Chapitre 18: Sabrina

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**** Chapitre au contenu sensible****

ABDEL

Sabrina errait dans Bruxelles, cherchant désespérément à rejoindre l’auberge de jeunesse qu’elle avait réservée sur Booking mais qui semblait introuvable. Quand la voiture des quatre jeunes s’arrêta, elle y vit un signe du destin, ou peut-être simplement un moyen d’échapper à la froideur de la nuit. Les quatre acolytes venaient de passer une soirée dans la capitale, traînant leur ennui de bar en bar.

D'abord réticente, Sabrina se laissa peu à peu convaincre. Il trouvèrent les mots adéquats et la petite étrangère leur donna volontiers sa confiance, cette foi naïve qu’elle accordait à l’humanité, celle qu’on apprenait seulement aux jeunes filles dans les écoles catholiques irlandaises. Ils la firent monter dans leur voiture, lui promirent de la ramener, après un dernier verre. Sabrina, engourdie par la fatigue et un soupçon d'alcool, se laissa bercer par leur promesse. Ils savaient où aller faire la fête, ils la rameneraient saine et sauve, ils voulaient lui montrer le vrai Bruxelles. N’est-ce pas le rêve de tous les backpackers ? N’est-ce pas cela la sérendipité promue à coups de hashtags sur Instagram ? En toute honnêteté, elle dû se forcer à faire confiance à des maghrébins. Mais elle allait le prouver, les étrangers n’étaient pas tous des monstres.

Le trajet, d’abord jovial, vira rapidement à l’oppression. Les rires se firent plus lourds, les mains se faisaient insistantes. La conversation dérapa en sous-entendus gras. Sabrina, malgré son mauvais français et son malaise croissant, n'eut pas la force de protester tout de suite. Arrivés à Tubize, bien loin de l’auberge promise, ils la conduisirent dans un appartement sordide. Là, la réalité s’imposa à elle avec la violence d’un coup de poing au ventre. Ce ne serait pas une soirée comme les autres. Jawad fut le premier à entrer dans la danse. Elle était déjà bien saoule quand, il lui força à reprendre des shots de vodka premier prix. Il l’entraînat ensuite dans la chambre jouxtant le salon. Il mit d’abord ses mains sur ses seins et lui arracha un baiser. Il rentra sa langue dans sa bouche et elle sentit immédiatement la lourdeur de son haleine. Les dizaines de cigarettes, la bière séchée sur les poils de sa moustache et l’oignon et la sauce à l'ail du Kebab qu’il venait de manger. C’est après cet horrible baiser qu’il sortit son sexe et lui ordonna de le mettre en bouche. Elle tenta de refuser mais une baffe bien forte et bien placée suffit à la faire obéir. Ensuite, Il lui arracha ses vêtements et la jeta sur le matelas éventré placé à même le sol. C’est là, entre les bouteilles en plastique remplies de cigarettes et les cannettes de bières écrasées et à moitié vides, qu’elle se fit violer pour la première fois. Quand il eut terminé, il lui tapota la joue de la main et invita les suivants.

***************

Ce matin-là, Abdel se trouvait simplement au mauvais endroit, au mauvais moment, traînant avec ses comparses dans un parc de la ville. Jawad, après son méfait, avait quitté l’appartement et, comme à son habitude, les avait rejoints pour une nouvelle journée de combines. Mais ce matin-là, la police ne tarda pas à retrouver Jawad. D’abord, il avait donné son vrai prénom à Sabrina, ensuite, il était déjà bien connu des services de police, et enfin, il lui avait laissé son véritable numéro de téléphone. Le retrouver fut un jeu d’enfant.

Les policiers étaient accompagnés de la jeune femme, qui reconnut Jawad immédiatement. Et dans le doute, elle crut reconnaître Abdel parmi les complices. Abdel fut embarqué sur-le-champ. Pour la police, il faisait un coupable parfait : un jeune arabe avec un passé trouble, un profil idéal à accuser. Lui et sa bande étaient de toute façon dans le collimateur des forces de l’ordre depuis un moment, responsables de la montée des violences autour de la gare. Cet événement fut l’excuse rêvée pour mettre fin au développement criminel du groupe d’Abdel.

Le juge des mineurs n’eut aucun mal à le condamner. Un sauvage de moins dans les rues de Tubize, voilà ce qui comptait. Peu importaient les éléments présentés par son avocat, peu importaient ses supplications clamant son innocence, la décision était prise : un an en maison de correction.

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