Les pèlerins

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Se retrouver au milieu de cette foule de croyant venue prier dans l’une des chapelles construites par le tsar autour du palais avait quelque chose de réconfortant. Bien sûr, certain observait Brad avec une grande méfiance, ne venait-il pas de sortir d’un trou dans le sol comme un diable. Mais ces bons pèlerins restaient pour la plupart tout à leur foi, venue prier pour leur salut, celui de leur proche et s’inspirer avec piété de l’exemple des différents fols-en-christ dont l’histoire leur été contée.

Il s’arrêta devant la chapelle de Procope d’Oustioug

— Soyez bienheureux, vous tous qui vous priez devant l’annonciation d’Oustioug ; Que sa sainte présence puisse, vous aussi, vous prévenir de votre ruine

Procope, le thaumaturge avait vécue de l’aumône, dormant à même le sol, vêtu de haillon de sa conversion à l’Orthodoxie à sa mort. Il fut celui qui annonça au Russ la chute. Les priants, les implorants en pleur de courir se cacher dans des lieux fortifiés. Il resta pourtant jusqu’aux derniers instants au dehors, occupé à prévenir le plus d’âmes du danger plutôt que de sauver sa propre vie.

Brad s’approcha de l’entré de la chapelle, en se gardant de se trouver agglutiné dans la procession de pèlerin. Une fois proche du fronton et de l’une de ces icônes, il y déposa un baisé du bout des doigts.

— Que Dieu me garde des griffes du malin

Il était de tradition de se prémunir des catastrophes en priant Procope. Avoir un saint homme par-devers soi ne pouvait qu’améliorer la situation.

Brad repris sa route, traversant la foule, qu’il savait ne jamais diminuer. Depuis la Chute, Moscou était devenue la troisième Rome, siège de la dernière foi chrétienne. De toute l’Europe on venait ici se convertir et sauver son âme, échapper a l’enfer des papes fous et des démons qui règne désormais aux confins occidentaux de l’empire.

Un petit groupe, le dépasse par la droite. Leur meneur, un jeune page à en juger la bannière qu’il soutenait de son épaule affichée une mine décomposée. Son visage paru vaguement familier au messager. Prudent, Brad se retourna pour s’assurer qu’il n’avait pas de poursuivant ; Pas question de se retrouver mêler à une histoire qui ne le concerné pas, il avait déjà assez de questions sans réponse :

— Tu ne te rappelles pas ? Brad répéta les paroles du mort comme si ces paroles allez l’amener à une révélation.

Un grand coup de vents balaya la ruelle, faisant s’envoler dans les airs des papiers à prière. Brad suivit de l’œil la plus hardie, celle qui s’éleva le plus haut. Elle se détachait malgré sa blancheur sur ce fond grisâtre de blizzard qui soufflé les hauteurs du palais.

— se rappeler quoi ? En espérant qu’à tourner et retourner la question un souvenir lui revienne.

Il en vint à admirer les hautes tours du kremlin et de l'église de l’annonciation, ces tours semblait cyclopéenne, pourtant une pointe s’élevé encore au-dessus d’eux. Le gigantesque bloc de Lux Labis autour duquel avait été construit le palais, titan de cristal aux contours aliénés semblait étendre sa menace sur toutes choses. Ce débris de la comète était à cet endroit précis depuis la chute. Une colonne minérale, tombé du ciel, mais qui avait arrêté ça course sans toucher le sol. Suspendu au-dessus d’un abyme qui c’était ouvert.

— Il ne forme qu’un, abjection de la très sainte trinité ; il est Un ; il est Légion ; venue pour tenter et nous entrainer dans l'abime fit une voie au ton monocorde derrière lui.

De ce que Brad en savait certain fragment de Lux faisait partie d’un tout ; Ce fragment était suspendu là, car un fragment auquel il était relié, se trouver comme à l’équilibre au bout d’une perche invisible. Un grand maitre horloger lui avait raconté qu’ils appelaient ces blocs, les plumes de l’ange. Le palais du Tsar et ces églises était donc inexpugnable, car construit autour de cette plume d’ange déchut flottant au-dessus de l’abyme. Drôle d’endroit où bâtir la troisième Rome.

— Garde nous du mal et ne nous soumet pas à la tentation répondis de manière convenue le messager au prêtre qui avait suivi son regard.

Il observa le petit homme dans sa tunique, un homme assez sage pour être ici, à prier pour le salut de son âme plutôt que de courir le monde d’après la chute. Il posa sa main sur l’épaule de Brad en y exerçant une petite pression.

— Que Dieu te garde mon fils

Le sourire aux lèvres, le frère s’éloigna pour s’enquérir d’autre ouaille peux être plus loquaces ; Brad quant à lui avait une mission à remplir.

Il prit la direction de l'esplanade devant le palais. Arrivé là, il n’aurait qu’à prendre l’un des ballons qui assuré la traversée vers la ville proprement dite. Continuant de remonter le flot de croyant qui se pressé pour pouvoir assister aux vêpres dans l’une des nombreuses chapelles. Brad tourna le regard vers les portes du palais avec une certaine appréhension.

Il resta interdit, planter au milieu de la foule.

Le groupe qui lui était passé devant il y a quelques instants se tenait là, à genoux en train de se lamenter autour d’un corps. La longue trainée de sang ne laissé aucun doute : le corps venait d’être sortie du palais. Un corps aux habits riche ruiné par le sang qui avait coulé de sa gorge tranchée ; un visage livide, son visage sur son lit de mort. Brad se reconnu sans aucun doute possible. Pourtant, c'était impossible ; il était là respirant l’air de cette fin de journée.

Son esprit repris pied, la sensation d’être celui qui gisait là s’effaça comme un mauvais rêves. Le corps sur le sol était un homme blond râblé a la barbe fournie, Brad était brun, athlétique, à la barbe courte. Rien de commun, et pourtant une partie de lui se reconnaissait dans les traits de ce macchabée. Mais son regard resté fixé sur celui devenu vitreux du boyard.

— ... de Karaidel, mes terres m’attendent Ces paroles lui échappèrent, comme un soupir.

Il lui fallait s’en aller d’ici. Il releva les yeux vers la longue trace de sang. Non loin de là, deux opritchniki étaient en pleine discutions animé. Faisant face à la porte du palais comme s’ils attendaient que quelqu’un sorte plutôt que d’en filtrer l’entrée. Ils l’attendaient lui, sans aucun doute possible. C’était son commité d’accueil, La gigantesque machine de guerre à leur côté n’aurais pas laissé un espoir au messager de l’emporter.

— Partir ! Maintenant ! Grommela-t-il entre ces dents comme pour convaincre son corps de lui obéir.

Son corps cessa d’être pétrifier et il se détourna en gardant un œil sur les deux hommes et leur monstre de métal. Peu être Brad, fit-il l’erreur de presser le pas ou la malchance voulue que les cries du page au-dessus de son défunt maitre se fasse plus agaçant, mais les deux officiers en noir levèrent les yeux vers lui à cet instant. Si celui à qui il semblait manquer un œil ne semblât pas le reconnaitre, le doigt immédiatement levé de son comparse indiqua aux jeunes hommes qu’il était temps de courir.

— C’est lui ! Ce cri traversa toute l’esplanade.

L’homme en noir se précipita à sa poursuite ; l’autre ne s’élança qu’après avoir fait de grand signe au pilote du construct et s’être assuré que celui-ci les suivrait. Brad cru déceler un peu d’indécision chez ces deux derniers.

Toutefois, les ordres étaient les ordres. Même s’ils lui avaient donné un peu d’avance, le construct et le borgne se mirent en route pour assister celui qui devait être leur supérieur.

— Faites donc attention ! Lui lançât-on

La foule compacte autour de lui ne lui offrait aucuns abris, pire, c'était un obstacle. Chaque pas en avant le précipité dans les pas d’un pauvre bougre ahuri qu’on puisse se presser d’échapper à la messe.

Encore un coup d’œil derrière lui, l’officier a pénétré la foule avec la même difficulté, les gens se figeant devant l’uniforme à la terrible réputation.

— Place, faites place ! Criait-il, figeant d’autant plus les passants d’effrois.

Le brouillard qui couvrait les extrémités de l’esplanade n’était plus qu’a une centaine de mettre. Brad pouvait espérer avoir encore une chance. Au-delà, perdu dans le brouillard, les escaliers puis les embarcadères.

— Saisissez cet homme ! Entendit-il.

L’Opritchnik, ne sus se faire obéir de la foule, preuve qu’on peut être craint sans être respecté.

— ... Saisissez cette hérétique ! Lança-t-il après une hésitation

— Piz-dets ! Jura Brad entre ces dents.

La foule autour de lui s’écarta comme si le toucher souillerais leur âme. Mais il connaissait son peuple.

Un homme de bonne taille se précipita vers lui, un ouvrier d’une manufacture à en juger par ces vêtements. Brad ne pouvait pas se laisser ralentir, son poursuivant allait reprendre sur lui son avance et il n’aurait plus aucune chance de leur échapper. C’est donc avec regret qu’il attrapa l’un des bras tendu vers lui et fit l’un des gestes cents fois répéter lors de ces entrainements. Poussant le bras d’abords vers le sol, entrainant l’homme en avant et l’esquivant par le côté pour le faire passer cul par-dessus tête.

Le solide gaillard en serait bon pour un mal de dos, mais déjà il tentait de se relever ; Ce genre de type se relevaient toujours. Un autre homme qui tenta sa chance en lui arrivant dans le dos. Son inexpérience et sa maladresse ne lui permis pas d’assurer une prise correcte. Un bon coup de coude dans le foie l’envoya reculer de plusieurs pas.

L’officier était désormais à quelque centaine de pas. Presque sur lui. L’autre avait presque rattrapé son retard. Seule nouvelle rassurante, le Construct avancé à leur suite avec la lenteur qu’on pouvait attendre d’un tel géant ; Rapide au combat, mais balourd dans ces déplacements.

Brad ne voulait pas dégainer son arme, mais une idée lui vin. Fouillant sa poche de sa main gantée, il enroula ce qui s’y trouvé. Ressortant le rosaire de Opritchnik occis dans les sous sol. Brad tendis la main bien haute pour que tous voient l’objet autour de son poing.

— Reculez tous, Je porte cette croix, mais aussi la pierre maudite qui l’orne. Celui que je frapperais avec cela risque aussi le salut de son âme. S'écria-t-il

Dans les faits, c’était peu probable d’arracher une âme avec un bloc de lux, mais même le risque minime d’être corrompue devrez les tenir éloigné.

Brad n’eu qu’à faire un pas vers la foule pour qu’elle s’écarte. Il se lança alors à toute jambe vers les embarcadères ; l'homme en noir certainement sur ces pas, mais il n’était pas question de se retourner pour s’en assurer. Le froid de l’air ambiant brule ses poumons. Les escaliers sont devant lui et les formes oblongues qui émerge du brouillard sont enfin à sa portée. La foule se réduit en de mince colonne, celle offerte par la partie des marches dégagée de toute neige par le piétinement incessant.

Le souffle derrière lui est devenu bien trop présent ; Quelques choses qu’il ne voulait plus sentir, qu’il exécrait ; Qui le mettait en colère, car il ne connaissait pas les motivations de ces poursuivants. Serrant le poing, il se retourna d’un coup, le bras tendu afin d’asséner le coup le plus fort possible. La sollicitation forte sur les fixations déclencha comme il espérait l’équipement de son bras, augmentant la puissance de son bras et cueillant son poursuivant à la volée.

Le choc fut rude, le dos de la main de Brad s’enfonça dans sa pommette qui émis un craquement sinistre. Le corps de l’homme, entrainer par sa course et le coup finit sa course dans le garde corps en bois bordant l’un des escaliers. Le messager acheva de tourner sur lui-même, pour se précipiter à la droite de l’opritchnik, là où se trouver la rambarde de l’escalier et la congère qui s’était former avec le blizzard.

Pour descendre pas besoin de marche.

La descente fut presque agréable pour Brad. Un instant, il remplaçât la peur de mourir par celle plus enfantine de la décente d’une pente enneigée. Impossible de freiner sur l’épaisse couche de glace bleuit sous l’effet des vents violents, mieux valait de toute façon arriver vite en bas. Sur l’escalier, les regards alternés entre l'étonnement et l’amusement : qu’est ce qui pouvez passer par la tête d’un casse coup pareil devait-il se dire.

La congère s’interrompant à une plus d’une verste du sol, l’atterrissage fut rude. Il préféra exécuter une roulade plutôt que de se réceptionner à plat ventre, mais lancé a cette vitesse, il ne put que faire une demi roulade avant de prendre l’impact en rebondissant sur les fesses. Malgré le lourd manteau, le cuir de sa besace, la douleur fut foudroyante, lui coupant la respiration, la maitrise de ces jambes et surtout le plaisir de la glissade.

— Va me le chercher... je veux sa tête

Au-dessus de lui, l’opritchnik perdait visiblement son calme. Tournant là tête vers lui, il pût le voir s’égosillant sur le garde corps, tourné vers son comparse, lui criant sa rage accompagnée de filet de salive qui malgré la distance et la brume apparaissait teinter de rouge. Brad souri, car visiblement l’autre n’était pas décidé à aller plus loin malgré l’effrois dont semblait le remplir son supérieur. Ce dernier se retourna vers Brad et lui ôtât toutes envies de sourire. La face de l’homme était horriblement marqué là où Brad l’avait frappé, comme si ces chairs c’était décomposés, ratatiné, laissant un trou d’où s’écouler du sang et une éruption de salive. Il pensa enfin au rosaire, à son éclat de pierre maudite, réalisant les effets du contact de la roche sur un homme peu vertueux.

Derrière l’homme en noir, une masse se dessina dans la brume, le construct. Le sol commença à vibrer, il avançait désormais à pleine vitesse détruisant le sol à chaque impact de ses énormes pieds pachydermique. Il comprit que jamais ce tas de ferraille n’allait pouvoir s’arrêter au garde corps ; Il comprit que cette machine de guerre n’avait aucune intention de s’arrêter à ce fichu garde corps.

L’un des pieds se souleva pour écraser l’élégant bastingage et lancer le suivant dans le vide. Brad se releva au mème instant conscient qu’il devait à nouveau courir. L'impact derrière lui fut violent, la grande plateforme de l’embarcadère se mis à ployer sur le poids du construct bien trop lourd pour elle. Devant le messager, une demi-douzaine de navette aux cabines baroques était arrimée sur la vingtaine de docks disponibles. Leur ballon flottant parmi les volutes des nuages. Sur le côté de chaque cabine de grande roue enserrer les câbles guides assurant la motricité de l’ensemble.

Les vibrations reprirent, le construct c’était relevé et la foule courrait en tout sens pour lui échapper. Il fallait trouver une échappatoire. Les portillons de l’un des docks avait été fermé. Cette navette-là devait être sur le départ. Peux importe sa destination. Les techniciens regardaient le monstre de métal s’avancer vers eux. Incapable de comprendre que sa cible leur passé à côté. Le bruit de la machinerie de la navette la disputée à celle de la créature de métal derrière lui. Le ballon s'élançait dans le vide

— hé ! Non ! Il est partie !

Prenant appuis sur le portillon, Brad fit un saut désespéré, sautant au-dessus d’un abyme seulement peuplé de noir nuage et de lueur diffuse. L’espace entre lui et la navette ne semblait pas vouloir se réduire. La chute était-elle évitable ? Un coup de vent sembla tirer le ballon vers lui, ou le ralentir un peu. Assez pour lui redonner un peu d’espoir. L'atterrissage fut bien plus doux qu’il ne s’y attendait, il s’accrocha au bastingage de la cabine et l’enfourchât dans la foulée. Sa malchance l’avait elle quitté. Les passagers autour de lui le regardé tous avec un air d’effroi, peux être, s'était-il, imaginer ce que sa chute aurais été.

— Vous allez bien ? Finis pour lui demandé une femme entre deux ages

— Oui, mais j’ai vraiment cru le louper

— À vous voir, on croirait que vous avez le diable aux trousses.

— C’est à peu près ça. termina Brad en se tournant vers l’embarcadère qui s’éloigné

La forme du construct à l’arrêt était bien visible, impossible pour lui de suivre le messager plus loin. Il fut rapidement rejoint par deux silhouettes à taille humaine. Dont on ne discernait plus que la couleur de l’uniforme : noir.

De grande bourrasque font grincer la structure, écartelé entre le câble et le ballon qui la soutient gonflé d’air chaud. Des bruits sinistres qui faisait se signer plus d’un voya­geur laissant à dieu le choix de leur lais­ser quelque instant de plus à vivre. Brad lui regardé le Kremlin s’éloigné, en observant toute la beauté en cette fin de journée. Tous au tour de la navette les nuages semblait s’irisait à la lueur du couchant, donnant au tableau une touche d’irréelle.

Un monstre d’acier et de bois agrippé à la partie centrale d’une titanesque roche écarlate ; Flottant parmi les nuages de vapeur qui remonter de l’immense fissure dans la terre qu’était Moscou. Seul les monstrueuses hélices en dessous du bâtiment disperser cette nuée et permettait au palais de ne pas se perdre dans ce brouillard. Au-dessus de ces hélices, le ventre de la bête, capara­çonnons de plaque de blindage hérisser de canonnier et de coursive protégeant les ballons et les machineries assurant la sustentation de l’édifice géant. Le tout surmonter des plate-formes et des tours du palais. La Kitejh du Tsar Ivan n’avait rien à envier à son modèle mythique. Si la Kitejh du mythe pouvait à dessin dispa­raître sous les eaux de son lac, celle du Tsar pouvait disparaître dans les cieux ou s’enfoncer dans le gouffre quelle surplomber jusqu’aux profondeurs in­fernales.

Mais déjà le flux de vapeur ré-envelopper le ballon navette et commencer à le se­couer, l’emportant par l’action de ces courants ascendants dans une turbulente course. Brad se retourna et pria lui aussi.

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