Il y a bien longtemps, dans le royaume d’Hyrule, plusieurs peuples très différents cohabitaient dans une harmonie presque parfaite. Il y avait des humains comme notre royaume en a toujours connu, et aussi des Hyliens qui leurs ressemblaient en tout point, si ce n’est que leurs oreilles pointues leur permettaient d’entendre la voix des déesses.

Les Gorons, hommes de pierre au tempérament de feu, occupaient les grottes et les pentes de la Montagne de la Mort, l’unique volcan d’Hyrule. Dans les sables du désert, nulle vie ne pouvait tenir très longtemps, mais les sources et les oasis accueillaient les camps des Gerudos, une tribu de guerrières et de voleuses dans laquelle il ne naissait d’homme qu’une fois tous les cent ans. Le ciel était le domaine des Piafs, ainsi que les sommets des montagnes et tous les autres lieux que les peuples terrestres ne pouvaient atteindre. Quant aux Zoras, mi-hommes, mi-poissons, ils habitaient les océans, les lacs et les rivières.

Mais un de ces peuples ce démarquait du lot, les Sheikahs.

Les Sheikahs étaient un clan guerrier, experts du combat, gardiens d’une magie puissante comme d’une technologie avancée, qui leur valaient le respect et l’admiration de tous les peuples d’Hyrule.

Un jour, cependant, un roi cupide et cruel monta sur le trône d’Hyrule et ordonna à tous les peuples de se soumettre. Seules les Gerudos refusèrent.

Le méchant roi fit fermer et surveiller les frontières entre la plaine et le désert, empêchant les Gerudos d’en sortir. Sans aucun homme en vue ni nourriture dans le désert, elles étaient condamnées.

Certaines guerrières habiles rejoignaient la ville par les montagnes au nord du désert, pour revenir le ventre rond et leur sacoche pleine de fruits, de viande séchée et de céréales. C’était une tâche difficile et dangereuse, celles qui se faisaient prendre étaient généralement exécutées ou envoyées à moisir dans une geôle infâme.

En voyant cela, les Sheikahs se révoltèrent. Le roi leur envoya un ultimatum : ils pouvaient abandonner leur science et leur magie pour se mettre au service de la famille royale ou mourir jusqu’au dernier. Quelques Sheikahs acceptèrent et s’installèrent au château. La plupart refusèrent. À la nuit tombée, les soldats d’Hyrule attaquèrent Cocorico, le village des Sheikahs, et massacrèrent ses habitants.

Seuls quelques Sheikahs purent prendre la fuite, menés par un jeune homme que l’histoire nomma plus tard Kohga le Grand. Ces quelques survivants fondèrent le Clan Yiga, dont le nom signifie « peuple libre » dans la langue des anciens Sheikahs. Ils prirent la fuite vers le désert, où les Hyliens ne pouvaient s’aventurer à cause du soleil brûlant. Ils couvrirent leurs visages de masques blancs frappés de leur symbole, un œil rouge vif pleurant à l’envers une unique larme de sang. Des siècles durant, ils vécurent dans l’ombre.

Il fallut deux millénaires avant que la royauté Hyrulienne autorise à nouveau la magie et la technologie des Sheikahs, mais les Yigas refusèrent l’offre et gardèrent leur nom, leur culture et leur emblème.

Grâce à leur magie et leur ingéniosité, ils survécurent jusqu’à aujourd’hui. Et c’est en hommage au premier chef que le meneur du Clan porte le nom de Grand Kohga.

La vieille conteuse referma son livre et posa son regard de feu sur la petite assemblée qui lui faisait face. Les enfants s’extasiaient devant cette histoire, leur histoire. Derrière eux, leurs parents souriaient, le visage caché par de lourds masques blancs.

Au premier rang, Kohga, quatre ans, rêvait au jour où il serait chef de son Clan.

"""Eh ben, ça fait une paye que je n'avais pas touché à ce bouquin ! J'attaque. Ascallion, si tu lis ça, je m'excuse de t'avoir fait lire la vieille version. Elle était vraiment très mauvaise."""