Chapitre 10

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Jisung ouvrit les yeux difficilement. Ces derniers étaient rouges et bouffis et il était sûr qu’il restait des larmes coincées entre ses cils. La pièce dans laquelle il se trouvait était sombre. Il ne reconnaissait pas cet endroit. Les murs étaient recouverts d’un papier peint un peu kitsch dont on ne discernait plus la couleur.


Mais il savait. Il savait parce qu’il était venu plusieurs fois. Il savait parce que ce papier peint ne se trouvait que dans deux endroits possibles : chez sa grand-mère ou dans un hôpital.


Alors il se souvint. Il se souvint parce qu’il s’était promis de ne pas oublier. D’oublier qu’il avait fait une crise. D’oublier qu’il était fou et fini. Il pleurait encore. Bien sûr que la crise ne s’arrêtait pas comme ça. Jisung n’était pas le Jisung n’il y a deux jours. Il n’y avait jamais eu qu’un seul Jisung. Il s’était promis de ne pas oublier. « Tu es moi... Je suis toi... Arrête de tous dissocier. N’oublie pas que tu souffres. »


Jisung avait des troubles de la personnalité. Maintenant, il devait se réveiller. Il devait retrouver Minho et faire partir ce côté de lui. Pas qu’il le déteste. Mais ce n’était pas le moment. Il le retrouverait bientôt, comme quand il avait retrouvé les pensées. Parce que Jisung aimait la merde dans laquelle il s’était lui même foutu. Quand tu es seul, il est normal de se faire des amis par soi-même. Et ses amis-là, Jisung les aimait tellement qu’il mourrait pour eux.


Mais maintenant il devait se réveiller.


Il essaya d’allumer la lumière, mais l’interrupteur se trouvait trop loin pour qu’il puisse l’atteindre avec sa main. Heureusement, ses doigts arrivèrent dans le noir à attraper son téléphone posé sur une table à côté du lit d’hôpital.


Son premier réflexe fut de vérifier qu’il n’avait pas de message de Minho. Il l’avait un peu abandonner après leur premier baiser. Il avait dû s’inquiéter pour lui.


Alors il essaya de l’appeler. Il allait lui dire que tout allait mieux. Juste une crise de rien du tout. Le silence toujours le silence. Pourquoi ne voulait-il pas répondre ? Avait-il fait quelque chose de mal ?


Deuxième essai. Cette fois, il y croyait. Peut-être dormait-il encore, il était encore tôt.


« Allô ? »


Mais ce n’était pas la voix de Minho. Mais celle d’une dame mûre qui venait sûrement de se réveiller.


« Allo, je m’appelle Jisung vous pouvez me passer Minho s’il vous plaît ? »


Silence. Encore le silence.


« Je... Minho... Il a eu un accident de voiture...Il est... Parti... » la dame avait éclaté en sanglots derrière le téléphone et Jisung n’avait pas réagit.


C’était sûrement un canular vraiment bête. Comment Minho le garçon le plus vivant qu’il connaissait, pouvait-il être mort ? Alors s’il avait toujours une étincelle dans ses yeux quand il souriait, quand il riait, quand il dansait. Ce garçon qui l’avait amené à la plage, puis à la patinoire ; ce garçon qui avait pris sa main. Ce garçon que Jisung avait promis d’aider une fois qu’il irait mieux.


Minho n’aurait jamais dû mourir. Minho aurait dû vivre, vivre, vivre encore tellement longtemps. Jisung éait le garçon qui aurait du mourir, pas Minho. Pas Minho, pas Minho, pas Minho.


C’était de sa faute. Tout était de sa faute. S’il l’avait retenu, s’il n’avait pas été si égoïste.


Et Minho qui lui avait donné sa vie. Putain ! Putain ! Putain ! Il n’allait même pas mieux ! Minho avait toute la vie devant lui ! C’était quoi ce destin de merde ? Il portait malchance, c’est ça ? Tout ce qu’il touche, il le détruit ? Putain ! Minho était parti. Qu’est-ce qu’il lui restait. Rien. Les pensées n’étaient même pas revenues. Il était seul. Il aurait du être mort et laisser vivre Minho. Minho ce garçon s’il aimait tant.



Il devait être une centaine rassemblé autour de la tombe de Minho. Jisung ne reconnaissait personne. Même pas les parents de Minho. Pouvait-il vraiment dire qu’il avait connu son ami ? Il n’aurait plus jamais cette chance, c’était fini. Il ne connaissait rien de lui, il ne l’avait connu que quelques jours. Même pas une semaine. Pourquoi avait-il l’impression que cela faisait des années qu’il connaissait Minho ?


Il pleuvait encore et des gens pleuraient. Pourquoi pleuraient -ils ? Étaient-ils proches ?


Sa mère à ses côtés lui serrait l’épaule. Elle aussi pleurait. Elle pleurait, car un garçon qui meure aussi jeune, c’est affreux, mais elle pleurait aussi, car elle avait peur pour son propre fils. Qu’allait-il lui arriver ?


Jisung ne pleurait pas, ne pensait pas, ne vivait plus. Il était juste là sous la pluie à regarder un bloc de pierre sous lequel reposait le cadavre de son seul et véritable ami. Son ami qu’il n’aurait plus jamais la chance de voir sourire, ou de l’embrasser. Ses lèvres sur les siennes lui manquaient déjà. Sa main dans la sienne lui manquait déjà. Leurs moments dans la voiture lui manquaient déjà.


Il allait se mettre à pleurer.


Il avait assisté à la cérémonie comme un zombie. On lui avait proposé de faire un speech, il avait dit « Minho c’est le garçon qui était vivant parce qu’il aimait vivre » et la salle, c’était mis à pleurer. C’était vrai pourtant. Mais Minho était mort.


Des discours, des gens qui viennent se serrer la main en te disant, je suis la grande tante au troisième degré, des personnes qui pleurent dans un coin, des gens qui rigolent derrière une coupe de champagne. Décidément Jisung détestait les enterrements.


Une semaine. Une semaine que Jisung n’avait pas quitté sa chambre. Il s’était enfermé la après l’enterrement, laissant seulement sa mère entrer pour lui apporter à manger.


Il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il avait volé la vie de Minho. Il l’a lui avait donné. Et maintenant il était mort.


Jisung ne faisait rien dans sa chambre. Il regardait le ciel pendant des heures en attendant que les pensées reviennent. Mais Jisung était fou et les pensées n’existaient pas mais il attendait.


Une vie. Une vie pour deux amis. Minho avait vécu la première partie et puis c’était au tour de Jisung. Il avait vécu à travers Minho et maintenant il devait vivre pour son ami. Il devait vivre pour Minho.


Ce jour là Jisung sorti de sa chambre. Il pris le bus jusqu’à l’extérieur de la ville. Il se dirigea jusqu’à la salle de danse, celle de Minho. Et il demanda à apprendre à danser. Il allait vivre, et si ce n’était pas pour lui, alors se serait pour Minho. Parce qu’il lui avait offert sa vie après tout.


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