Le messager
Comme émergeant d’un rêve, Brad se redressât pour se remettre au garde à vous. Vite ; trop peu être ; La sensation de vertige et de nausée vint presque immédiatement ; ça il avait finis par apprivoiser. Le malaise psychologique lui était plus difficile à appréhender ; Comme un décalage, l’impression étrange que ces doigts qui se resserraient sur ce que contenait ces mains n'était pas les siens, mais ceux d’un autre.
Il n’y avait plus trace du Prince Vladimir, toutefois il lui avait laissé deux objets en souvenir. Dans sa main droite, il tenait un sceau seigneurial, dans l’autre main un courrier dont l’extérieur semblait imprimé d’un motif brunâtre. Il passa rapidement le sceau à son majeur gauche forçant légèrement pour ajuster le métal souple aux contours de son doigt. Il ouvrit sa veste d’uniforme et passa de qui devait être un sauf-conduit entre les lacets de sa chemise.
Toujours abrutis par l’implantation des ordres, Brad mis plusieurs secondes à comprendre ce que faisait cette goutte vermillon sur le dessus de sa main. Passant ces doigts sur sa lèvre supérieure, Il trouva ces doigts tachés de sang.
— « C’est pas vrai ! » S’autorisa-t-il à voix haute
Les messagers ne faisaient pas de vieux os ; ce faire donner des ordres par le Golem du Tsar raccourcissait le temps qu’on passait sur cette terre. Peu être pas autant qu’un passage sur le front évidemment ; l’ancien soldat était bien conscient de sa chance d’avoir était démobilisé et affecté ici. Combien de ces anciens compagnons d’armes était encore debout ? L’orphelin lui, était conscient de ces années qu’il devait à la protection de la Sainte Russie.
Il n’eut pas à chercher sa mission ou sa destination dans sa mémoire ; elle vint tout naturellement s'imposer dans son esprit. Pas moyen de se souvenir des dernières heures, mais il savait déjà qu’il se rendait à Kazan, de là à Oufa et enfin plus au nord pour éviter que trop de bon soldat ne meurt pour des imprécisions
— « Allez, c'est partie ! On vient vous sauver les miches. »
D’un pas résolu et quasi martial, il s’avança vers son vestiaire. Il était temps de s’équiper. Il se défit rapidement de son uniforme du palais si inconfortable. Celui-ci n’avait pas été taillé pour lui ; La veste aurait été parfaite pour un homme au cou moins large et le pantalon ne lui offrais pas toute la liberté de mouvement qu’il espérait.
Se retrouvant en chemise et chausse, il plia son uniforme avec soin et le rangea sur la dernière étagère de son placard. Avec anxiété, il sortit une grande caisse qui en occupé tout le bas. Le couvercle enlevé il en sort les gantelets et les jambières qui constitué son équipement de sauvegarde. Des modèles bien plus Léger que leur homologue porté pour le combat, mais capable des mêmes prouesses du moins jusqu’a leur rupture.
La règle était finalement toujours la même avec les créations des horlogers, la seule limite à la puissance de leur construct resté la résistance physique des matériaux. Les armures mécaniques du front était tellement solide que c’est leur porteur qui parfois finissait en bouillit, le dos ou la nuque brisée.
Ces quatre pièces d’armure n’avaient pas pour but de résister à une guerre, mais d’offrir un répit ou un avantage momentané à son porteur. En espérant qu’ils se brisent correctement sans blesser leur porteur. Attaché au-dessus de ses sous vêtements, l’ensemble resterait discret. Brad enfila son pourpoint et de haute botte fourrée. Tout en ajustant les protections dissimulées en dessous, il se dit que cette tenue était assez passe partout lui permettre de rester discret parmi d’autre voyageur.
Il sortit une besace accrochée au fond de son placard et entrepris d’en vérifier le contenu. Non qu’il n’en connaisse pas le contenu, mais plutôt pour satisfaire les vielles habitudes de celui qui a déjà connue le dénouement. Une bourse contenant plusieurs roubles entiers et quelques centaines de denga de Novgorod frappé à l’effigie du Tsar ; une vraie fortune pour la plupart des hommes, mais avec la corruption qui s’installé peut à peu parmi les notables et les responsables militaires de certaine région cette bourse pouvait fondre comme neige au soleil.
Un nécessaire d’écriture constitué de plusieurs feuillets, d’une plume, d’un bâton d’encre, d’un autre de cire et de son sceau personnelle. De quoi rédiger des lettres de change auprès des quelques personnes de confiance chez qui Brad savait pouvoir s’adresser au nom du Prince Vladimir.
Il sortit son rosaire accompagné de sa croix russe ; il embrassa avec piété le dos de cette dernière prenant soin à ne pas effleurer la pierre grenat qu’on avait inséré en son centre.
— Au nom du père…
Brad ne continua pas sa pierre à haute voix. Son regard fixé sur le petit éclat de Lux ; L’usage de cette pierre était réservé à leur confesseur exorciste ; un petit éclat de Lux pour absorber l’âme de ceux qui mourrai à sa proximité ; un moyen de les libérer de la damnation d’être piégé dans un autre éclat de roche maudite dans son voisinage.
Brad n’avait que trop vue ce triste manège ; Après chaque bataille, une colonne d’exorciste passé le champ de bataille à la recherche de ces rosaires, les arrachant du coup de ceux qui avait été occis pendant que les hommes de troupe procédaient encore à la curé. Peux être son rosaire sera-t-il un jour ramasser sur son cadavre au bord d’un chemin.
Réfléchir au devenir de son âme s’il venait à pousser son dernier souffle n’était pas réjouissant, mais n’étant pas un combattant d’élite ou particulièrement talentueux en quoi que ce soit, Brad ne risquait pas un destin pire ; se retrouver dans l’un des dreadnoughts de l’empire.
Avoir vue l’un de ces Golems de combat n’était pas donné à tous le monde, des créatures de métal animé par un cœur de Lux contenant une âme de champion comme le Prince Vladimir qui était leur premier représentent. Loin de l’apparence sophistiquée du prince, les Dreadnoughts avait une apparence cauchemardesque et brutal. Les Construct de combat été fait pour durer, leur pilote couteux à instruire et à éduquer. Alors que Les Golems de combat ne s’arrêtaient de combattre que lorsqu’ils étaient mis en pièce, on les réassemblait et on les renvoyait tailler l’ennemi en pièce. Leurs membres rafistolé, griffé, orné d’entrailles d’ennemi en faisait des épouvantails même contre les troupes ennemies le plus aguerri. Une éternité dans le sang et la rage des combats.
Il passa le collier autour de son coup, plaçant la croix entre sa chemise et son surcot pour ne pas risquer de rentrer en contact avec la pierre maudite. Il passa sa ceinture équipée de deux fourreaux, un court dans le dos pour une dague légère, et celui de son épée. Prenant une dague de bonne facture, il en éprouva l'équilibre et la plaça dans son dos de manière à l’atteindre de sa main droite. Puis il sortit son épée encore envelopper dans sa couverture de laine rouge. Il la démaillota avec précaution comme on le ferait pour un jeune enfant. Une épée qui malgré un entretien impeccable raconter son histoire, une garde en croix dont une extrémité avait été briser, un pommeau fendu au bout d’une poignée pour deux mains, une lame raccourcie la ou elle avait été brisé. Cette épée avait accompagné plusieurs bons soldats jusqu’a leurs dernières demeures. Brad en avait hérité de manière brutale, un peu comme tout dans ce monde ; ramassé sur un frère d’arme, littéralement coupé en deux lors d’un assaut. Il l’enfonçât dans son fourreau.
Après avoir fourré un pain dans sa besace, Il la mit en bandoulière, caler sur ces cotes ; Avant de s’emmitoufler dans un grand manteau de laine. En remettant sa chapka grise, Brad se surpris à chercher un objet dans la poche droite de son manteau, sans vraiment savoir pourquoi. Il enfila ces gants de cuir. Le temps du départ été venu, Il ressentait comme un soulagement de partir de ces lieux, comme si chaque pas l’éloigné d’un piège mortel.
Brad pris les couloirs parallèles au limite de la salle du trône, dans lequel de larges niches reprenaient la même lourde décoration de cette dernière ; Couverte d’icône de saint et de thaumaturge dont les dorures renvoyaient en tous sans les reflets des candélabres ; le couloir alterné donc entre l’obscurité et une douce lueur mouvante au gré des reflets des flammes sur l’or des saints hommes.
En suivant les contours torturés de la salle du trône, ces lieux donner toujours l'étrange impression de s'égarer dans un labyrinthe. Un vrai dédale le plus souvent vide de présence humaine. Ce qui permis à Brad d'entendre quelques pas discrets derrière lui. Visiblement son poursuivant connaissez son affaire et les lieux, il avançait en restant hors de vue. Certainement guidé lui-même par ce qu’il percevait des pas de sa proie.
Mais s’il ne cherchait pas à le rattraper c’est qu’il était là pour l’empêcher de rebrousser chemin. Quelqu'un l’attendait plus loin et il sera alors coincé à devoir affronter deux adversaires ou plus. Ce fut donc à contre cœur que Brad se détourna du chemin le plus direct pour se faufiler par une écoutille descendant vers les ponts inférieurs du palais. Certain de se perdre lui-même, Brad savait que son poursuivant allez avoir tout le mal à le retrouver dans le ventre du monstre.
Après avoir descendu la première échelle, il entreprit de descendre plus bas encore par un long escalier de métal entouré de poutres métalliques, de conduite crachant de la vapeur et d’engrenage en mouvement. Une vraie plongée dans la gorge de quelques dragons ou du léviathan. Brad ne se sentait pas l’âme d’un Job, mais il n’avait pas le choix ; son salut viendrait de sa capacité à traverser ces boyaux.
Partout le sol vibrer, les hommes d'équipage s'affairaient à tenir en l'état les machines qui peupler cette espace immense sous le palais. Miroir inversé de la salle du trône qui rythmer le cœur des nobles au tempo des audiences, le vrai cœur de la citadelle était perdu dans ces ténèbres, au fond d'un imbroglio de machinerie, qu'une armée d'horlogers avait créé et désormais entretenait.
À la grande déception de Brad, son changement d’itinéraire n’avait pas échappé à son poursuivant. Ce fut les admonestations d’un technicien qui l’en avertir.
— Qu’est-ce que vous foutez là vous ?
Put-il entendre avant d’entendre un juron en réponse et un bruit de bousculade.
— Ferme là, imbécile !
Les pas derrière lui se transformèrent en course. Son poursuivant certain d’avoir était repéré avait certainement décider d’intercepter Brad. Dégainant son épée, le messager décida de se camper juste après un rideau de vapeur. Il savait que ça lui permettrait de prendre l’avantage de la première attaque. L'exiguïté de la coursive ne laisserais pas beaucoup de choix sur son attaque : prenant sa garde à l’envers Brad compté surprendre l’adversaire d’un coup de taille de bas en haut de manière à déstabiliser son poursuivant, le désarmer et vraisemblablement au coup suivant le tuer d’une lourde estoque pour épingler ce salopard sur sa lame.
La colère de Brad se faisait bouillonnante ; il n’avait aucune idée de qui venait pour lui, mais ce qu’il savait, c'est que ça s’arrêter là. il prit appuis sur ces jambes guettant le mouvement dans le mur de fumées blanches.
— « Là ! » Se dit-il.
Le mouvement fut net, expédier avec une grande maitrise, la lame commença à filer droit fendant les volutes de fumé vers l’ombre qui s’était dessiné en son sein. Brad appuya son geste de toute sa force et ne pu anticiper la masse qui fila droit sur son épée. La boule fit un tour complet autour de sa lame avant que le choc ne se répercute dans ses mains. L’épée lui fut arrachée, valdinguant au sol dans un bruit de tous les diables.
Brad compris son erreur et recula d’un bond ; la masse du fléau d’armes repassa là où aurais été sa tête l’instant d’avant. Son adversaire émergea de le fumé, un petit sourire en coin ; la boule de son arme toujours en mouvement.
Son long manteau noir ouvert pour laisser voir sa boucle de ceinture en argent à l'effigie si connue : un crâne de chien barré d'un balai, symbole de l'Opritchina ; Brad se sentie mal à l’aise comme si le symbole lui évoqué un souvenir, une crainte qu’il ne savait s’expliquer.
L'homme avait beau être grand, sa maigreur lui donné des allures de bête affamé, un charognard que le messager savait ne jamais trouver en première ligne. Pourtant, il était désarmé et l’homme visiblement assez malin pour avoir anticipé sa première attaque.
Brad esquiva encore un mouliné, mais ne savait pas combien de temps il allait pouvoir le faire… Le coup suivant lui indiqua que le temps été passé ; sa jambe prit la masse dans la cuisse. Le cerclage de ses jambières évita à sa cuisse et son fémur d’être réduit en miette.
Malgré la douleur du choc, Il parvint à s’écarter encore un peu. Se rapprochant de l’endroit où son arme avait volé ; En se baissant, il fut soulagé que sa main gauche trouve la garde de son épée du premier coup. Repris ses distances d’un bond.
— Allez soit pas timide ! Le défia l’opritchnik
Il prit une grande inspiration ; impossible de parer un fléau.
— Tu n’as nulle part où te cacher ! Renchérit il
Avant que l’homme ne réduise la distance, Brad s’élança en avant, son épée dans la main gauche. L’homme en noir prépara la même riposte, un mouliné de haut en bas. Brad écarta la lame de son bras gauche, les doigts de la main relâcher. Le fléau le désarma avec facilité.
Le charognard affichait un air de victoire ; puis d’incompréhension en lâchant son arme au sol. Brad avait frappé de sa main droite ; droit au cœur avec sa dague. L’homme s’effondra sur ces genoux.
— Je ne suis pas timide
Brad saisit le rosaire à la gorge de l’homme et lui arracha. La menace devait être claire ; une réponse ou la damnation.
— Qui t’a demandé de m’intercepter
Les yeux de l’homme cherchèrent ceux de Brad, une lueur d’incompréhension
— Tu ne te rappelles pas ? Dit-il dans un râle avant de s’effondrer en avant.
— Ye-bat‘ !
Brad reposa le rosaire sur la tête de ce chien d’opritchnik ; pas question de compromettre son salut pour avoir soustrait une âme au jugement de Dieu. Avec douleur, Brad s’accroupie devant le cadavre, sa cuisse lui faisait un mal de chien. Il ôta l’un de ces gants avec les dents et entrepris de sentir le souffle de l’homme sur ces doigts. Une fois certain que ce dernier été bel et bien mort, Brad retourna son cadavre pour reprendre sa dague ; L’essuie sur le manteau noir avant de lui faire retrouver son fourreau.
Une fouille rapide de l’individu ne donna pas grand-chose, en dehors de ces insignes l’homme ne porté pas de quoi l’identifier autrement que faisant partie de cette meute de soudard que formé l’Opritchina. Brad fourra le rosaire tombé au sol dans sa poche de manteau, avant de ramasser et rengainer son épée. Maintenant, il lui fallait quitter les lieux avant qu’un autre homme en noir ne lui tombe dessus.
Ça lui prit ce qui semblé une éternité pour retrouver un escalier remontant vers une échelle et son écoutille. Il tourna le lourd volant de métal qui libérer les verrous tout au tour de cette dernière ; donnant un coup d’épaule pour que cette dernière se décide à bouger, émettant le bruit caractéristique de la glace qui se fissure. En soulevant le lourd couvercle, Brad reçut au visage une pelletée de neige soufflée par le vent dans l’ouverture. Cette ouverture donnée en dehors des murs du Palais, sur la via crusis qui en faisait le tour jusqu’a l’église de l’intercession. Le froid fut presque le bienvenu, redonnant un coup de fouet à celui qui aurais pu être en bas, gisant dans son sang.
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