S4 : Ducky et la tablette

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La fée inspiration ne cesse de répandre sa poudre magique sur Ducky. Cela fait plusieurs semaines qu'il écrit à tout moment. Ses pattes d'araignée ne lui font plus peur depuis qu'il s'est équipé d'une tablette Remarkrotable.

Pour se l'acheter, Ducky a dû faire preuve d'ingéniosité. D'abord, au bureau, il a fait répandre la rumeur de son futur départ. Il comptait sur la cagnotte qu'il recevrait lors de son pot de départ. Mais ses collègues ont investi le pactole (pas folichon, d'ailleurs) en un coffret "Saut en parachute". Pas grave, il s'est dit qu'il arriverait à le revendre sur « Le bon Coin(coin) » .

Entre temps, il prétexta une prolongation fumeuse à son contrat de prestation de service, que tout le monde goberait sans se poser de question. De toute façon, si on lui réclamait quoi que ce soit, il répondrait "ce qui est donné, est donné".

Toutefois, sur « Le bon Coin(coin) », il ne parvint qu'à le refiler contre une toute petite somme. Pas assez pour sa tablette. Alors, Ducky fouilla partout dans la maison de Papa et Maman Chérie pour trouver d'autres objets à revendre, comme la collection des poupées vintage "Daisie" de sa sœur Gloria.

Et même avec ça, Ducky n'a pas réussi à réunir le montant nécessaire pour s'acheter sa tablette ! Alors, il fut obligé de prendre, pour la première fois de sa vie, sur ses économies ! Argh ! Il détestait dépenser son propre argent ! Comment deviendrait-il milliardaire si on ne le laissait pas faire sa pelote ?

Voilà donc comment notre petit canard parvint à s'acheter sa Remarkrotable, laquelle lui permettait d'écrire n'importe où avec un stylet. Sa tablette était tellement intelligente, qu'elle arrivait à déchiffrer son écriture. Grâce à cela, il avait atteint les 20 000 mots ! Son histoire touchait le climax dramatique ! Son héros vibraphoniste allait commettre son premier meurtre ! Il fallait que cela soit remarquable, original, inusité et que l'arme du crime soit absolument un instrument de musique. Que faire ?

Tiens, tiens. Les baguettes. Lancée avec justesse elles pourraient... assommer quelqu'un tout au plus ! Fichtre !

C'est ainsi que cette idée taraude notre canard scribouillard pendant qu'il est dans le métro, où un lapin schizophrène marmonne tout seul dans son coin, ses yeux rouges fixant Ducky.

Un lapin... comme l'adversaire de son vibraphoniste ! Soudain, Ducky est frappé d'une idée de génie ! Son héros va assassiner chaque victime avec leur propre instrument. Mhh... Qu'est-ce qu'il joue ce lapin ? Un violon ? Impossible, ça ne sert à rien ! Un piano ? Non plus. Un violoncelle ? Quelle idée ! Une trompette ? Non plus, à moins, peut-être, pour une scène de torture. Ducky réfléchit.

— Y m'zieute quoi, le canard ? s'écrie depuis l’extrémité du wagon le lapin schizo, les yeux rouges et strabiques implosant de folie.

Ducky est si concentré, qu'il ignore son entourage. Il vient d'avoir une idée superbe pour le mobile du meurtre... la légitime défense ! Car son personnage, le lapin adversaire du héros, percussionniste, a un tic : lorsqu'il entend une fausse note sur son instrument, il devient anatidaephobique (pour les ignares, l'anatidaephobie est la peur qu'un canard vous observe avec un air malsain). Dans la scène en question, le lapin pique une crise et devient complètement fou. Lorsque l'énergumène s'apprête à attaquer le héros, d'un habile mouvement, le vibraphoniste s'empare de son médiocre instrument, un triangle, puis attrape le lapin par ses grandes oreilles et finit par y enfoncer la tige métallique, lui explosant sa cervelle. Brrr ! Il éprouve même des frissons en l'écrivant.

— Tu me cherches, hein ? menace le lapin schizo, cette fois-ci en face de Ducky.

Notre canard poète lève la tête et réalise qu'il n'y a plus personne dans le métro. Il a (encore) loupé le terminus et le voilà enfermé avec un inquiétant lapin fou et sans aucune défense !

À moins que...

Il regarde sa tablette Remarkrotable et son stylet au poing. Et s'il l'enfonçait fatalement dans les oreilles de ce lapin anatidaephobique ?

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