Chapitre 9
Jisung se réveilla quelques minutes après le départ de Minho. Il était encore presque endormi, les cheveux en bataille et les yeux bouffis. Se traînant un peu, il se dirigea vers la salle de bain pour se passer de l’eau sur le visage.
Dans le miroir, il voyait un jeune homme blond qui souriait. Son cœur était complet, car il avait rencontré Minho. Il l’avait aidé, il l’avait sauvé, il l’aimait.
C’est là qu’il les vit. Les médicaments. Sur le rebord du lavabo de la salle de bain. Des médicaments simples et quotidiens, des médicaments que Minho utilisaient sûrement quand il avait un peu mal à la tête.
Jisung n’avait pas eu le temps de prendre ses médicaments sous le coup de l’adrénaline. Il n’avait jamais passé une journée sans les prendre. Qu’est-ce qui allait lui arriver. Jisung était bête. Bête de penser qu’il allait s’en sortir alors qu’il était foutu. Foutu et complètement fou. Il se mit à trembler, ses jambes ne le supportèrent plus et bientôt son corps était plaqués contre le carrelage de la salle de bain.
Comme, avait-il ou les oublier. Comment ? Comment ? Comment ?
C’était trop tard pour Jisung, car la crise avait commencé.
Il pleurait. Il pleurait sans s’arrêter, sans respirer. Sa main avait retrouvé son cou, appuyant suffisamment pour que seul un mince filet d’air atteigne ses poumons.
Il voulait mourir. Il voulait mourir pour que les gens le voient enfin puis qu’ils l’oublient comme s’il n’avait jamais existé. S’il vous plaît, aidez-le. Le ciel est trop lourd à porter sur ses épaules. C’est trop lourd. Il pleurait encore.
Parfois quand y a trop du craque. La, c’était juste la pression. Ce n'étaient pas les pensées. C’étaient peut-être les pensées qu’est ce qu’il en savait.
Il pleurait. Il pleurait parce qu’il n'avait pas envie d’aller bien. Il n’avait pas envie de laisser les pensées.
Il avait envie d’aller tellement mal qu’il finisse par mourir.
Mais personne ne le voyait.
Il était invisible.
Ou le monde était aveugle.
Il était là. Il se noyait.
Il n'avait pas envie de sourire, il n'avait pas envie de rien.
Il voulait juste dormir.
Il était fatigué de la vie.
Il était dans un rêve, il avait quitté son corps : Dépersonnalisation.
Les événements de la veille semblaient irréels, comme une pièce de théâtre qu’il aurait regardée.
Les philosophes diront qu’il faut trouver le bonheur dans n’importe quelles situations. Mais les philosophes ils avaient juste peur d’aller mal et ils se voilaient la face.
Le bonheur, c’est un mensonge. La vie n’est que du malheur avec des pièces de théâtres par-ci par-là.
La salle de bain était bleue.
Ça le faisait rire.
Sa vie était absolument hilarante.
Fuck la vie, il allait bientôt mourir.
Comment avait-il pu oublier ? Comment avait-il pu ou faire des plans pour le lendemain ? Bien sûr qu’il n’aurait pas de futur : il était déjà mort.
Plus là ! Plus là ! Plus là ! Plus là ! Plus là !
Débrouillez-vous tout seul lui, il serait déjà 6 pieds sous terre à se faire manger par les vers de terre.
Jisung s’enfonçait dans la crise, dans cette spirale infernale où il n’y avait plus d’issue. C’était trop tard, il était parti trop loin.
Il avait souri. Et il s’en était voulu. Il voudrait voir couler le sang. Sur son visage, partout. Il ne voulait pas mourir, car il était déjà mort.
Demain, il aura tout oublié. Tout n’aura été qu’un rêve. « N’oublie pas. S’il te plaît, n’oublie pas. Je souffre. Tu dois me voir. Tu es le seule qui peut me voir. Je ne vois plus rien, je pleure. Je souffre tellement. S’il te plaît, n’oublie pas. Le rêve ? La réalité ? S’il te plaît, n’oublie pas que je souffre. Que les pensées sont là. Ce n’est pas un autre monde, c’est ton monde. Arrête de tout dissocier. Je suis toi et tu es moi. Tu souffres. S’il te plaît, arrête de sourire ». Il ne pouvait plus respirer.
« Pour nous, s’il te plaît, n’oublie pas que tu souffres ».
Avec un effort énorme de volonté, Jisung ouvrit les yeux et chercha son portable. Il avait besoin d’aide. Il avait besoin d’aide ou les pensées allaient le tuer.
Ses doigts tremblant appuyèrent avec force sur le numéro de Minho.
Seul le bruit de la sonnerie résonnait dans la pièce. Aucune réponse. Jisung avait arrêté de respirer. Il appuya une deuxième fois. Aucune réponse. Ses tremblements devenaient incontrôlables.
Il essaya une dernière fois. Même résultat.
Alors, lançant son dernier appel à l’aide, il appela sa mère et s’évanouit.
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