Chapitre 9: Paiement

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– Bon. Plus le choix. Mon petit Wen, je sais pas d’où vient ton bas de laine mais là, j’ai besoin de fric et vite. Joe alluma sa machine et lança Electrum. Il importa le wallet en utilisant la combinaison de mots du fichier de Wen et Bingo! Les cinquante trois bitcoins étaient là et bien disponibles. Deux millions d’euros à portée de clic. C’était trop beau. Il jouait avec le feu évidemment et il le savait très bien. Après tout, les propriétaires du pactole avaient probablement tué Wen et cambriolé la maison pour le récupérer. Mais un danger imminent est plus effrayant qu’un danger à venir. Joe n’y réfléchit pas à deux fois et approuva la transaction.

Malheureusement, les Serbes ne prenaient pas les bitcoins, Ils utilisaient des virements classiques. Joe devait virer l’argent sur des comptes qu’ils avaient ouvert avec des faux papiers et qui ne restaient actifs que quelques jours, généralement dans des pays de l’Est. Ce procédé était dangereux, il ne pouvait évidemment pas virer l’argent depuis ses propres comptes belges et il l’avait appris à ses dépens. Joe ne s'était fait coincer qu'une seule fois.

Il y a quelques mois, les flics traquaient un réseau de trafiquants d' héroïne. Pendant leur enquête, ils avaient arrêté une petite frappe turque qui lui revendait du shit. Le compte en banque de Joe s’était retrouvé dans ses relevés bancaires. Cinq cent euros ne représentait rien dans l'enquête, un tout petit poisson dans l’océan du crime. Mais Il avait suffit aux flics de se baisser pour le cueillir. Après tout, la police, comme beaucoup d’autres organisations, fonctionnait au chiffre. La juge avait suivi l’avocat de la défense et estimé qu’une première offense ne méritait pas de détruire la brillante carrière d’un futur bachelier en communication. Par chance, il n’avait écopé que de quelques jours de travaux d'intérêt généraux et quelques séances de narcotiques anonymes. Le déshonneur et la honte familiale avaient été offerts en prime. Après sa mauvaise mésaventure, Joe n’avait aucune intention d’arrêter ses petites affaires, mais on ne l’y reprendrait plus.

Pour mieux dissimuler ses transactions financières, il avait ouvert un compte en Banque à Hong Kong à travers un homme de paille trouvé sur Discord. Pourquoi Hong Kong? Ce pays ne partageait pas les informations bancaires avec la Belgique, bien sûr. Donc, Il lui suffisait d’envoyer les bitcoins sur un échange de crypto-monnaies hong-kongais, de les vendre et de virer l’argent sur son compte numéroté à l’agence HSBC de la Hennessy Road de Wan Chai et de le transférer sur le compte des Serbes. Cette petite combine fonctionnait très bien et lui permettait de facilement dépenser son argent illégal grâce à la carte de crédit sur son compte, avec une limite généreuse de cinquante mille dollars. Il envoya d’abord trente mille au albanais et deux cent mille sur son compte à Hong Kong. Il finit par envoyer 30 Bitcoins sur un wallet différent juste au cas où il viendrait à perdre l’accès ou si quelqu’un venait à découvrir le wallet. Il appela Dardan.

– On avait dit dix-mille, juste?

– T’es un petit marrant.

– Je t’en ai envoyé trente, désolé pour le retard. Les kits sont enfin arrivés. Tu peux venir les chercher quand tu veux. C’est pour moi, Je te les offres comme preuve de ma bonne foi. désolé du retard. Toujours garder les Serbes contents pensa-t-il.

– Un plaisir de faire du business avec toi. J’enverrai quelqu’un chercher les caisses.

******

Il était 3 heures du matin. Joe n’avait pas fait grand-chose de la journée comme à son habitude. Il n'avait pas vu Géraldine depuis quelques jours, elle était coincée dans des projets de groupes et avec ses amis scouts. Il avait surtout dépensé pas mal d’argent en ligne ces derniers temps. Nouvelle console de jeux, Un abonnement premium à Pornhub et trois milles euros de crédits sur Livejasmin, parce que pourquoi pas? Il avait dîné seul dans une steakhouse. Il pensait emmener Géraldine en weekend à Bruges et flamber un max. Joe termina sa journée par un cinquième gros pétard en regardant un Le Fugitif avec Harrison Ford. Richard Kimble venait de disparaître dans la parade de la Saint Patrick quand on tambourina à la porte.

– Putain ces connards de serbes. Ils font vraiment chier ils viennent à n’importe quelle heure dit-il à voix haute.

Il ouvrit la porte et sans avoir le temps de comprendre, deux ombres se jetèrent sur lui, lui mirent un sac sur la tête, le poussèrent par terre et lui ligotèrent les mains et les jambes. Les deux kidnappeurs le soulevèrent comme un tapis et le jetèrent dans la camionnette qui attendait le contact allumé. Rien de tel que de se faire kidnapper en pleine nuit à moitié endormi et à moitié défoncé. Il essaya de crier mais son bâillon l’en empêchait. Pressé dans le van, toujours le sac sur la tête, pieds et poings liés, il avait compris qu’il avait perdu. Ceux qui avaient zigouillé Wen, l’avaient trouvé. Avec de la chance ils le tueraient tout de suite, mais il allait devoir parler avant. Il avouerait tout tout de suite, pas de raison de se faire torturer. Il eut une pensée pour Géraldine, la seule qui avait cru en lui qu’il allait vraiment décevoir. C’était peut-être mieux ainsi, Il n’avait jamais compté lui offrir ce qu’elle voulait vraiment. Finalement, il s’endormit paisiblement bercé par les vibrations de la voiture.

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