C’est aujourd’hui le jour de mes funérailles.

Assis dans un coin de l’église comme un pèlerin anonyme, Erwan faisait rebondir machinalement cette pensée contre les murs de son esprit en attendant le début de la cérémonie. De nombreuses fois il avait imaginé la jubilation que ce jour singulier lui procurerait. Aussi se surprenait-il à ressentir une étrange sérénité, ponctuée par les échos du personnel de la paroisse qui préparait l’office. Sa calvitie dissimulée sous une perruque, à l’abri derrière des lunettes aux verres teintés, Erwan était sûr que personne ne le reconnaîtrait, ni sa famille, ni ses proches, ni ses collègues. Pourtant l’excitation que devait lui inspirer son imposture ne venait pas.

Il remonta le fil de ces derniers mois.