Chapitre 1

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Une épée en bois heurta le pantin fait de la même matière. Le bruit résonna un peu dans la clairière. L’arme tombe au sol. Un jeune homme se laisse tomber à côté de celle-ci. Il observa l’épée, bien que tordue et abîmée, elle se révélait assez fonctionnelle. Il n’avait pas réussi à la tailler parfaitement.

Il observa le pantin qui lui aussi était un peu douteux. Oriel soupira, laissant tomber sa tête sur ses genoux. Ses longs cheveux verts, relevés en une queue-de-cheval, glissèrent sur son épaule gauche. Il aurait aimé avoir un mentor pour l’aider à apprendre plus rapidement le maniement de l’épée. Se contenter d’observer Gasran s’entrainer, ne semblait pas suffisant.

Cependant, il ne se voyait pas déranger quelqu’un pour lui demander un tel service. Il n’avait après tout rien à lui offrir en retour, n’ayant ni argent, ni réel bien. Et au vu de ses capacités actuelles en combat, il y avait peu de chance qu’un maitre d’arme accepte de se déplacer jusqu’au petit village pour l’instruire. Il finit par se redresser et frotta sa longue tunique pour en enlever la poussière. Il ramassa son épée et reprit le chemin vers le village.

Il s’arrêta à la rivière, pour se laver. En se penchant au-dessus de l’eau, il croisa son reflet, observant un instant ses yeux violet qu’il avait hérité de son père. Son géniteur n'avait pas été présente très longtemps dans sa vie, seulement quelques années, et après la mort de sa mère, l’homme avait cessé de venir le voir. Il se rappela ce fameux jour où il l’avait compris. Ce jour même où Gasran, son actuel tuteur, l’avait recueilli.

Oriel était assis sur les quelques marches en bois menant à sa maison. Il attendait. Cela faisait plusieurs jours à vrai dire qu’il attendait. Cette dernière semaine n’avait été qu’alternance entre sommeil et attente. Une attente inutile, mais à laquelle il se raccrochait désespérément.

Quand son père viendrait-il le chercher ? Voilà ce qu’il attendait. Son père. Mais cet homme ne viendrait pas, il ne viendrait plus. Plus depuis la mort de Rosane, la mère du garçon. À la place, ce fut un homme proche de la cinquantaine qui se présenta devant l’enfant, au bout de cette semaine interminable d’espoir vain.

  • ” Il ne viendra pas, petit. ”
  • ” Si, j’en suis sûr, papa va venir me chercher et il m’emmènera avec lui dans sa maison. ”
  • ” Non, petit. Tu ne lui est pas utile actuellement. Pourquoi viendrait-il te chercher ? ”
  • ” Mais, c’est mon papa. ”
  • ” Même s’il s'agit de ton père. Il a des choses bien plus importantes à faire que de s’occuper du gamin d’une simple maîtresse. Les enfants illégitimes ne bénéficient pas du même traitement que les enfants légitimes“

Des larmes coulaient sur les joues de l’enfant. “ Il ne viendra pas. ”, ses mots résonnaient dans son esprit comme une sentence irrévocable. Il ne lui était pas utile. Le garçon pleura ainsi pendant un long moment, l’homme l’observait en silence. Il savait qu’il avait été dur avec le plus jeune, mais s’il ne l’avait pas été, le petit serait toujours là à attendre avec un espoir vain et illusoire de voir son père arrivé un jour. La seule chose qu’il avait pu faire pour aider l’enfant était de briser cet espoir inutile. Après tout dans ce monde, l’espoir n’était pas d’une grande utilité.

Quand le petit se calma un peu, l’homme lui offrit une main et l’emmena avec lui. “ Je vais veiller sur toi jusqu’à ce que tu puisses te débrouiller seul. “, lui avait-il dit.

Plus tard, il s’était décidé à prouver sa valeur à cet homme d’une manière ou d’une autre. C’était pour cela qu’Oriel était bien décidé à devenir un chevalier reconnu, de cette façon, il aurait enfin le moyen d’être reconnu par son père, comme un enfant utile, et ce, malgré son statut d’enfant illégitime. De plus, être chevalier, lui permettrait, de pouvoir retrouver ce père, qui lui était presque inconnu.

Il serra un instant le pendentif autour de son cou, seul souvenir de sa mère. Une petite fiole, contenant un morceau de bille brisée. Il était très précieux pour lui. Le jeune homme secoua vivement la tête avant de terminer son bain et de se rhabiller après s’être séché.

Arrivé chez lui, il rangea l’épée dans un coin de la pièce. Il récupéra un morceau de pain et un peu de confiture qui lui avait été offerte, il se prépara une tartine et la mangea. Ces pensées divaguaient ci et là, cherchant ce qu’il pourrait faire pour améliorer sa technique à l’épée. Quelques coups frappés contre la porte le sortirent de ses pensées, alors que la porte s’ouvrait déjà.

Un homme grand et bourru apparut sur le seuil. Il trouva le regard d’Oriel et le salua d’un signe de tête avant d’entrer en fermant la porte derrière lui.

  • “ Bonjour Gasran. Comment vas-tu aujourd’hui ? ”
  • “ Aussi bien qu’un jour de payement des taxes peut l’être. “

Oriel fit une grimace, se demandant s’il n’aurait pas mieux fait de se taire. Son interlocuteur semblait déjà bien assez de mauvaise humeur comme ça, bien que ce soit un peu toujours le cas.

  • “ Tu venais me voir pour quelque chose ? “, tenta-t-il pour changer de sujet.
  • “ Oui. Tu penses que tu pourrais passer à l’orphelinat pour les aider dans leur grand nettoyage avant l’hiver ? Une paire de bras en plus ne serait pas de refus. “
  • “ Oui, bien sûr. Sans problème. “

Gasran le remercia d’un signe de tête. Il observa un peu la pièce et remarqua l’épée posée dans un coin.

  • “ Tu as toujours cette babiole en bois ? Je vais commencer à croire que tu souhaites apprendre à manier l’épée. “

Oriel se raidit. À cet instant, il pourrait demander à l’homme de l’aider, puisque le sujet était à portée de main. Ce dernier était après tout un ancien chef de la garde impériale, rien que ça ! Mais Gasran était déjà très occupé avec son rôle de dirigeant du village, il avait assez de problèmes comme ça. Cela aurait bien aidé le jeune homme, mais avait-il le droit de déranger l’homme avec une demande si ridicule.

Ce dernier avait déjà été assez aimable pour l’accueillir chez lui et l’élever après le décès de sa mère. Oriel ne voulait surtout pas être un fardeau pour lui. Le seul souci était que Gasran était sans doute la seule personne à qui il pourrait demander de l’aide pour son entrainement. Le village était bien trop petit pour abriter une caserne de mercenaire et n’avait même pas sa propre forge, ils étaient obligé de passer par la ville voisine, qui se trouvait à une semaine de marche, pour toute demande de ce genre.

  • “ Oh, c’est juste une déco un peu ratée, que j’avais tenté de sculpter, rien de plus. “, répondit-il rapidement pour ne pas retenir l’homme trop longtemps.
  • “ Je vois, tu t’amélioreras avec le temps. “

L’homme se redressa et après l'avoir salué, sortit de la maison. Oriel laissa tomber sa tête sur la table. ” Ce n’était pas le bon jour pour lui demander ? ”, pensa-t-il. Finalement, il n’avait pas eu le courage de le lui demander aujourd’hui encore…

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