Chapitre 4

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Il faisait encore beau et Jisung ne voulait pas rentrer tout de suite chez lui. Il était vraiment heureux d’avoir passé cette journée avec Minho. Le temps avait semblé ralentir, c’était comme s’il connaissait son nouvel ami depuis toujours.


Sans s’en rendre compte, ses pas l’avaient mené jusqu’au cabinet de sa psychiatre. Il avait sûrement des choses à raconter.


Comme cette dernière n’avait pas beaucoup de patients, il savait qu’il pouvait toujours passer à l’improviste.


Après avoir toqué à la porte, une dame d’environ quarante ans lui ouvrit. Elle avait les cheveux bruns rattachés en chignon derrière la tête. Derrière elle, on pouvait apercevoir un petit cabinet rempli de photo et de tableau représentant la mer. Un jour Jisung avait demandé pourquoi autant d’images de la mer et sa psy lui avait répondu que ça la détendait. Elle avait plus tard admis que c’était parce qu’elle avait une peur bleue de la profondeur des océans et qu’elle préférait voir la mer comme une surface calme et ensoleillée.


Jisung s’assit dans un fauteuil en face du bureau.


« Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers jours » confia-t-il après un long silence.


« Je suis allé au lac et les pensées ont disparu. Et j’ai rencontré un garçon qui m’a offert sa vie. Et je suis allé à la mer. J’ai pensé à vous apporter un petit coquillage pour votre déco. Et je me sens un peu seul, mais pas trop. »


La psychiatre était habituée au discours parfois sans sens de Jisung. Il s’exprimait comme dans ses pensées en associant des idées qui n’avaient pas vraiment de lien.


« Pourquoi les pensées sont elles parties ? »


« Parce que je les ai abandonnées. Elle avait dit que c’était l’heure et je n'ai pas écouté. »


Pas besoin de plus d’explication. La psychiatre savait déjà tout à propos de cette « heure » dont parlait Jisung.


« C’est ce garçon dont tu m’as parlé qui t’as sauvé ? Je devrais sûrement le féliciter en lui offrant des chocolats... »


Jisung se mit à rigoler et il expliqua que c’était exactement ce qu’il avait dit à Minho. Il l’aimait bien sa psy. Elle avait tout compris dès le premier rendez-vous : les pensées, le tourbillon sans fin, sa déconnexion avec la réalité.


Ils pouvaient parler tous les deux sans que Jisung ne se sente gêné ou complètement fou.


« Bon... Je vais rentrer... Mes parents doivent s’inquiéter. Je vous préviens si quelque chose change. Je prends bien les médicaments ne vous en faite pas. Bye ! »


Sur le chemin du retour, Jisung pensait à Minho. Il l’aimait bien ce garçon. Il avait hâte de le retrouver à la patinoire le lendemain. Il pensait aussi à ses parents qui avaient dû s’inquiéter. Il pensait aussi aux pensées, mais moins qu’avant. Il pensait aussi au futur, quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis très longtemps.


Arrivé chez lui, Jisung retrouva ses parents morts d’inquiétude dans le canapé.


« Je suis vraiment désolé, je suis sorti toute la journée avec un ami. »


« Mais enfin Jisung tu n’as pas pensé à nous appeler ? On était mort d’inquiétude ! » s’écria sa mère presque en larme.


Jisung sortit son téléphone de sa poche et se rendu compte qu’il ne marchait plus, sûrement à cause de l’eau du lac.


« Oups... je crois que j’ai fait tomber mon tel dans la mer du coup, il marche plus. Bon merci de vous être inquiété pour moi, je vous promets ça va, demain, je vais à la patinoire avec ce même pote, je vous raconterai promis. »


Et sans laisser le temps à ses parents de répondre, Jisung s’enferma dans sa chambre et s’effondra dans son lit.


.


Minho n’était pas rentré immédiatement chez lui après sa sortie à la plage avec Jisung. Il avait longé les petites ruelles de la ville. Il était heureux. Il n’avait pas osé en parler, mais il connaissait Jisung depuis bien plus longtemps. Ou du moins, il l’avait remarqué. Ce garçon toujours seul et perdu qui suscitait la moquerie de ses camarades. Mais pas de Minho; il avait toujours été comme fasciné par ce garçon. Il voulait entrer dans son monde et s’échapper avec lui.


Minho a toujours eu beaucoup d’ami car il était gentil et drôle. Et puis il avait aussi l’attention des filles, ayant un physique avantageux ce qui faisait qu’il avait toujours été très populaire. Son avenir lui aussi été tout tracé, il adorait la musique et la danse. Il avait même été accepté dans une université des arts du spectacle pour la fin du lycée ayant gagné plusieurs compétitions. Même si sa famille était rarement présente à la maison, elle prenait soin de lui à distance.


Minho, il avait vécu. Et il allait vivre. Maintenant, il fallait aider Jisung à vivre aussi. Jisung le garçon perdu et tellement captivant.


Arrivé devant une petite boutique au couleur pastel, Minho s’arrêta pour regarder les bijoux présentés derrière la vitrine.


« Ces boucles d’oreilles iraient super bien à Jisung » se surprit t-il à penser en rougissant.


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Le lendemain matin Jisung se réveilla tôt et se prépara pour passer la journée avec son nouvel ami. Il était vraiment excité à l’idée de passer une nouvelle journée avec Minho.


Jisung avait pensé toute la nuit au fait de rester ami ou non avec Minho, s’il n’était pas plutôt préférable de rester seul et de partir à la recherche des pensées. À aucun moment Jisung n'avait imaginé que les pensées puissent être néfastes pour lui. Il les avait toujours considérées comme des choses bénéfiques et il semblait naturel de penser à les retrouver.


Mais pas cette nuit. Cette nuit il avait beaucoup débattu avec lui-même et il était arrivé à la conclusion que Minho lui donnait envie de sortir voir le monde. Minho était sa raison de retourner dans le monde de la réalité. Et qu’il fallait en profiter tant qu’il voulait bien l’aider.


.


À 10 h précise, Minho sonna à sa porte.


Les deux garçons se retrouvèrent en souriant.


« Ça va ? » demanda Minho


« Ça va. J’ai trop bien dormi. Ma mère m’avait acheté un nouveau drap beaucoup trop confortable. D’ailleurs, elle était trop contente que je sorte à la patinoire aujourd’hui. Parce que tu vois, je n'y suis pas allé depuis longtemps. Je crois que la dernière fois, c’était il y a 4 ans avec ma cousine. Elle s’est tordu le poignet là-bas... »


Jinsung s’arrêta de parler soudainement se rendant compte qu’il avait commencé à suivre le fil parfois incompréhensible des pensées.


« Et ? Après ? Elle s’est tordu le poignet... » continua Minho qui avait bien vu que Jisung s’était perdu.


« Nan rien ne t'inquiète pas. On y va ? »


Il avait retrouvé son sourire éclatant et les deux garçons se dirigèrent vers la voiture du plus grand.


.


Sans se faire remarquer, la mère de Jisung était à la fenêtre du premier étage et regardait son fils qui montait dans la voiture de son ami. C’était la première fois qu’elle le voyait sourire autant.


Elle était tombée de sa chaise quand Jisung avait demandé à voir un psy. Et encore une fois quand la psychiatre lui avait annoncé qu’il avait besoin d’un traitement. Elle s’était questionnée. « Suis-je une bonne mère ? » « Comment ai-je fait pour ne rien remarquer ? »


Puis elle avait compris que rien n’était de sa faute et qu’elle devait faire son maximum pour aider son fils.


Lorsque les deux garçons quittèrent la route principale et qu’elle ne put plus les voir. Elle sentit son cœur se gonfler de joie. Jisung allait enfin vivre.


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