Fumer. Danser. La serrer contre moi. Inspirer. Sentir le Soleil et les fleurs. Ce n'est plus l'été, mais les beaux jours se prolongent. L'entendre rire. Ses cheveux contre ma joue. La chaleur de nos corps embrassés — luminescents.

 Vouloir rester dans ses bras jusqu'à la fin des temps. Chercher les mots pour lui dire.

— Keira.

— Mmh ?

— Tu es ma sauveuse.

 Se trouver maladroit.

— Rien que ça ?

— Je me sens bien avec toi.

 Sentir les larmes me piquer les yeux, sous les rayons éblouissants.

— Moi aussi, Frans. (Elle me presse contre elle. Dépose un baiser dans mon cou, un autre derrière mon oreille, niche son visage contre mon épaule.) J'ai l'impression qu'on se comprend.

— Moi, j'ai l'impression que tu es arrivée au bon moment. Comme une sorte d'ange gardienne.

— Au bon moment ?

— Je crois que j'aurais fait une grosse bêtise, si je ne t'avais pas rencontrée.

 Dire ces mots. Les regretter tout de suite. Douter. De leur véracité, de leur capacité à durer. Craindre le silence qui suit.

— Tu ne dis rien ?

— Je suis émue. (J'entends le sourire à ses lèvres.) Alors... Je ne sais pas quoi répondre. Tu sais, on ne se connaît que depuis quelques semaines à peine. Il y a des choses que je pourrais dire, pour te répondre, qu'il ne serait pas raisonnable de dire pour autant.

— Comme quoi ?

— Soyons raisonnables, Frans.

 Lui parler doucement à l'oreille.

— Tu crois qu'on est raisonnables, là ?

 L'entendre rire, encore. Insister.

— Imaginons... si tu n'étais pas toi, raisonnable, et si je n'étais pas moi — si nous n'étions pas nous : qu'est-ce que tu dirais ?

— Que je suis amoureuse de toi.

 Entendre ce qu'on voulait entendre. Sentir le cœur s'engourdir.

— Mais ça, puisque je suis moi et que tu es toi, je ne le dirai pas.

 Se détacher d'elle pour l'embrasser. Y croire très fort. Je t'aime aussi. Le répéter à chaque baiser. (Car il ne peut en être autrement.) Reprendre une bouffée : tirer sur un joint, s'envoler. La main dans la sienne. Fermer les yeux, se sentir ailleurs. Tellement bien. Peut-être trop pour que ce ne soit tout à fait sincère.