Cher Lecteur perspicace,

Accroche-toi bien à ta chaise, car ce que je vais te révéler est un extrait de notre odyssée où l’Impérator Enlil, ce titan de la démesure, prit une décision à la fois désespérée et empreinte d’un courage rare. Au cœur de son sanctuaire personnel, où chaque relique, chaque ornement, vibrait d’un passé glorieux, Enlil se trouva plongé dans une tempête intérieure. Oui, mon précieux, ce sorcier, souvent perçu comme inébranlable, se confrontait à ses angoisses.

Imagine une pièce où le temps semble s’être figé. Un lieu où la lueur douce d’une lampe verte baigne les objets de mystère, où les notes de jazz ne sont que l’écho d’une époque révolue. C’est là que notre héros, assis au milieu de ses pensées tourmentées, devait choisir : rester dans son palais ou rejoindre son héritier dans un ailleurs incertain. Mais bien sûr, les Anciens, ces taches insidieuses qui se plaisent à perturber l’équilibre de l’univers, lui ont bien compliqué la tâche.

Après un duel intérieur digne des plus grandes tragédies, Enlil finit par trancher dans le vif. Il enregistra un message sur sa magicam, avec ce ton grave et résigné qu’on lui connaît bien. Ah, mon cher lecteur, si tu avais pu entendre ces mots, tu aurais senti le poids du monde dans chaque syllabe ! Ce n’était pas un adieu définitif, oh non, mais bien une parenthèse, un repli stratégique pour mieux rebondir.

Avant de franchir le seuil de l’inconnu, Enlil erra dans les corridors familiers du Palais, une ombre parmi les siens. Il s’arrêta d’abord dans la chambre de sa nièce, Lya, où il observa l’enfant éveillée faisant léviter ses jouets malgré l’heure trop matinale. Cette scène aurait pu émouvoir même les cœurs de pierre, car l’innocence de la fillette contrastait tellement avec le fardeau qui pesait sur les épaules de son oncle. Il l’étreignit avec une tendresse que seuls les initiés peuvent comprendre, sachant qu’elle ne grandirait pas sans lui, mais qu’il mettrait des années à la revoir.

Son périple le conduisit ensuite aux appartements de Kayna, plongée dans les bras de Morphée. Là, Enlil lui confia symboliquement son héritage : une triskèle d’or, délicatement tracé sur son front, scellant un pacte aussi ancien que leurs lignées. Un échange muet, chargé de promesses et de responsabilités, qu’elle promis de garder secret.

Puis vint le moment tant redouté. Devant la porte du Passage Interdimensionnel, il ordonna à Alexa, cette entité omniprésente, d’ouvrir un portail vers un ailleurs, loin des conflits de leur monde. Le vortex apparu, vibrant d’une force mystérieuse, comme une invitation aux possibles. Sans un regard en arrière, Enlil s’avança, franchissant cette frontière vers un futur inconnu.

Ce départ, lecteur avisé, n’est pas qu’un simple voyage. C’est un acte de foi, un saut dans l’abîme, où l’amour d’un père et la loyauté envers sa famille se mêlent dans une danse complexe. Enlil laisse derrière lui des souvenirs, des responsabilités, mais surtout, il emporte avec lui l’espoir, cet éclat lumineux qui le guidera dans les ténèbres à venir.

Ton narrateur dévoué, Le Scribe de l’Obscure.

Post-Scriptum: et maintenant, imagine Enlil en 1993, où les Walkmans règnent en maîtres, et où la sorcellerie n’est qu’un rêve lointain. Pauvre Impérator... sans ses pouvoirs pour naviguer dans ce monde, il risquerait de se perdre parmi les jeans délavés et les cassettes rebelles. Mais rassure-toi, cher lecteur, ce n’est qu’une plaisanterie. Enlil n’a pas atterri dans ta quatrième dimension, mais dans la troisième à l’année mentionnée, ou, bien qu’elle se fasse discrète au sens des hommes, la magie existe secrètement, préservé par le conseil Avalonien – trop scrupuleux pour assoir leur autorité sur la planète.