Hayden Fawkes que je dois me coller sur le dos pendant six mois, maintenant cinq, rien de bien méchant.
- Enchanté je suis son meilleur ami et aussi président de Anderson Technologies , j'espère qu'il vous en fait pas voir de toutes les couleurs sinon dîtes le moi et je m'en occupe. affirme-t-il en me tendant sa main que je prends après quelques secondes d'hésitation qui a été remarqué par Stevenson
- Ne vous inquiétez pas, je peux le maîtriser, je le laisse juste s'amuser un peu.
- Je l'aime bien ! Tu veux pas qu'on échange de place ? dit il en faisant un aller retour avec son doigt entre lui et Stevenson
- Ça va aller, allez parlons affaire. dit-il de manière taciturne.
On s'assoit donc et je m'apprête à mourir d'ennui car le charabia d'entrepreneur c'est pas mon truc. Dès lors que j'ai entendu le mot "pourcentage" et "bénéfice" , mon cerveau non seulement s'est mis en mode off mais encore mes yeux se sont clos au fur et à mesure jusqu'à l'entente de mon nom. Alors je tends l'oreille pour entendre de quoi il parle.
-Alors cette Hayden Fawkes ?
-Je t'en parle pas, une vraie cata cette nana.
- C'est surtout la première fois qu'une femme ne tombe pas à tes pieds, je pense que c'est surtout ça qui t'irrite à mon avis.
-Tu rigoles ? Pour le moins du monde je voudrais avoir ce genre de femmes à mes pieds, elle ne vaut rien du tout, en plus les journalistes c'est pas mon truc. Je vais juste faire en sorte qu'elle parte plus tôt que prévu.
-Et comment ?
-Tu verras..dit-il en buvant le contenu de son verre d'une traite.
Donc je suis une cata ? Bon je l'avoue que c'est vrai mais il pense mal si il croit qu'il peut se débarrasser de moi aussi facilement, je suis tenace comme une tâche sans Vanish.
Et il va bien le comprendre.
***
Me voilà dans un 7/11 à deux heures du matin bien passé faisant la queue pour acheter mes quatre bouteilles d'alcool différentes, dans un bon vieux jogging après une séance vomi et une longue douche avec de grosses cernes, juste devant moi se trouve une femme blonde peroxydée (ses cheveux sortent de sa capuche) avec des cernes plus intense, achetant une tonne de bouteille de sauce pimentée comme d'habitude et derrière moi une vieille moralisatrice qui nous demande à chaque fois si on à une sorte d'addiction qui nous aide à nous mener à la mort de manière plaisante... Et c'est toujours dans ce sens.
Finalement tout se passe comme d'habitude, le vendeur parlant à deux de l'heure que j'ai l'impression d'être sous LSD m'a demandé mes sous et quand je rentre dans l'appartement je me précipite à faire un carton pour y ranger mes bouteilles achetées et celles qui sont déjà dans l'appart mais laisse une bouteille de whisky et de bourbon dehors afin de faire un mélange des deux, ayant perdu toutes traces d'alcool dans le corps suite à ma régurgitation du liquide aux toilettes. Je décide donc de m'inspirer des dramas coréens où ils mixent leurs bières sauf que moi je rajoute du coca pour mieux faire passer.
Il faut à tout prix que je réussisse à boire tout ça, Un verre, Deux verres, Huit verres, plus rien et la tête qui tourne... Ça m'inquiète pas, je tiens super bien l'alcool, je suis juste un peu pompette?
En vue de faire ma valise, je me lève difficilement pour me diriger dans la chambre où je balance tout et n'importe quoi, bref je sors de mon habitacle, siffle un taxi et donne au chauffeur un papier où il y a écrit une adresse. Évitant de m'endormir sur la banquette arrière, j'écris, gribouille tout ce qui passe dans ma tête jusqu'au moment où la voiture s'arrête devant un immense immeuble tout foncé avec des portes en verre énorme qu'on ne remarque pas l'interphone. Allez, appuyons sur ce bouton.
-Bonjour.
-Mr Simon o-ouvrez la po-porte, c'est Hayden mais shh faut rien d-dire à votre connard de patron. C'est euh... une s-surprise !
La porte d'entrée s'ouvre comme la caverne d'Ali Baba !
Dernier étage... Allez ! Sonnons comme une dingue sur cette porte et au cas où, crions Sésame ouvre toi. Sauf que la porte s'ouvre immédiatement sur ce con de Stevenson alors que j'aurai bien voulu crier moi... Je suis dégoutée, mais bon allez il faut que je récite mon speech.
- Bonjour ! C'est pour dire oui à votre offre mais que j'ai l'intention de d-détruire VotRe carRière.. P-pardon, et que vous pouvez b-bien vous f-faire en-enculer si ça vous chante car.. car euh... Ah oui! Je compte garder m-mon job et à ne pas me rabaisser devant vous malotru tout en v-vous pou-... Ouh je veux vomir,pourrissant et parce que à p-priori c'est votre truc. Voilà ! Et v-vous...savez pourquoi ? Parce que vous êtes un CONNARD !!!
Je n'ai droit qu'à un sourcil arcqué de sa part et c'est tout... Je lui en ai bouché un coin ?
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