Chapitre 5
Jisung et Minho chantaient à tue-tête dans la voiture du dernier. Le vent soufflait dans leurs cheveux, mais aucun des deux ne pensaient à fermer les fenêtres. Les deux garçons étaient vivants. La route était calme, car il était encore tôt et personne ne se promenait de ci bon matin dans cette petite ville.
Le trajet jusqu’à la patinoire passa rapidement, les deux garçons partageaient leur enthousiasme en chantant de plus en plus fort. Minho expliqua à Jisung sa passion pour la danse. Il lui avait même proposé de venir le voir dans son cours le soir même. Jisung avait accepté sans hésitation même s’il savait qu’il regretterait peut-être cette décision plus tard dans la journée.
Arrivés à la patinoire, les deux garçons se dirigèrent vers le bâtiment de briques. Jisung n’était pas venu souvent. La dernière fois remontait à tellement longtemps qu’il ne s’en souvenait presque pas.
« Minho... Je ne sais pas patiner en fait... »
Minho se retourna vers lui le sourire aux lèvres.
« T’inquiètes pas, je vais t’apprendre, c’est super facile ! »
Un étranger qui regarderait ces deux garçons marcher côte à côte penserait sûrement qu’ils se connaissaient depuis longtemps, amis d’enfance peut-être. Et en réalité, c’était tout comme. Deux jours, c’était suffisant pour créer des liens. Surtout quand on était seul. Jisung vivait grâce à Minho. Et Minho vivait pour Jisung. Peut-être pas aussi profondément pour le moment, mais peut être un jour.
Et ce jour-ci, ils étaient juste deux garçons qui souriaient.
La patinoire était complètement glaciale, mais le sourire des deux garçons réchauffait l’espace. L’espace était composé d’un grand terrain rectangulaire de glace et tout autours, il y avait des gradins sur lesquels des familles mangeaient des gaufres chaudes à la chantilly. Le terrain était recouvert d’un voile chaud de bonne humeur créé par des rires et des danses parfois difficilement réalisées sur la glace.
Après avoir enfilé leurs patins, Minho tira Jisung par la manche pour le conduire jusqu’à l’entrée du rectangle de glace.
« Je ne sais pas patiner. Tu m’aides hein ? » répéta le plus jeune pas très sûr de lui.
Alors Minho prit la main de Jisung parce que c’était plus facile pour l’aider. Ou alors parce qu’elle tremblait un peu. Leurs doigts n’étaient pas entrelacés, ils se tenaient juste la main comme deux amis. Mais en même temps, ils savaient qu’ils n’étaient pas que des amis. C’était bizarre, on ne pouvait pas vraiment d’écrire leur relation. Ils s’étaient sauvés mutuellement après tout.
Le moment de silence ne dura que quelques secondes. Pas assez longtemps pour que Jisung ou Minho réfléchissent au sens de leurs mains qui se touchent.
Puis Minho s’élança sur la glace. Il aurait pu aller vite, mais ne le fit pas, car Jisung était toujours accroché à sa main, ne tenant pas très droit sur ses deux jambes.
« Le patin, c’est comme la danse, il suffit d’y croire et ton corps bouge tout seul »
Jisung s’accrocha plus fort à sa main, manquant de trébucher sur ses propres pieds.
« Plus facile à dire qu’à faire » murmura t’il dans sa barbe.
« Attend prend mes deux mains, je recule et tu avances. Plie un peu plus tes jambes. Ouais voilà ! »
Après quelques minutes d’entraînement, se tenant toujours aux mains de Minho, Jisung avait finalement réussi à avancer de quelques mètres.
« Bon j’essaie tout seul, je vais y arriver. »
Et il s’éloigna de son ami, avançant lentement vers la barrière à l’opposé du terrain.
Minho le regardait avec fascination s’assurant que le plus jeune ne fasse pas une chute qui l’amènerait à l’hôpital.
« Alors en plus d’être un drogué, t’aimes les mecs ! »
Minho se retourna précipitamment en entendant cette voix qu’il ne connaissait que trop bien.
C’est là qu’il les vit. Ses meilleurs amis. Enfin ses ex meilleurs amis. Celui qui avait parlé était près de la barrière entouré par trois autres garçons.
« Laisse-moi tranquille d’accord. On est plus pote, je n'ai rien à te dire. »
Minho avait été très calme et pourtant, une rage le dévorait de l’intérieur. Il n’avait jamais touché à la drogue, ni même vu de la drogue. Toute cette histoire avait été inventée par le garçon qui se tenait maintenant devant lui.
Il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas ce qu’il avait fait. Un jour, ils étaient tellement proches qu’ils pensaient à passer toutes les vacances ensemble et puis le jour suivant on l’accusait de se droguer. Cette rumeur l’avait juste détruit. Et pourtant, dans son lycée, il y en avait qui se droguait, et en soit ce n'était pas grave dans le sens où tout le monde fait ce qu’il veut. Mais pas pour Minho. Parce que Minho était le parfait exemple que tout le monde voulait suivre. Il faisait de la danse, il était bon en cours, il était beau, il était tout. Et il n'avait pas supporté qu’on lui gâche sa vie comme ça.
Alors revoir ce garçon devant lui là maintenant, il avait envie de lui mettre son poing dans la tête. Peut-être même le frapper jusqu’à ce que le sang coule. Il fallait comprendre. Il n’avait jamais été violent, mais c’était sa vie dont il était question.
Mais avant qu’il n'ai le temps de réfléchir plus longtemps. La tête de son ex-ami fut propulsée vers l’arrière. Et puis une main attrapa la sienne et le tira vers la sortie. Tout s’était passé tellement vite qu’il n’avait pas eu le temps de réfléchir. Mais lorsqu’il sentit le regard de Jisung sur lui, un grand sourire aux lèvres; lorsqu’il comprit que ce dernier souriait parce qu’il venait de frapper quelqu’un et aussi parce qu’il avait appris à patiner, alors Minho senti qu’il n’était pas si seul.
Ils enlevèrent leurs patins en un éclair puis sans se lâcher la main, se dirigèrent en courant vers la voiture du plus grand.
Tout sourire, tellement heureux, Jisung avait commencé à parler :
« T’as vu comment je patinais trop bien whoua ! Et puis le gars moche, c’était qui ? Oh, putain, il était vraiment moche et t’avais pas l’air de l’apprécier donc je me suis permis de le frapper. Ça fait trop du bien ! Nan, mais t’as vu comment je suis devenu un expert en patin, il faudra revenir ! »
Minho avait les yeux sur la route, mais la main toujours dans celle de Jisung. Aucun des deux ne pensait à se séparer. Alors pour le remercier, et parce qu’il n’avait pas les mots, Minho serra plus fort la main de Jisung dans la sienne.
Jisung était heureux. Vraiment. La main dans celle de Minho, son regard vers le paysage et son cœur qui battait encore sous le coup de l’adrénaline. En réalité, il savait qui était le garçon de la patinoire. Il savait qu’il était un des anciens amis de Minho et il avait supposé s’il était celui qui avait créer la rumeur. Alors il était vraiment heureux de l’avoir frappé. Il se sentait redevable envers Minho qui l’avait sauvé. Maintenant, c’était son tour de le sauver.
Jisung était heureux. Vraiment. Mais il savait au fond de son cœur que sans les pensées, il n’était pas vivant. C’était étrange comme sentiment. Mort, mais heureux. Il avait encore besoin de Minho. Alors il allait s’accrocher. Il allait tenir sa main jusqu’à ce qu’elle le tire du puit où il était perdu. Minho sera sa bobine d’or dans le labyrinthe de Dédale.
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