Solitude
Seule dans mon lit, je pense à toi. En boule sous les couvertures, victime d'insomnie comme à chaque nuit, mes pensées se mutilent. Dans le silence complet où seul le bruit de mon ventilateur vient combler le vide, les craquements de mon coeur s'unissent à ceux de ma maison centenaire. Parfois, des souris bougent dans les murs pour se réchauffer et trouver en ma demeure un endroit où passer l'hiver, je les écoute en fixant l'obscurité à la recherche dans cette opacité de ma liberté perdue.
Mes doigts fantômatiques dansent macabrement un rythme de mon agonie. Je sors mon corps de la douceur de ma cachette enfantine, l'expose au vent froid en enlevant le peu de tissu qui couvrait encore ma peau spectral. Dans la noirceur de cette nuit d'hiver, ma silhouette brille des éclats de lumière inexistante. Si je me suis, j'arriverai peut-être à m'illuminer de l'intérieur. Je dois reconnecter mon cerveau à mes sens, recommencer à sentir la souffrance physique comme la chaleur d'un contact humain.
J'observe le cadran me voler la vedette, jette un vêtement sur sa lumière. Je veux être la seule que tu vois en arrivant dans mon lit. Je veux que la pénombre ne soit trahie que par ma présence.
Je t'attends de jour.
Je t'attends de nuit.
C'est l'heure que tu m'arrives.
C'est l'heure que tu me découvres.
Prends-moi.
Dans le noir, prends-moi.
Dans la nuit, prends-moi.
Au jour, dévore-moi.
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