Chapitre 11 : Les Routes du Paradis !

4 minutes de lecture

En Avalon, au cœur du Palais de Rubis, Ëlara, régente, veillait avec douceur sur la bambine blottie contre son sein qui l’observait avec fascination. À ses côtés, installé sur son trône, Caïn analysait avec satisfaction son petit-fils, Orin, pratiquer l’art du combat ensorcelé.

— D’ici à quelques années, son prénom sera synonyme de trépas pour les démons, et de sécurité pour les Mages de l’Eau.

Dame nature, attendrie par la scène, se perdit dans les prunelles de la blondinette :

— Ëstrella héritera du titre de sa défunte mère et nous serons relégués au rang de relique.

— Nous sommes plus tout jeune certes, mais en les contemplant, le poids de l’âge me rattrape inexorablement, dit Caïn.

Des échos de rires et des murmures d’encouragement remplissaient l’arène intérieure, ou d’autres s’exerçaient. Cependant, les événements de la nuit précédente tourmentaient le couple.

— Ce Chaperon blanc... Elle m’a troublée. Je ne peux m’empêcher de ressentir une étrange familiarité en sa présence, confia Caïn.

Ëlara posa une main réconfortante sur son épaule, ses doigts glissant doucement le long du tissu de sa cape.

— Moi aussi ! Que cela présage-t-il ? 

— Je crains de ne pas le savoir. Nous devons rester vigilants. 

Ses poings se serrèrent légèrement, alors qu’Ëlara laissa échapper un soupir et proposa :

— Peut-être serait-il plus sage de rapatrier Joseph, Marie et le bébé en Avalon.

Caïn remua le crâne avec tristesse :

— Tu sais que les créatures non magiques ne peuvent survivre ici que quelques heures. Et nous ne pouvons les priver de leur fils, qui aura sans nul doute un destin qui marquera l’histoire des hommes.

Alors qu’ils discutaient, Orin, concentré sur son entraînement, parvint à déséquilibrer son papi avec un fouet aqueux. Un éclat de rire se dégagea de mamie. Soudain, une sensation d’invasion les saisit tous les deux. Ëlara hocha la tête, ressentant la même perturbation. Caïn frôla son pendentif – illico, il se métamorphosa en un sceptre d’onyx. Il le leva et en fit jaillir un éclair noir, ouvrant une brèche entre les royaumes.

Laissant les enfants aux bons soins de sa femme, il se retrouva au cœur de la salle du trône du Palais Boréal. Cela faisait à peine onze mois qu’il avait condamné le Paradis à l’oubli, et déjà la décrépitude y avait pris place. Mais une chose clochait.

Finalement, cela le frappa : l’Augure céleste avait disparu. Il s’apprêtait à lancer son esprit à la recherche du voleur, lorsque dans un tourbillon de sophistication et de prestige, Kelly Darck sortit de son vortex. Son brushing ondulé encadrait son minois, lui conférant une aura de glamour hollywoodien. Élégante et élancée, une robe portefeuille beige, arrivant au-dessus du genou, l’enlaçait. Ses Louboutin nacrés cliquetaient légèrement, greffant une touche de sex-appeal à son avancée :

— Hello Darling ! Je vois que tu as reçu ma convocation. 

Des bijoux scintillants ornaient son cou et ses poignets, accentuant sa prestance. Ses ongles étaient peints d’un carmin profond, ajoutant une pincée de raffinement à son apparence déjà impeccable.

À ses côtés, elle traînait deux créatures ; une de métal aux yeux rougeâtres, l’autre paré d’un manteau d’obsidienne. Au vu de leur état, elles avaient probablement enduré des sévices inimaginables. Enchaînée à un filet manatike d’or, elle suivait docilement le sillage de Kelly.

Intrigué, Caïn la fixa intensément :

— Pourquoi les amenés ici ? demanda-t-il, captivé par la présence de la Créatrice.

Kelly lança un battement de cils empreint de malice :

— Il s’agit de L’Invokateur et du Mystificateur. Ils ont tenté de faire exploser Khalarie.

— Et pourquoi les trimballer jusqu’ici ? insista-t-il. Je te préviens, je ne les ramène pas en Avalon.

Kelly pointa du doigt le pulsar rubescend :

— Ne t’inquiète pas, c’est derrière que se trouve l’Entre-deux-monde, expliqua-t-elle. Je vais les confier aux bons soins de ma mère.

Il ne voyait pas en quoi ces affreux méritaient de rejoindre l’au-delà de l’élite, mais soit, il entra dans le vif du sujet :

— Que me vaut le plaisir ?

— Deux trois affaires d’ordres cosmiques ! J’ai ouï dire que le vent du destin soufflait sur ta Terre.

— En effet, cette nuit fut riche en événements. Je suppose que cela est de ton fait !

— La renaissance de ton frère est de mon cru ! Et certainement d’autres choses...

— Je m’en serais douté ! Et la disparition de l’Augure ?

— Cela est dû à la Chaperonne !

— Qui est-elle ? Que compte-t-elle en faire ? Et pourquoi n’ai-je pas ressenti son intrusion au Paradis ?

— Je ne peux te dévoiler ces informations, mais elle ambitionne sûrement de se venger de moi !

— — Pourquoi m’avoir convoqué alors ? s’enquit-il frustré.

— Eh bien, cher Caïn ! Tu es mon représentant en cette dimension, n’est-ce pas ? Et je tiens à m’assurer que tu es prêt à affronter les défis à venir. La Capuchonne en fait partie.

— C’est à dire ?

— L’ensemble de la Création est en péril. La mère du Fondateur approche, et sa puissance dépasse de loin celle de son fils, qui n’était qu’un moucheron en comparaison. Pour vous préparer à la bataille finale, qui se déroulera dans trois mois – l’équivalent de plus de 2000 ans selon votre perception du temps –, j’ai élaboré une épreuve qui servira également notre victoire sur les envahisseurs. Je vais imposer à votre civilisation une accélération de son évolution à travers l’adversité.

Caïn fronça les sourcils, sentant le poids des responsabilités sur ses épaules :

— Mais... comment accomplir tout cela ?

Kelly le toisa :

— Une aide précieuse vous parviendra bientôt, car à partir de maintenant, je ne pourrai plus intervenir dans le cours des événements. Lorsque votre quête sera achevée, je reviendrai vers vous.

Caïn se risqua à une doléance :

— Et que dire de la renaissance de l’âme de Nasëem et de Gaïa ?

— Sache que ton fils a déjà revu le jour au sein même de mon petit enfant, et vie dans le futur, il porte le nom de Baphomet Darck et a été confié aux bons soins de la Pythie de la Terre, Simone.

— Cela apaisera le chagrin d’Elara.

Ses prisonniers en laisse, qu’elle avait presque oubliée, Kelly s’envola à travers le pulsar.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire limalh ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0