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Paul et son fils Rémi attendaient Léon, le meilleur ami de Rémi, comme chaque matin. La famille Garde vivait quelques maisons plus basses que celle des Lonval. Avec le temps, ils avaient tissé des liens d'amitié forts et durables. Rémi et Léon étaient dans le même lycée, une classe les séparait. Christian Gard, le père de Léon, était coach sportif et gérait un club sportif près du centre Jaude. Par solidarité et amitié, Paul fréquentait bien évidemment son club. Même s'ils étaient diamétralement opposés, ils passaient beaucoup de temps ensemble. Intimes, Christian était le parrain de Rémi, invité au mariage et à tous les événements importants de la famille Lonval. Régulièrement, Paul et Christian donnaient des réceptions entre voisins pour renforcer les liens familiaux.

Ils avaient l'idée de créer une ambiance à la Wisteria Lane dans Desperate Housewives, une série américaine mettant en lumière un quartier charmant où tous les voisins s'entendent à merveille et prospèrent sans la moindre anicroche. Pourtant, la série, au fil de l'histoire, prouva qu'il s'agissait d'une utopie.

Léon, tout comme son père, était passionné de sport et de tout ce qui était en lien avec une quelconque démonstration de virilité. À dix-huit ans, il avait pratiqué une dizaine de sports tels que le rugby, la boxe, le tennis, le judo, excellant dans chaque domaine, faisant la fierté de son père. Pour ce qui était des cours, il n'était pas un bon élève, mais heureusement, Rémi l'aidait à compenser en lui donnant des cours de rattrapage. Rémi, quant à lui, était passionné d'histoire et de littérature. Sans objectif précis dans la vie, compréhensible pour un jeune de son âge, il était récemment attiré par une fac de lettres.

— Papa, comment as-tu su que tu voulais être vendeur immobilier ? interrogea Rémi l'air songeur.

— Oh, je ne sais pas si je peux véritablement parler d'un désir, d'un objectif de vie, mais j'ai fait pas mal de boulot et l'immobilier me semblait être un bon choix. Au début, je voulais faire médecine, sauver des gens, mais il s'avère que je suis un piètre scientifique. J'ai en horreur les maths, les sciences, ce qui, je crois, sont les fondements de cette filière. Je me suis donc rabattu sur la vente, ce qui m'a réussi d'ailleurs ! Je ne regrette pas, j'ai une belle maison, une famille merveilleuse. Je n'ai de regret que de ne pas l'avoir fait plus tôt ! Le principal, c'est que tu fasses ce que tu veux et que tu le fasses à fond, pour ne pas te dire que j'ai loupé ma vie. Tu ne dois pas mener ta vie en fonction des autres, mais selon ce que tu ressens.

— Si la littérature n'est pas faite pour moi ?

— Tu trouveras autre chose, mais il faut tenter pour ne rien regretter. Je ne te dis pas de te lancer dans tout et de faire n'importe quoi, mais n'aie pas peur d'oser de peur d'échouer. Tiens, laisse la place à Léon !

Un grand brun frisé arriva en tenue de sport, contrairement à Rémi, vêtu d'une chemise et d'un pantalon. Léon s'installa en saluant Paul et Rémi.

— Comment vas-tu, Rem ?

— Vivement le week-end, rétorqua Rémi sans trop de conviction.

— Ah, tiens, monsieur Lonval, mon père vous invite samedi pour manger. Il m'a chargé de vous le dire. Il n'a pas eu le temps, il prépare un stage de remise en forme.

Paul esquissa un sourire tout en gardant les yeux rivés sur la route.

— Bon, parle-moi de Mégane, tu en es où avec elle ? interrogea Léon, curieux.

— Je n'ai jamais dit que j'en étais quelque part ! Nous sommes amis !

— Tu te fous de moi ? Je suis ton meilleur ami, je te vois, tu es dingue à chaque fois que tu es en face d'elle. Fonce, n'aie pas peur !

Paul, amusé, s'immisça dans la conversation, l'air enjoué.

— C'est vrai, mon grand, il faut prendre les devants dans la vie, c'est ce que j'ai fait avec ta mère !

— Sans déconner, c'est ça ton exemple, papa ?! Tu lui as roulé un patin au cinéma devant Danse avec les loups !

— C'est romantique ! se justifia Paul en affichant un sourire moqueur.

— C'est ringard ! Pas Danse avec les loups, mais d'embrasser une fille au cinéma pour le premier rendez-vous !

Léon, tout aussi amusé que Paul, n'osa pas intervenir. En arrivant au lycée, Léon sauta de la voiture en remerciant Paul de l'avoir emmené.

— Rémi, attends un peu, lança Paul en voyant son fils sortir à toute vitesse. Si tu vas chez Léon, ne rentre pas trop tard, tu as encore cours demain ! Et si tu as un problème, tu téléphones ! Bisou, mon grand !

Paul regardait son fils s'éloigner avec ses amis : Mégane Floran, Léon et Etienne Bess. Tous se connaissaient depuis des années, tels les doigts de la main, inséparables. Mégane, tout comme Léon, vivait dans le même quartier que Rémi. D'ici quelques heures, une ambulance viendrait en intervention dans le quartier des Roses. D'ici la tombée de la nuit, le quartier des Roses allait vivre un drame affreux.

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