Certains enfants attendent Noël avec impatience alors que leurs parents tentent qu'ils ne dévorent pas tout leur calendrier de l'avent ou ne déballent pas leurs cadeaux à l'avance. Pas moi. Moi, j'ai toujours détesté Noël.

C'est le moment de l'année où ma belle-mère m'arrachait les cheveux en essayant de les coiffer même s'il allait finir tout aussi plats à la fin de la soirée qu'ils le sont à la normale. Je devais rester sage et essuyer les larmes qui coulaient sur le bord de mes yeux. En dernier venant parfum et maquillage censés effacerles dernières traces de ma personnalité. Le pire était les vêtements qui venaient avant tout. Des robes roses à toutes les autres qui me faisaient passer pour une princesse presque gentille. Le noir proscrit, mes bijoux habituels mis loin de moi, je scintillais de banalité.

Maintenant adulte, je prévois ma vengeance qui aura lieu le 27, date du souper de famille du côté de mon père. Le noir sera au rendez-vous, le gothisme imprégnera mes vêtements. Je peindrai mes lèvres en noir, je vernirai mes ongles en noir, j'entourerai mon regard en noir, je colorerai mes paupières en noir. Toute de noire vêtue, je sortirai de ma chambre en fredonnant une chanson d'un groupe gothique.

Avant de fuir ma maison pour une nuit, j'embrasserai la croix inversée au dessus de mon lit en espérant que Satan et ses démons me donnent la force d'affronter un monde qui ne veut pas de celle que je suis. Les fantômes dans ma chambre croiseront les doigts avec moi en espérant qu'on veuille enfin de celle que je dois habituellement cacher dans un placard fermé à clé. En regardant une dernière fois derrière mois, j'effacerai les larmes surmes joues et regarderai mes cheveux détâchés briller de leur noirceur.

Ma différence me hante et j'adore ça.