Chapitre 1 (Notre histoire) 1er Partie

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J’aimais lorsqu’il me faisait rire à un point où je ne pouvais plus m’arrêter. Je ne compte plus les fois où il m’a fait des blagues pour que je me mette à rire aux éclats et à en avoir mal au ventre. Mon premier copain, il avait eu le tour pour me faire marrer, comme cette fois où nous étions à la bibliothèque publique d’Albuquerque et qu’il avait pris un bouquin par hasard dans une rangée où nous nous trouvions. Je me souviens qu’il était tombé sur un livre en espagnol. Il tournait les pages et lisait à haute voix les premières phrases qu’il voyait en espagnol. Bien évidemment, à l’entendre parler dans une langue qu’il ne maitrisait pas très bien, je me suis mise à rire en silence. Sauf que je n’arrivais plus à retenir mon fou rire. Je savais que nous étions dans une bibliothèque et que le silence était la chose requise dans cet endroit, mais je n’arrivais plus à me retenir. C’était de la faute de mon copain.

Cette année, au mois de décembre, je fêterai mes 18 ans. Mon copain, Ryan Nelson, lui, avait déjà ses 18 ans. Je l’avais rencontré au collège du Nouveau-Mexique au début de l’année où j’étudiais à Albuquerque. Ça devait faire environ 4 mois que nous étions ensemble. Auparavant, je n’avais jamais vraiment entretenu de relation sérieuse avec des garçons. La plupart du temps, ça ne durait pas plus qu’un mois. Les garçons adoraient me larguer sans me donner d’explication. Voilà pourquoi je n’ai jamais considéré ces relations comme étant sérieuses et importantes. Je me souviens avoir un jour demander à ma mère si le véritable amour existait véritablement entre deux personnes, parce que pour mes parents eux, ils étaient très heureux ensemble. La preuve que je ne connaissais absolument rien en l’amour. À l’époque, je n’étais qu’une jeune fille de 17 ans qui ne savait absolument rien de la vie, qui gardait des garçons à ses côtés pendant seulement un mois et qui se faisait ensuite larguer.

Il y avait ce petit détail dans mon couple qui agaçait Ryan, c’était que je n’avais pas encore trouver une occasion où je me sentais prête à quelque chose de plus intime avec lui. Jusqu’à récemment, ça ne lui causait aucun problème. Il me respectait dans ma décision et était prêt à attendre pour ça. Était-ce normal qu’après quatre mois j’avais toujours peur de vivre cet instant? Tout compte fait, je pensais avoir droit à un peu de respect de sa part, alors je ne m’en faisais pas trop. Chose certaine, je n’allais pas le faire attendre une année entière. Un jour, j’allais sûrement être prête pour qu’on aille plus loin. Je devais seulement attendre de le ressentir profondément en moi pour finalement le vivre.

Ce midi-là où Ryan s’amusait à me faire rire avec un livre en espagnol, nous étions sortis pour nous rendre à la bibliothèque publique. Nous allions fréquemment à cet endroit parce que Ryan savait combien j’adorais les livres et la tranquillité. Je détestais dîner à l’université parce qu’il n’y avait justement jamais d’endroit où nous pouvions manger en paix. D’habitude, lorsqu’on venait à la bibliothèque, je savais ce que je cherchais comme livre, alors nous ne perdions pas notre temps à rire en lisant des trucs en espagnol. Or, ce midi-là, je n’avais pas planifié de prendre de livres. C’est donc pour cela que nous avons décidé de nous amuser un peu en lisant des passages de livres dans une autre langue.

Ça faisait quelques minutes qu’on riait tous les deux et à un moment, la bibliothécaire fit éruption dans notre rangée.

- Excusez-moi, s’adressa-t-elle à nous après s’être raclé la gorge.

Je me retournai, ne m’attendant aucunement à sa visite. Ryan ferma rapidement le livre qu’il avait entre les mains.

- Je ne sais pas si vous êtes au courant mais vous êtes dans une bibliothèque ici. Donc, si vous avez envie de vous amuser et de rire comme bon vous semble, je vous prierais de partir, nous expliqua-t-elle, assez fort pour que tout le monde autour l’entende.

Cette vieille dame était squelettique avec des cheveux roux frisées, pratiquement en pagaille, et elle portait d’affreuse lunettes qui était beaucoup trop grosse pour son visage. On aurait dit une sorcière. Sans oublier son parfum qui me donnait la nausée.

Quand elle quitta notre rangée, je me retournai vers Ryan qui avait l’air d’avoir la même opinion que moi. Il rangea le bouquin à sa place.

- Tu as remarqué qu’elle parlait plus fort que nous? me fit-il remarquer en chuchotant.

Effectivement, c’était cette même conclusion que je m’étais fait. Je comprenais que son travail était de nous demander de baisser le ton, bien entendu, mais elle aurait dû employer un ton approprié avant de nous accuser de parler trop fort.

- Peu importe, soupira Ryan, partons d’ici.

Je jetai un œil à l’horloge au-dessus de la porte dans le hall de la bibliothèque. Les cours nous appelaient.

- Ouais, allons-y, dis-je.

Nous quittâmes la bibliothèque sous le regard furieux de la vieille bibliothécaire.

Nous avions eu une sacrée chance de ne pas être arrivée en retard à notre cours. En franchissant la porte du cours de science, la cloche sonna, indiquant que les cours avaient débutés. L’enseignant leva la tête dans notre direction tandis que Ryan et moi restions planté sur le seuil de la porte de la classe.

- Je vous en prie, allez vous assoir, nous invita-t-il, en pointant la seule table encore libre.

Nous nous sommes assis à la table du fond juste à côté de la porte pendant que le professeur écrivait le plan du cours sur le tableau blanc à l’avant de la classe. Tandis que l’enseignant était occupé à écrire à l’avant, de dos à la classe, je déposai mon sac à dos par terre entre ma chaise et celle de Ryan, et sortit mon étui à crayon. Ryan retira sa veste et il l’accrocha derrière sa chaise. J’étais désormais installé, prête à commencer le cours. Le seul bruit qu’on entendait à présent, c’était mon copain qui déposait sans délicatesse ses trucs sur notre table. L’enseignant ignora ce chambardement derrière lui, malgré cela, sa patience avait des limites. Certains élèves jetaient un regard à Ryan et d’autre étaient découragés ou irrité. Je comprenais le message, sauf que lui, il ne voyait rien de ça. Je lui donnai donc un léger coup de coude contre son bras pour le faire revenir parmi nous. Il me regarda, perplexe et inconscient qu’il dérangeait le cours.

- Quoi? me demanda-t-il en chuchotant.

Je lui fis un signe de tête en direction de l’enseignant qui lui, le fixait les bras croisés. Même avec un signe de tête, il ne saisissait toujours pas ce qui se passait. Il finit par comprendre quelques secondes plus tard qu’il dérangeait le cours. Il s’appuya contre son dossier de chaise tout en s’excusant.

- Merci, lui répondit le professeur.

Dès le début du cours, l’enseignant nous informa que nous allions être en laboratoire, ce qui voulait dire qu’il y avait des chances que mon copain mette le feu à l’école puisqu’il était du genre très maladroit.

Malgré le comportement dérangeant en classe de Ryan, je ne pense pas que notre enseignant nous détestait. Cependant, ce professeur n’appréciait pas trop les élèves perturbants qui venaient dans son cours sans porter attention à ce qu’il enseignait. Ryan était l’un de ses étudiants faciles à faire perdre en concentration, alors il lui arrivait à de nombreuses reprises de ne pas écouter toutes les instructions. Heureusement, j’étais toujours là pour lui faire rattraper ce qu’il avait manqué. De ce fait, grâce à moi, nous évitions la catastrophe lors des laboratoires.

Suite aux explications donné par l’enseignant, nous devions maintenant nous lever à tour de rôle pour aller récupérer le matériel nécessaire pour le laboratoire. À notre tour, je me chargeai d’aller à l’avant pour prendre notre matériel.

- Attend, il se moque nous? se découragea Ryan en voyant le document d’une dizaine de pages que je rapportais.

- Ça paraît beaucoup à première vue, mais ça se fera rapidement.

- Ouais, si tu le dis, dit-il en soupirant et en se laissant tomber contre le dossier de sa chaise.

Je le guidai pour les expériences avec le matériel du laboratoire tout en m’occupant d’inscrire les résultats dans le document.

Depuis le début de la relation entre Ryan et moi, il avait commencé à changer pour le mieux, que ce soit dans son comportement devenu plus mature et dans ses notes dans les cours étaient meilleures. Ryan m’a avoué que c’était grâce à moi s’il était devenu plus sérieux dans ses études. Effectivement, je lui donnais amplement d’aide dans ses trucs. Je tenais à ce qu’il réussisse. C’était dans ma nature d’apprendre vite, et j’adorais pouvoir aider les autres en difficulté. Mon encouragement prouvait à Ryan qu’il pouvait y arriver, qu’il n’était pas un moins que rien. Voilà qu’il devenait plus studieux à l’école malgré son manque de concentration et de motivation parfois.

Ryan avait un passé difficile avec sa famille. Quand il avait 5 ans, son père a quitté la maison, abandonnant son fils et sa femme sans argent. Ils ont été obligés d’aller vivre chez la grand-mère de Ryan, et depuis ce jour, il n’a plus jamais entendu parler de son père. Du moins, il paraît qu’il aurait refait surface un jour, sauf que sa mère et lui ont refusé d’avoir un quelconque contact avec cet homme. Ryan m’avait tout raconté dès les premières semaines de notre relation. J’avais eu l’occasion de rencontrer sa mère quelques fois, et elle était une bonne personne qui tenait au bonheur de son unique fils. C’était grâce à elle si Ryan avait un toit aujourd’hui sur la tête et qu’il pouvait se permettre de faire ses études au collège. Sa mère avait travaillé comme une démente pour pouvoir arriver à payer les factures et leur refaire une nouvelle vie.

L’entrée de Ryan au secondaire a été rude. En effet, il a commencé à entrer dans la drogue et il avait de mauvaises fréquentations. Je pouvais facilement m’imaginer à quel point il avait dû souffert de ne pas avoir eu de père pour l’élever. Un jour, ça fini par nous rattraper et nous faire du mal, alors on se met à faire des trucs que nous ne devrions pas faire. Le plus triste, c’est lorsque je compare ma vie avec la sienne, parce que moi je pouvais compter sur mes deux parents. À la place lui, il avait dû vivre dans la misère jusqu’à ce que sa mère trouve un bon job à Albuquerque pour qu’ils puissent se permettent une meilleure vie. Ça m’anéantissait parfois quand je me mettais à penser à ce qu’il avait dû vivre. Malheureusement, c’est ainsi qu’est la vie. Des gens ont moins de chance que d’autre.

Et dire de me famille? En fait, il n’y avait aucun mot suffisant pour décrire l’amour que j’éprouvais pour mes proches. Ils sont toute ma vie. Il y a d’abord Emily, ma sœur cadette. Mes parents ont toujours voulu avoir deux enfants. Sincèrement, c’était le plus beau cadeau que la vie pouvait m’offrir. Sans vraiment le savoir, je pense que j’avais eu besoin de la présence d’une sœur dans ma vie. Nous sommes devenus inséparables dès le jour de sa naissance. Emily est une petite fille de 8 ans formidable aujourd’hui. Je dois dire que mes parents sont extrêmement fiers que leurs deux enfants aient été liés solidement dès le premier jour.

Pour la prochaine étape du laboratoire, l’exercice demandait un mélange complexe et je craignais que mon copain se trompe. Donc, il allait se charger de noter les résultats dans le document pendant que moi je ferai les mélanges.

Mon père était professeur de chimie dans ce collège. On pouvait donc dire que les cours de science était un vrai jeu d’enfant pour moi. J’ai appris du meilleur.

L’exercice des mélanges se déroulaient parfaitement pour le moment. La tête occupée à ne faire aucune erreur, Ryan brisa le silence entre nous deux.

- J’ai de la chance d’avoir une jolie coéquipière pour m’aider dans mes notes.

C’était un compliment ou il cherchait à me déconcentrer? Avant que je réplique, il ajouta :

- Quoi, je n’ai pas le droit de complimenter ma parfaite copine?

- N’essaie pas de me déconcentrer, lui dis-je, gardant toute ma concentration sur ce que je faisais.

- Cet exercice est à mourir d’ennui. J’essaie simplement de faire passer le temps.

Je souris et je me tournai vers lui pour le contempler du regard. Durant ce petit instant où nous nous sommes regardés, je vis le visage de Ryan changer drastiquement.

- Oh mon dieu, attention! m’avertis-t-il.

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