Salut l'ami
Des bruits de pas se firent entendre à l’entrée de l’église. Les têtes se tournèrent dans un chuchotement discret et l’orgue répandit ses premières notes à travers la nef. La cérémonie commençait pour de bon.
Et toujours aucun signe de Victor. Sans doute ses réunions outre Atlantique étaient-elles trop importantes pour assister aux obsèques de son père ou soutenir sa mère et sa sœur. Ou bien il était en retard… Erwan se demanda s’il ne préférait pas la première option tout compte fait. Au moins Victor n’aurait pas à faire semblant, se dit-il, en regardant le cercueil se diriger lentement vers l’autel.
Il songea au squelette du pauvre type à l’intérieur de la caisse. On l’avait assuré que cet homme était mort de mort naturelle et il n’avait pas cherché à en savoir plus. Avait-il déjà eu le droit à des funérailles ?
Je t’offre les miennes, l’ami… tu as plus que mérité ta couche satinée et ta jolie maison en bois, mais j’ai peur que tu manques de considération hors de tes murs. Pour un peu Erwan se serait laissé aller au chagrin pour cet inconnu déraciné que l’on paradait comme le messie au-dessus des mines graves. Quel genre d’homme avait-il été ? Un SDF ? Un voyou ? La victime d’un accident de la route ? Et celui que l’on appelait Erwan, quel homme avait-il été, au fond ?
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