L innocent

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Velrak contemplait son oeuvre. Le jeune captif était attaché à l'autel, incapable de faire le moindre mouvement tant les liens étaient tendus. Des runes de sang tracées au plus profond de sa chair recouvrait son corps.

Cette fois ci, le seigneur de la nuit allait prendre son temps. Ce jeune innocent allait devoir prouver sa valeur avant d'être sacrifié. Velrak invoqua son dieu en recouvrant de terre sacrée chacune des runes qu'il avait tracée. A chaque fois, Yunus s'arquait de douleur, les liens de cuir mordant sa peau, et hurlait toute sa souffrance. Les runes s'assombrirent puis se mirent a luire comme la lave en fusion. Yunus perdit conscience.

Velrak écrivait à la grande prêtresse. La rebellion est anéantie, tous les hérétiques ont été sacrifiés à la gloire de Ghenhorrott, pour la paix des Borgias. Soyez assurée que la crainte jugulera les masses inférieures pendant un bon moment. Il tendit la missive cachetée à Gwyrf.

***

Velrak monta à la tour haute , déverrouilla la lourde porte du cachot. Yunus était recroquevillé dans le coin le plus éloigné, amaigri, une barbe bouclée cachant ses traits. Loin du soleil, sa peau avait perdu tout son éclat et les runes rougeoyantes contrastaient avec sa pâleur.

Velrak lui tendit un plateau recouvert d'un tissu. Le prisonnier jeta un coup d'œil inquiet à son tortionnaire, et se décida à regarder ce qu'il lui apportait. Un bol rempli de liquide écarlate réfléchissait la lueur de la pleine lune.

- Le sang de vierge te redonnera des forces, je te conseille de le boire tant qu'il est chaud, ce sera plus efficace.

Pris d'un haut le coeur inextinguible, Yunus tenta de reculer. Velrak le saisit par le col, lâchant le plateau. Un bref éclat de victoire illumina ses yeux.

Le bol se brisa, mouchetant de rouge les guenilles du jeune homme.

- Je te briserai , tu ramperas à mes pieds pour réclamer que je te nourrisse. Les hommes sont faibles, et tu es le plus misérable d'entre eux, toi, qui les a conduit à la mort aussi sûrement que si tu les avais égorgés de tes propres mains.

Il laissa Yunus choir au sol et sortit.

Le prisonnier rampa à l'autre extrémité de sa cellule. Il guetta le bruit des pas de Velrak qui s'éloignait. Il attendit ce qui lui sembla être une éternité. Puis il dégagea une des pierres au ras du sol. Il prit le cadavre à demi rongé d'un rat et se força à en consommer un peu.

***

Velrak était assis devant son bureau. Le parchemin déroulé portait le sceau des Borgias.

- J'avais raison, Gwyrf. La prêtresse me félicite pour la docilité des habitants de mon fief. Et toujours aucune allusion au prophète. Elle sait très bien que je l'ai gardé en vie, malgré les ordres reçus. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne débarque ici avec le conseil.

Mais cela n'a plus d'importance , la nuit prochaine, j'aurai ma réponse. Le prisonnier a résisté toutes les corruptions, il est resté pur.

Gwyrf hocha vigoureusement la tête pour approuver son maître et continua à soigneusement nettoyer les plumes d'écriture. Son maitre ne vit pas le rictus qui un bref instant avait tordu ses lèvres.

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