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Quartier résidentiel, Clermont-Ferrand, plus tard dans la soirée

La rue prenait des couleurs anormalement colorées. Les gyrophares de la police et des pompiers illuminaient la rue qui, d'ordinaire, était plongée dans l'obscurité suite à une décision de la mairie visant à réduire les dépenses énergétiques. Confusion et effroi planaient dans ce charmant quartier résidentiel clermontois. Madame Floran, sous le choc, pleurait dans les bras de son mari sous la garde d'un agent de police. Des voisins soucieux s'approchaient, le visage inquiet.

— Que se passe-t-il, Stéphanie ? demanda Phillip Bess d'une voix calme et soucieuse.

Stéphanie, tremblante et en larmes, arrivait à peine à parler. Damien répondit pour elle en prenant soin de ne pas céder devant ses voisins.

— C'est Mégane ! annonça-t-il d'une voix tremblante et abattue.

Il n'avait pas besoin d'en dire plus ; Phillip et sa femme comprirent ce qu'il venait de se passer. Aussitôt, Christiane laissa également choir des larmes de tristesse pour leur voisin et ami.

— Nous sommes profondément navrés. Si vous avez besoin d'aide, de soutien, nous sommes là ! déclara Christiane en prenant la main de Stéphanie.

Ce n'était pas une simple formule de politesse, déclarée par convenance dans une telle situation ; sa voix résonnait la sincérité, la franchise.

— Si vous avez besoin de conseils, pour des procédures, des papiers, n'hésitez pas à venir me voir, ajouta Phillip d'une voix grave et calme.

Tous les voisins étaient dehors, observant la scène avec effroi. Ce n'était pas une observation morbide, mais du soutien pour leurs amis dans la peine. Deux pompiers sortirent avec un brancard, transportant le corps inanimé de Mégane dans une housse. Un des agents de police s'approcha de la famille, le visage contrit et compatissant.

— Si vous voulez bien nous suivre, nous aurions des questions, et nous serons plus tranquilles, vu les circonstances.

Stéphanie, tremblante et en état de choc, avait du mal à répondre, à bouger. Elle était dans un état second, le regard perdu, ailleurs. Les secondes lui paraissaient des heures depuis la découverte du corps ; le temps s'était arrêté. Plus rien n'avait de sens, elle avait l'impression d'être dans un cauchemar éveillé. L'agent de police en face d'elle, le visage sombre, attendait qu'elle réponde à sa première question, mais Stéphanie était ailleurs.

— Madame Floran, vous êtes avec nous ? Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez avant que votre fille...

L'agent de police ne termina pas sa phrase pour ne pas plus accabler les parents, déjà assez effondrés.

— Mégane semblait distraite, fuyante, je trouve. Mais à son âge, c'est normal de ne pas tout raconter à ses parents. Pourtant, j'aurais dû insister. Quand elle m'a répondu, elle avait une toute autre voix, hésitante, tremblante. Mais je n'ai rien fait !

Cette dernière phrase la fit exploser en sanglots. Son mari, Damien, l'enlaça pour la consoler, mais la tentative fut vaine. Stéphanie, noyée de larmes et de remords, s'en voulait de ne pas avoir capté les signaux d'alarme de sa fille.

— Vous ne pouviez pas savoir, madame Floran. Personne ne peut prévoir une telle chose !

— Bien évidemment ! C'est le rôle de tout parent de savoir quand son enfant ne va pas bien, quand il a mal, quand il est soucieux. Les parents sentent ce genre de choses ! Mais nous n'avons rien vu venir. J'ai laissé mourir notre fille !

—Nous avons son téléphone portable. Si vous nous le permettez, nous aimerions le garder afin de trouver des indices, des informations qui pourraient justifier son acte. De plus, cela va être compliqué de l’entendre. Mais votre fille était en direct sur son téléphone lors de l’incident. Des centaines de personnes ont assisté à cette scène. Certains peuvent la connaître et nous aider à découvrir le motif, si vous le voulez.

Damien, étonné par la nouvelle, ne savait quoi répondre.

—Pourquoi ? Comment ?

—C’est un des spectateurs qui a prévenu les pompiers, une jeune fille de son école.

—C’est une honte et personne n’a rien fait pour l’aider ? vociféra Damien, scandalisé.

—Nous tentons de découvrir tout ce qu’il s’est passé, d’où ma demande de garder le téléphone de votre fille. Une fois l’analyse terminée, il vous sera restitué.

Partagé entre son besoin de découvrir la vérité et sa peur une fois la boîte de Pandore ouverte, Damien n’eut pas le temps de répondre, interrompu par Stéphanie qui attrapa le téléphone d’un geste brusque.

—Et toute notre vie sera au grand jour, non ! Je ne veux pas, je ne peux pas !

—Chérie, ils doivent faire leur travail !

—Je veux que tout cela s’arrête, c’est trop !

Accablée, épuisée, Stéphanie tenait le téléphone de Mégane comme s’il s’agissait de Mégane en personne.

—Je vais vous laisser pour le moment, mais nous devons poursuivre cette conversation rapidement.

—Nous passerons au poste, au plus vite, merci, répondit Damien d’une voix faible.

En quelques minutes, l’agitation s’étouffa progressivement, lançant la rue silencieuse, marquée par cet événement traumatisant. De sombres heures s’annonçaient pour les habitants du quartier de Chamalières.

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